Après l’arnaque sur la manipulation de la balance, voilà que certains commerçants de légumes indélicats semblent avoir trouvé une autre « astuce » en vendant des légumes avec leurs tiges et feuilles. Une manière pour eux de glaner des sous, au mépris du consommateur à qui on réplique souvent : «Je l’ai acheté ainsi du marché de gros.»
Et là ou le bât blesse, c’est lorsqu’une fois pesé et encaissé, le commerçant coupe le surplus et le jette à la poubelle. La pomme de terre n’est pas exclue, dès lors qu’elle est vendue avec un amas de terre. Ce qui augmente forcément le poids du produit et, par conséquent, le client paiera ce surplus sans rechigner.
Ce comportement que d’aucuns à eu à constater, pour ne pas dire à subir, a été relevé par l’Organisation «Himayatek» pour la protection du consommateur, dans une publication sur sa page Facebook en se demandant : «Qui est responsable de ces comportements négatifs et comment y mettre fin ?»
Si les nombreuses associations de protection des consommateurs activant sur la place publique sont unanimes à dénoncer ce genre de comportements qui n’obéissent à aucune logique, force est d’admettre que ces pratiques sont toujours présentes, au grand dam du consommateur qui, non seulement, n’arrive pas à «joindre les deux bouts» en ces temps de folie mercuriale mais qui doit ouvrir l’œil sur les agissements de ces commerçants véreux avides de gain facile.
« Il s’agit d’une arnaque caractérisée »
Contacté à ce sujet, le président de l’organisation «Himayatek» pour la protection du consommateur, Maître Aissaoui Mohamed, a dénoncé ce comportement qu’il a qualifié d’«arnaque caractérisée» en appelant les consommateurs victimes à «dénoncer ces commerçants arnaqueurs auprès des associations chargées de les protéger».
Notre interlocuteur, qui a jugé utile de nommer l’organisation qu’il préside, a indiqué d’emblée : «L’organisation ‘’Himayatek’’ pour la protection du consommateur est une association nationale présente dans 48 wilayas qui défend le consommateur à travers la sensibilisation mais aussi via des actions en justice, visant à protéger le consommateur dans ses droits matériel et moral».
Partant de là, Me Aissaoui a poursuivi : « En effet, notre organisation a relevé ce type de comportements inqualifiables de la part de ces commerçants qui n’ont aucun respect pour le consommateur.» Il a poursuivi : «Le client, qui se voit arnaqué, ne doit pas rester les bras croisés. Il doit au contraire dénoncer et se constituer partie civile pour se faire rétablir dans ses droits.» Précisant que «ne pas dénoncer équivaut à se rendre complice et permet à ces commerçants véreux de continuer dans ces pratiques que la morale récuse à plus d’un titre», selon notre interlocuteur qui a insisté sur «le rôle que doit jouer le consommateur, le premier à subir ces agissements».
Qu’on installe des dispositifs de contrôle au niveau des marchés de gros !
Par ailleurs, le président de l’Organisation «Himayatek» a suggéré que des antennes de contrôle soient installées au niveau des marchés de gros pour superviser toute opération de vente de marchandise.
« Pour parer à ce genre de comportements qui nuisent considérablement au consommateur, il serait très bénéfique d’installer des dispositifs au niveau des marchés de gros de fruits et légumes pour contrecarrer cette pratique de vente de légumes avec feuillage», a-t-il suggéré.
Et de poursuivre : «Il n’est pas question que le consommateur paie ce qu’il n’aura pas à consommer ! Le commerçant se doit de nettoyer ses légumes bien avant de les peser et les vendre.» Ajoutant : «Aucun produit ne doit être commercialisé avec sa tare, à l’image des artichauts, des oignons ou encore de la pomme de terre que l’on voit souvent « enrobée » de terre», a conclu Me Aissaoui Mohamed qui persiste à croire que «sans l’apport du consommateur, les associations de protection des consommateurs se retrouvent désarmées pour dénoncer ces pratiques qui vont à l’encontre de l’éthique et du respect de la profession».
«Si le consommateur reste passif, le commerçant véreux persistera dans son arnaque»
Pour sa part, le président de l’Organisation de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, est allé dans le même sens à ce sujet en indiquant que «faute d’une collaboration du consommateur lui-même, le commerçant continuera ses pratiques immorales que l’APOCE a déjà dénoncées par le passé». Et d’ajouter : «Nous avons même suggéré pour y mettre fin que les légumes en question subissent un nettoyage avant de les mettre en vente.»
Selon notre interlocuteur : «Il suffira qu’un de ces commerçants soient verbalisés pour espérer mettre fin à ces pratiques.» Soulignant que «la passivité des consommateurs fait les affaires de ces commerçants qui ne jurent que par le gain facile».
«Les services compétents doivent intervenir pour mettre de l’ordre»
De plus, Mustapha Zebdi a tenu à souligner avec force ce comportement condamnable de certains commerçants en indiquant : «Arnaque, qualité de service inexistante et hygiène qui laisse à désirer, où va-t-on ainsi? Ces scènes témoignant de l’incivisme et du laisser-aller devraient absolument cesser.» «Que les services compétents interviennent pour mettre fin à cette dictature propre aux vendeurs de fruits et légumes», a-t-il conclu avec regret.
Nous avons également pris attache avec le président de l’Association nationale «EL-Aman», Hacène Menouar, qui a confirmé ce type d’agissement mais en tenant à préciser que «ce n’est pas une pratique généralisée».
C’est ainsi que par souci de protéger le consommateur algérien, Hacène Menouar a appelé les citoyens «à s’impliquer soit par la dénonciation de ces pratiques soit par le boycott des produits présentant des anomalies et qui ne respectent pas les règles commerciales et d’hygiène».
«Les consommateurs doivent cultiver l’esprit de dénonciation»
Par ailleurs, il a tenu à faire savoir que l’Association qu’il préside appelle tous les consommateurs algériens à cultiver cet esprit de «dénonciation et de boycott» de tous les produits présentant une anormalité et permettre ainsi aux services compétents d’intervenir pour mettre de l’ordre et afficher les prix sur l’emballage de tout produit afin de mettre fin à toute pratique «vicieuse».
C’est à l’Etat de protéger les consommateurs…
Dans ce contexte, le président de l’Association El-Aman a appelé les autorités compétentes à «appliquer les textes de loi relatifs à la protection des consommateurs, expliquant dans ce sens que beaucoup reste à faire dans ce domaine», poursuivant : «C’est à l’Etat de protéger les consommateurs. Il ne suffit pas d’élaborer des textes de loi, mais il faut les appliquer.» Il a appelé les départements ministériels à intervenir pour «assurer les droits des consommateurs».
Par ailleurs, Menouar a appelé «les 68 associations activant dans le domaine de la protection des consommateurs à fédérer leurs efforts pour faire barrage à ces pratiques nuisibles».
Le président de l’Association El-Aman pour la protection du consommateur a, néanmoins, relevé le fait que le ministère du Commerce ait autorisé la vente directe des produits de consommation du producteur au consommateur. Ce qui, selon lui, «mettra un terme à toute forme de spéculation de la part des intermédiaires et de ne permettre la commercialisation de légumes au niveau des marchés qu’à la seule condition que les produits ne présentent aucune anomalie», a-t-il indiqué.