Resté longtemps en veilleuse, le tourisme saharien commence à reprendre du poil de la bête grâce à la politique clairvoyante des pouvoirs publics, conscients que la destination Algérie, avec tous les lieux à visiter, pourrait attirer des millions de touristes étrangers, pour peu qu’on y mette les moyens.
D’ailleurs, après l’ouverture de la ligne aérienne Paris- Djanet et l’instauration d’un visa simplifié pour les étrangers qui veulent découvrir la beauté du Grand Sud, le tourisme saharien avance à petits pas.
Pour rappel, le prestigieux magasine américain, le New York Times, a intégré le Tassili n’Ajjer dans sa liste des 52 destinations à visiter en 2023. En effet, ce quotidien est revenu, notamment, sur la beauté de cette région, mais aussi sur les différentes mesures prises par le gouvernement algérien pour promouvoir le tourisme saharien.
Malgré le fait que notre pays ne dispose pas d’infrastructures nécessaires pour accueillir un tourisme de masse, l’Algérie possède un potentiel touristique qui plaît aux voyageurs qui sont à la recherche de nouveautés et de destinations peu communes.
Inutile de rappeler que le tourisme en Algérie est un secteur économique qui pourrait permettre au pays de se détourner des recettes des hydrocarbures, comme cela est le cas pour les pays à tradition touristique.
En quelques mots, il est aisé d’avancer que le développement du tourisme, ce secteur aux perspectives très prometteuses pour notre pays, fait partie des priorités dans le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
«Le Sud algérien est une destination phare du tourisme respectueux de l’environnement»
Pour le commun des Algériens, notre pays dispose d’atouts appréciables et d’énormes potentialités tant naturelles, culturelles, architecturales que touristiques dont regorgent les ksour millénaires du Sud algérien pour faire de l’Algérie une destination phare du tourisme respectueux de la culture et de l’environnement et une destination touristique incontournable dont plusieurs sites sont classés patrimoine de l’humanité (l’Ahaggar, la Tassili N’ajjer, les ksour).
Interrogé à ce sujet, l’expert international en tourisme et président du Syndicat national des agences de voyages, Saïd Boukhelifa, a été prolixe en la matière en nous indiquant que «le secteur doit prendre en compte les souhaits des touristes nationaux et étrangers et de les accompagner», ajoutant : «Il s’agit également de la formation des accompagnateurs et guides des touristes étrangers dans notre pays en prenant en compte les intérêts et préférences de ces derniers».
Pour notre interlocuteur qui passe pour être une voix très écoutée dans le secteur du tourisme, «il est nécessaire de mettre en avant l’importance d’une bonne organisation pour une saison réussie, à travers notamment l’organisation de voyages de découverte et l’ouverture de nouveaux circuits touristiques, particulièrement dans le Tassili et à Ghardaïa, Timimoun, Adrar, Saoura, Beni Abbès, Taghit et Tamanrasset, qui offrent des paysages exceptionnels».
«Le Grand Sud au potentiel touristique unique reste malheureusement inexploité»
C’est pourquoi, Saïd Boukhelifa estime que «le développement du tourisme saharien implique une volonté politique ferme, d’autant que le Grand Sud recèle un potentiel touristique unique qui reste malheureusement inexploité, du moins pas suffisamment».
D’où l’impératif, selon l’expert de renommée mondiale, de réaliser «des projets d’investissement et de mettre à contribution toutes les compétences nationales pour améliorer le produit touristique».
Abordant certains «points noirs» dont souffre le tourisme saharien, Boukhelifa a insisté sur «la formation des guides», appelant «à l’amélioration des prestations à travers la promotion de l’artisanat et du patrimoine culturel des régions du Sud».
«Le Sahara algérien recèle d’innombrables sites à visiter que nos voisins nous envient»
Etayant son argumentaire, notre interlocuteur reste persuadé que «le Sahara algérien recèle d’innombrables sites à visiter et que nos voisins nous envient». «Il y a nécessité de renforcer le tourisme d’aventure et sportif, comme les rallyes, très prisés par les touristes étrangers», a-t-il indiqué avant trancher en lançant : «Le Sahara algérien est la destination touristique par excellence pour de nombreux étrangers».
Par ailleurs, Boukhelifa a souligné «l’importance de «relancer les activités du Conseil national du tourisme pour une meilleure contribution au service du secteur».
Interrogé sur les principales destinations touristiques du Sud algérien qui pourraient attirer un grand nombre de touristes, il a indiqué : «Il faut savoir à ce sujet qu’un riche programme propose des prix raisonnables avec au menu plusieurs destinations touristiques, à savoir Timimoun, Adrar, Ghardaïa, Saoura, Tamanrasset et Biskra».
«Le Sud algérien est l’une des meilleures destinations pour les touristes étrangers»
Pour sa part, le directeur de l’agence de voyages et de tourisme «SymphonieTravel», Salem Badache, considère que «le Sud algérien est l’une des destinations préférées et les plus prisées par les touristes étrangers en raison de ses paysages spectaculaires», précisant que «les régions de Tamanrasset, Timimoun, Adrar et Biskra sont les plus demandées et celles qui enregistrent auprès des agences de voyages le plus de réservations».
Evoquant le bilan de l’année dernière où le touriste algérien, selon lui, «préférait des destinations pas trop loin d’Alger, à l’image de Ouargla, El Oued et Biskra», Salem Badache a révélé que «cette année, d’autres destinations se situant à l’extrême sud du pays, comme Timimoun et Adrar, ont été les plus visitées». Et de rappeler que la wilaya de Djanet, dans l’extrême Sud du pays, a connu, le mois dernier, «un intense flux de touristes nationaux et étrangers venus célébrer la fête du Nouvel An dans “la Perle du Tassili”, région à vocation touristique par excellence», et de poursuivre : «Les touristes algériens et étrangers ont convergé vers le flanc nord de la wilaya pour passer la nuit à la belle étoile dans les étendues sahariennes féeriques de “Tadraret El Hamra”, Inssendieyen, Ihrir, Sifar, pour savourer un séjour touristique sans pareil».
Selon notre interlocuteur qui a organisé plusieurs voyages à destination du Grand Sud algérien, «toutes les facilités nécessaires ont été prises par les propriétaires et responsables des agences touristiques pour assurer un séjour festif et le rendre des plus agréables aux hôtes de Djanet, dont la mobilisation de toutes les conditions nécessaires leur permettant de découvrir les sites archéologiques de la région et d’apprécier les gravures rupestres et les circuits touristiques à la faveur de la mise à leur disposition d’une flotte nécessaire de véhicules tout-terrain et de guides».
«Les prix sont abordables, les infrastructures irréprochables et le décor féérique»
Concernant les prix pratiqués, notre interlocuteur a indiqué que «tout dépend des formules proposées» en précisant qu’avec «la formule du bivouac, par opposition aux hôtels, les prix sont plus abordables», et d’ajouter : «Les 41 agences touristiques établies dans la région continuent de travailler d’arrache-pied pour garantir un séjour agréable aux touristes en leur offrant les meilleures prestations en termes d’accueil, d’hébergement, de restauration et de transport», selon le premier responsable de l’agence de voyages et de tourisme «Symphonie Travel» qui a pignon rue en matière d’organisation de circuits touristiques vers le Sud du pays.
Selon notre interlocuteur, «au moins 10 000 touristes, nationaux et étrangers, ont visité le Tassili N’ajjer, dans la wilaya de Djanet (extrême Sud-Est du pays), à la fin de l’année 2022». Et cela ne devrait pas étonner puisque, selon Salem Badache, «avec son patrimoine séculaire authentique, la wilaya de Djanet est une destination touristique privilégiée dotée d’un parc national culturel du Tassili qui s’étend sur 138 000 km2, considéré comme un véritable musée à ciel ouvert renfermant une diversité d’atouts fabuleux, dont des gravures et peintures rupestres, des dunes de sable, des reliefs montagneux, des gueltas et plans d’eau, des espaces verdoyants, et une richesse avifaune et faunistique rare».