Au cours de deux séminaires organisés, deux jours durant, à Alger, et ce, dans le cadre des activités de la 11e session du «Festival international du film d’Algérie», qui se poursuivra jusqu’au 10 de ce mois, des cinéastes d’Algérie, de France et d’Italie ont évoqué la nécessité de restaurer et de numériser le patrimoine cinématographique algérien comme «élément de mémoire».
Au cours du colloque qui s’est tenu dimanche, le chercheur en histoire, Farid Soufi, a évoqué l’importance des films traitant de la Guerre de libération nationale, comme «une ressource pour les historiens, qui jette un regard historique sur la période coloniale en Algérie, et contribue à la construction d’une partie de notre mémoire», a-t-il indiqué. Cela s’applique également aux œuvres cinématographiques achevées après l’indépendance, où l’image se rapproche de la réalité sociale des Algériens après 1962. Cependant, il a indiqué que les archives cinématographiques sur la Révolution, qui sont conservées au «Musée du cinéma algérien», ne sont pas exploitées dans la recherche historique. Pour sa part, le réalisateur et producteur Ali Ayadi a souligné «la nécessité de valoriser les archives cinématographiques des faits et événements historiques importants en Algérie», ajoutant que «les nombreuses œuvres cinématographiques sur la Révolution algérienne nécessitent son utilisation comme matériau historique de référence pour les chercheurs en l’histoire».
Lors d’un colloque sur la «Numérisation du patrimoine cinématographique» qui s’est tenu samedi, le directeur du Centre national du cinéma et de l’audiovisuel, Mourad Chouihi, a appelé à la création d’un Centre de collecte et de récupération du patrimoine cinématographique et des archives cinématographiques algériennes se trouvant à l’étranger, notant que son autorité a restauré et numérisé 16 films – «des chefs-d’œuvre du cinéma algérien», et que ces œuvres sont actuellement disponibles en haute qualité. Parmi ceux-ci il y a le film de Mohamed Zinet.
Pour sa part, le critique de cinéma, Ahmed Bedjaoui, a évoqué les efforts déployés pour préserver et récupérer les archives cinématographiques algériennes, soulignant dans ce contexte la restauration et la numérisation de trois films algériens qui ont été perdus et dont les copies originales ont été retrouvées en France, en Italie et en Algérie. Selon Bedjaoui, l’affaire porte sur le premier long métrage documentaire algérien intitulé Mains libres (1964) du réalisateur italien Ennio Lorenzi, et Archie Shepp dans l’hospitalité des Touareg (1969) de Ghouthi Bendedouche, en plus de celui de Mohamed Zinet.
Quant à l’expert français en restauration cinématographique, Eric Dubois, il a raconté l’histoire de sa découverte d’un exemplaire original du film de Bendedouche à l’occasion de la «Rencontre culturelle africaine», en 1969, dans lequel il traite du voyage du musicien américain Archie Shepp à Tamanrasset dans le Sud algérien et de sa découverte des styles musicaux locaux. Dubois a déclaré qu’il avait trouvé le film par hasard dans la «Cinémathèque» française, puis avait procédé à sa restauration, sa numérisation et sa colorisation