Le ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali, a révélé que «l’adoption du principe de guichets islamiques il y a trois ans a permis l’ouverture de 66 217 comptes bancaires, absorbant 49 milliards de DA sous forme de dépôts bancaires, avec des produits de financement d’une valeur de 5 milliards de DA».
Intervenant ce lundi aux travaux d’une journée d’information sur la finance islamique en Algérie, le ministre des Finances a mis l’accent sur «la nécessité d’établir le statut juridique de ce processus adopté par l’Etat, en revoyant la loi monétaire et de change pour y inclure un chapitre sur la banque islamique».
Au regard de l’importance de la finance islamique et en réponse aux besoins des citoyens en termes de diversification des sources de financement et d’épargne, «les pouvoirs publics ont réalisé des efforts considérables, dans un laps de temps réduit, en vue de lancer cette finance, qui aura un impact positif sur le développement de l’économie nationale», a relevé à ce propos Kassali.
Dans ce cadre, il est à rappeler que la Banque d’Algérie a publié le règlement n°20-02 du 15 mars 2020, définissant les opérations de banque relevant de la finance islamique et les conditions de leur exercice par les banques et les établissements financiers.
«Ce règlement autorise et encadre la commercialisation des produits de la finance islamique au niveau des banques classiques à travers des guichets dédiés», a encore noté le ministre des Finances.
Selon ce règlement, un ensemble d’exigences doivent être remplies par les banques et les établissements financiers, avant le lancement effectif de la commercialisation de ces produits.
Le ministre a également appelé les responsables des banques et entreprises financières à redoubler d’efforts pour généraliser la commercialisation des produits bancaires islamiques à travers les différentes wilayas du pays afin d’attirer le plus grand nombre de citoyens et leur permettre de bénéficier des services de ce type de banque, et de réaliser le principe d’inclusion financière, ainsi que de contribuer à la consolidation de la culture financière en Algérie, en particulier dans la catégorie des jeunes.
Il a également souligné «l’importance de la banque islamique pour attirer les fonds du marché parallèle pour soutenir l’économie nationale, ainsi que pour rétablir la confiance entre les citoyens et les diverses institutions financières, en plus d’assurer la transparence de toutes les opérations et transactions bancaires».
Afin de renforcer l’écosystème approprié pour le développement de la finance islamique, il convient de noter qu’après la promulgation du décret exécutif sur l’assurance Takaful, le marché des assurances a connu la création de deux sociétés publiques versées exclusivement dans les opérations d’assurance Takaful ainsi que l’ouverture de cinq guichets au niveau des compagnies d’assurance classiques dédiées à cette forme d’assurance.
«Des Sukuk en 2023 pour renforcer l’ancrage de la finance islamique»
En outre, le ministère des Finances prévoit de «mettre en place, au plus tard fin 2023, le cadre légal et réglementaire encadrant le marché des Sukuk islamiques, et ce, afin de créer un environnement propice à la croissance et au développement de l’industrie de la finance islamique en Algérie».
«Je saisis cette occasion pour encourager les employés et cadres des banques et des établissements financiers en Algérie à intensifier les efforts pour généraliser et diversifier la commercialisation des produits de la finance islamique à travers les 58 wilayas afin d’attirer le plus grand nombre de citoyens et leur permettre de bénéficier des produits de la finance islamique, de sorte à réaliser le principe de l’inclusion financière et contribuer au renforcement de la culture financière, essentiellement parmi les jeunes», a lancé le ministre à l’adresse des professionnels des finances.
Pour lui, et grâce à ces efforts, nous «aspirons» à réaliser davantage de réformes qui servent le citoyen et renforcent la gouvernance financière et le rôle de la finance islamique, et aussi accélèrent la numérisation du secteur financier, et ce, afin de rétablir la confiance entre les institutions financières et le citoyen et de conférer aux opérations financières la transparence requise.
«Nous sommes persuadés de l’existence de plus d’opportunités de croissance pour la finance islamique à l’avenir, mais elles dépendent de plusieurs défis que nous devons relever pour utilisation optimale de nos capacités matérielles et humaines», a conclu le ministre, espérant que «cette journée d’information puisse aboutir à des recommandations concrètes pour faire face à ces défis et assurer la continuité et la croissance du marché des services de la finance islamique».
En effet, dans le même contexte, il a souligné que «la fourniture de produits et services bancaires islamiques répond aux demandes des citoyens de diversifier les sources de financement et d’épargne, ce qui se reflétera positivement sur le développement de l’économie nationale» et de présenter le bilan de l’activité bancaire islamique au niveau des banques publiques depuis son lancement jusqu’à fin août 2022, où «294 guichets proposant des produits bancaires islamiques ont été dénombrés, ainsi que 66 217 comptes, alors que la valeur des dépôts s’élevait à 49 milliards de DA contre un financement de 5 milliards de DA en Algérie».
Salah Eddine Taleb : «La finance islamique a une grande importance économique»
Pour sa part, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Salah Eddine Taleb, a souligné que «la finance islamique a une grande importance économique», ajoutant que «le développement et l’innovation dans les outils financiers islamiques sont devenus une nécessité inévitable, en particulier avec la demande croissante pour ces produits, à la lumière de la tendance mondiale croissante à l’investissement éthique».
En termes de chiffres, Salah Eddine Taleb a déclaré que «le nombre de dossiers de demande d’autorisation de lancement de produits islamiques au niveau des la Banque d’Algérie s’élève à plus de 20 dossiers déposés par 11 banques actives dans la finance islamique». «C’est un nombre qui est susceptible d’augmenter en raison de la demande croissante pour ces produits», a-t-il précisé.
Il a également évoqué le rôle joué par la Banque centrale dans le cadre de la mise en place de la finance islamique, notamment sur le volet réglementaire.
Bouabdellah Ghlamallah appelle à la nécessité de promouvoir davantage ce mode alternatif de financement en Algérie
Quant au président du Conseil suprême islamique, Bouabdellah Ghlamallah, il a, dans son intervention, mis l’accent sur le développement que connaît la banque islamique en Algérie malgré sa modernité, appelant à «la nécessité de promouvoir davantage ce mode alternatif de financement en Algérie, notamment à travers le développement du cadre législatif des instruments islamiques».
Il a expliqué que «cette mesure permettra d’activer la Bourse d’Alger et de collecter des outils de financement en réponse aux besoins des banques et des compagnies d’assurance Takaful», notant, d’autre part, que «les travaux menés par la commission charaïque nationale de la fatwa pour la finance islamique, qui accorde des certificats de conformité selon les normes de la charia aux banques sur leurs produits bancaires dans le cadre de la banque islamique».
Lazhar Latrache : «Le lancement des produits bancaires islamiques vise à attirer les fonds du marché parallèle»
Pour sa part, le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, Lazhar Latrache, a affirmé que «le lancement des produits bancaires islamiques en Algérie a pour but d’incarner l’inclusion financière et de consolider la culture de la relation avec les banques chez les citoyens, en tenant compte de leurs exigences, ainsi que d’attirer des fonds du marché parallèle».
Il a ajouté que «l’association a toujours été soucieuse d’avoir des guichets d’agences bancaires islamiques sur l’ensemble du territoire national et même dans des zones isolées», soulignant également «la formation des ressources humaines au niveau des banques chargées de commercialiser ces nouveaux services et des produits».
L’intervenant a également révélé que «la Banque d’Algérie avait reçu, depuis la délivrance du système bancaire islamique, plus de 20 dossiers de demande d’autorisation préalable de commercialisation de produits bancaires islamiques de la part de 11 banques, et ce nombre est susceptible d’augmenter en raison de la demande croissante pour ces produits, car la Banque d’Algérie a approuvé des dossiers conformes aux dispositions légales et réglementaires en vigueur dans des délais raisonnables, et il a mobilisé des capacités très importantes pour prendre en charge les dossiers déposés en un temps record, malgré les conditions prévalant au cours de la pandémie de Covid-19, pour encourager ce projet d’importance économique nationale».