L’année 2022 aura été celle qui a réellement pris en charge les préoccupations socioprofessionnelles des artistes, toutes branches confondues : théâtre, cinéma, littérature, avec évidemment l’organisation de plus d’une centaine de festivals à travers le pays.
Au volet du patrimoine culturel, matériel et immatériel national, la ministre de la Culture et des Arts, le Dr Soraya Mouloudji, a, dès sa prise de fonction, au mois de février 2022, en remplacement de Wafa Chaalal, initié une série de mesures visant à protéger le patrimoine matériel et immatériel en vue de contrecarrer toute «tentative de pillage ou d’atteinte à son authenticité».
Investie de la confiance des hautes autorités du pays, le Dr Soraya Mouloudji, chercheure permanente au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran, avait indiqué qu’elle allait mettre en place une «feuille de route» afin d’instaurer une culture «participative» et «dynamique» et œuvrer à la «valorisation» de la culture dans toutes ses expressions, matérielles et immatérielles.
Si pour Mouloudji l’intérêt suprême était d’accorder à l’entrepreneuriat culturel le rôle qui est le sien, elle n’avait pas manqué de relever à ce propos que la «culture est un des piliers de l’économie nationale et du développement durable». Et dans un souci de transparence dans la gestion du domaine culturel, la même responsable avait souligné que les «médias sont un partenaire important pour promouvoir l’acte culturel».
176 Festivals nationaux et internationaux…
En matière de festivals nationaux et internationaux que le ministère de la Culture et des Arts a initiés durant cette année, hormis celui du Festival national du théâtre professionnel qui est en cours au niveau de TNA Mahieddine Bachtarzi, il faut savoir que pas moins de 176 festivals de musique, de cinéma, théâtre, bande dessinée, habits traditionnels et autres activités en rapport avec la culture algérienne ont eu lieu.
Ainsi, pour ne citer que quelques-uns, le Festival culturel international de «l’inchad» s’est tenu dans la ville des Ponts, Constantine.
L’opéra Boualem Bessaïh d’Alger, cette haute institution culturelle du pays, a abrité au mois d’octobre dernier le Festival culturel international de la musique symphonique alors que la wilaya d’Illizi abritait le festival culturel local de la musique targuie.
C’est donc une fin d’année très riche en festivals que le ministère de la Culture et des Arts a organisée avec les directions de la culture afin de perpétuer la culture locale et permettre à un public féru de s’imprégner des dernières nouveautés en matière de production artistique dont regorge l’Algérie.
Pour rappel, le nombre de festivals officiellement accrédités par le ministère de la Culture et des Arts est de 176 manifestations culturelles, réparties sur plusieurs wilayas du pays. Parmi ces festivals, 29 sont internationaux, 33 nationaux, 18 locaux, 48 culturels et locaux pour les arts traditionnels, et enfin 48 autres festivals sont dédiés aux sciences et à la lecture «Lire en Fête».
Pour rappel, durant l’été dernier, plusieurs festivals mettant en valeur le théâtre, la musique, la danse, le patrimoine et les arts traditionnels étaient programmés dans cinq wilayas.
SILA : Le rendez-vous incontournable des amoureux du livre
Il est important de souligner que parmi les événements culturels qu’a connus l’Algérie en cette année 2022, figure au premier rang la 25e édition du Salon international du livre d’Alger (FILA) qui a attiré des millions de férus de lecture, avec comme pays invité d’honneur, l’Italie, qui a donné à cette rencontre une dimension internationale.
Préservation du patrimoine immatériel
En matière de sauvegarde du patrimoine immatériel dont regorge l’Algérie, force est de constater que 7 éléments du patrimoine immatériel ont été classés sur la liste représentative de l’Unesco, dont «Echedda» de Tlemcen, «Sbeiba» et «Rakb» de Sidi Cheikh, faisant état de l’inscription d’autres éléments dans un cadre commun avec des pays dont le plat du couscous et la calligraphie arabe.
Ainsi, le dépôt du dossier des «meddahate» en date du 31 mars 2021, en sus d’autres dossiers en cours de préparation dont le chaâbi en Algérie et le «S’raoui» qui sera probablement déposé le 31 mars 2023, en sus d’«Ashwik en Kabylie», «El Ayaï» dans la région de l’Atlas saharien et le Malouf constantinois, selon des déclarations faites par la ministre.
S’agissant des costumes traditionnels algériens, le ministère s’attelle à «déposer ultérieurement un dossier sur la tenue traditionnelle de la mariée dans les régions Est de l’Algérie».
Le 1er décembre, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture (Unesco) a annoncé que le raï algérien est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Lutte contre le trafic des biens culturels
Dans ce chapitre, le Dr Soraya Mouloudji a fait état de «la création, au niveau du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), d’une unité dédiée au patrimoine cultuel immatériel regroupant des équipes de recherche spécialisées chargées des dossiers de classification, en plus des équipes qui œuvrent déjà sur les dossiers d’El Melhoune et du conte populaire amazigh.
Il est important de souligner que dans le cadre de la protection du patrimoine culturel et la lutte contre le trafic des biens culturels, le secteur de la culture a lancé en mai dernier un guide illustré et une base de données électroniques permettant «aux éléments de la Gendarmerie, à la police des frontières et aux acteurs de lutter contre le trafic des biens culturels».
Films sur les héros de la guerre de Libération et création de villes cinématographiques
En matière de productions cinématographiques, le ministère de la Culture et des Arts n’a pas lésiné sur les moyens pour booster ce volet, à telle enseigne que la première ville de production cinématographique dans le Sud du pays a été réalisée à Tinerkouk (60 km au nord de Timimoun).
Sur un autre registre, à savoir la réalisation de films historiques, plusieurs films ont pu être réalisés dont celui consacré à l’Emir Abdelkader, et ceux en collaboration avec le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit pour ce qui est de l’itinéraires des valeureux chouhada, comme Larbi Ben M’hidi, Si El Houès et Zighout Youcef.
Selon le Dr Soraya Mouloudji, initiatrice de ce projet de grande envergure, «cette démarche intervient en application des directives des hautes autorités du pays portant relance et promotion des produits et de l’industrie cinématographiques en Algérie, notamment dans le Sud du pays qui recèle d’importants atouts naturels, culturels, touristiques et d’installations d’accueil», avait-elle indiqué avant d’ajouter : «Ce nouvel espace, retenu pour la production cinématographique, devra être doté d’un complexe de production cinématographique, composé d’une série de structures nécessaires aux metteurs en scène et cinéastes, entre autres la location contractuelle de studios et équipements de tournage, l’accompagnement des producteurs pour le choix des sites externes pour le tournage ou prises de vue, en plus d’assurer le transport, l’hébergement et la restauration aux artistes et techniciens».
A ce sujet, la ministre du secteur n’a eu de cesse d’affirmer que «le soutien public du cinéma existe encore, mais loin des anciennes formes de financement dans le souci d’assurer la transparence en matière d’octroi des aides à la production cinématographique» car, a-t-elle soutenu, «la nouvelle approche économique requiert la rupture avec les anciennes pratiques», ce qui implique, selon elle, «de ne pas compter totalement sur les ressources de l’Etat, mais plutôt rechercher la rentabilité économique du produit culturel national».
Les conditions socioprofessionnelles des artistes prises en charge
Concernant la prise en charge des préoccupations des artistes à travers le pays, le Dr Soraya Mouloudji s’est résolue à élaborer un projet de loi dont la première mouture contient plusieurs propositions visant à améliorer la situation socioprofessionnelle de l’artiste, conforter sa place dans la société, promouvoir la pratique artistique et garantir sa pérennité.
Dans ce cadre, les artistes participant à l’élaboration de ce projet de loi concocté par le ministère du secteur ont, à l’unanimité, souligné «la nécessité d’améliorer les conditions professionnelles et sociales de l’artiste dans divers domaines artistiques à travers le développement des textes législatifs qui permettent la création d’un marché du travail garantissant une activité artistique permanent et un soutien aux artistes».
C’est dans cette optique que la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, avait initié la «réactivation imminente» du Conseil national des arts et des lettres (CNAT) avec de nouvelles mesures tendant à «améliorer la situation des artistes».
Yanis D.