Eclipsée par l’avènement de la pandémie de la Covid-19 en raison des nombreuses similitudes en matière de signes cliniques, la grippe saisonnière pourrait, selon les spécialistes, se manifester en force cet hiver.
Or, s’il est bien vrai que l’avènement de la grippe saisonnière, cette année, marquera une rupture avec la pandémie de la Covid-19, néanmoins, le spectre de cette dernière plane toujours, selon les spécialistes, qui appellent à une grande vigilance.
D’emblée, il est important de savoir que cette grippe se caractérise cliniquement par l’apparition brutale d’une forte fièvre, de toux (généralement sèche), de céphalées, de douleurs musculaires et articulaires, de malaise général, de maux de gorge et d’écoulement nasal.
Contacté par nos soins, le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, le Pr Fawzi Derrar, a expliqué la stratégie de son institution pour faire face à la grippe saisonnière et pour la différencier des différents variants de la Covid-19 : «Lors des précédentes années, nous avons enregistré une baisse notable des cas souffrant de la grippe saisonnière. Cette baisse était inversement proportionnelle à la propagation de la pandémie de la Covid-19».
L’Institut Pasteur d’Algérie a acquis 2,5 millions de doses de vaccin
C’est pourquoi, «nous prédisons une forte hausse des cas de contamination de grippe saisonnière cet hiver en Algérie», a-t-il indiqué avant de révéler : «Nous avons fait l’acquisition de 2,5 millions de doses de vaccin.»
Or, selon le Pr Derrar, «la campagne de vaccination connaît une baisse flagrante, les gens ne se font plus vacciner, cela compromet l’immunité collective qui diminue de son côté.»
C’est pourquoi, pour cette saison hivernale, l’Institut Pasteur d’Algérie met en garde les personnes vulnérables et les personnes souffrant des maladies chroniques de la dangerosité qui pourrait survenir à travers la vague de la grippe saisonnière cette année.
Par ailleurs, il faut savoir que «le pourcentage des maladies respiratoires lors la période entre le mois d’octobre et le mois de novembre est de 15% des affections enregistrées. Ce ratio pourrait augmenter jusqu’à 95% pour le début d’année», a-t-il prévenu.
«Nous visons la vaccination de 75 % de la population pour consolider l’immunité collective»
Afin de pallier cette montée de la grippe saisonnière, le responsable de l’Institut Pasteur d’Algérie, le Pr Fawzi Derrar a indiqué : «La campagne de vaccination doit reprendre pour éviter d’atteindre l’apogée mondiale de l’épidémie. Nous viserons la vaccination de 75% de toutes les tranches de la population pour consolider l’immunité collective».
Au sujet de la couverture vaccinale, notre interlocuteur n’a pas manqué de préciser que «l’Institut Pasteur a distribué 1,5 million de doses sur tout le territoire national et que la quantité du vaccin sera suffisante pour assurer une campagne de vaccination réussie».
Etayant son analyse scientifique au sujet de la vaccination, il a ajouté : «En fait, la vaccination antigrippale saisonnière concerne les personnes représentant un risque élevé de complications liées à la grippe ou hospitalisées ou pouvant mettre en jeu le pronostic vital d’emblée. Mais la question qui se pose est la suivante : ne faut-il pas revoir le seuil d’âge d e65 ans et plus ? Il est utile de signaler dans ce contexte que la majorité des maladies chroniques et les inégalités en matière de santé présentes dans tous les pays du monde découlent des conditions d’existence.» Le Pr Derrar a fait savoir que «la grippe saisonnière est souvent associée à une augmentation des admissions à l’hôpital et de la mortalité, imposant donc une charge de morbidité importante mettant à rude épreuve les ressources en soins de santé. Cela conduit à une réflexion pour diminuer ces effets évitables à travers une politique généralisée de vaccination annuelle systématique des personnes âgées.»
«L’Algérie fait beaucoup d’efforts pour mettre la population à l’abri»
Au sujet de l’Algérie, le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie a rassuré : «Les autorités sanitaires font beaucoup d’efforts en ce sens, mais ces efforts doivent être complétés par une généralisation de l’obligation de la vaccination à l’ensemble de la population âgée de 50 ans et plus, incluant même les personnes ne souffrant d’aucune maladie chronique. Cette population à laquelle s’ajoutent toutes les personnes présentant des facteurs de risque de complications grippales.»
«La plupart des patients que les hôpitaux reçoivent actuellement sont atteints de la grippe saisonnière»
Pour sa part, le président de la Société algérienne d’immunologie, le Pr Kamel Djenouhat, a révélé que «la plupart des patients que les hôpitaux reçoivent actuellement sont atteints de la grippe saisonnière». «Les résultats de tests antigéniques et PCR sont négatifs, il s’agit de la grippe saisonnière dans la plupart des cas», a-t-il tenu à confirmer.
A l’approche de l’hiver, les médecins redoutent une double épidémie (Covid et grippe saisonnière)
Selon notre interlocuteur, «à l’approche de l’hiver, les professionnels de la santé redoutent une double épidémie, celle de la grippe saisonnière qui viendrait s’ajouter à celle de la Covid-19. Cependant, depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2019, les spécialistes algériens ont constaté que 60% des décès à l’origine du coronavirus concernent les plus de 60 ans. La sévérité de l’infection est incontestablement liée à l’âge.» «La grippe saisonnière et la Covid-19, deux virus vont circuler en parallèle cet hiver et représenteront un grand risque pour la santé des plus fragiles. Etre contaminé à la fois par la Covid-19 et la grippe affaiblit doublement le système immunitaire et accroît le risque de décès», insistent le spécialiste Kamel Djenouhat.
«Les vaccins ne sont jamais efficaces à 100%, mais ils protègent des complications»
S’agissant de l’efficacité du vaccin antigrippal, le Pr Kamel explique que «les vaccins ne sont jamais efficaces à 100%, mais ils protègent des complications les plus graves». «Le vaccin n’est pas totalement efficace, mais il faut que toutes les personnes âgées et les malades chroniques se fassent vacciner ainsi que leur entourage», conseille-t-il.
Revenant sur la morphologie et les signes cliniques de la grippe saisonnière, le professeur a affirmé : «Il existe 3 types de grippe saisonnière (A, B et C). Les virus grippaux de type A se subdivisent en sous-types en fonction des différentes sortes et associations de protéines de surface du virus. Parmi les nombreux sous-types des virus grippaux A, les sous-types A(H1N1) et A(H3N2) circulent actuellement chez l’homme», et d’ajouter : «La plupart des sujets guérissent en une semaine sans avoir besoin de traitement médical. Mais la grippe peut entraîner une maladie grave ou un décès chez les personnes à haut risque. La période d’incubation (délai qui s’écoule entre le moment de l’affection et l’apparition des symptômes) est d’environ deux jours.»
Pour le spécialiste Kamel Djenouhat, «chaque année, les épidémies de grippe peuvent toucher gravement tous les groupes d’âge, mais le plus haut risque de complications concerne les femmes enceintes, les enfants de 6 à 59 mois, les personnes âgées et les individus de tout âge présentant certaines affections chroniques, telles que l’asthme, des cardiopathies ou pneumopathies chroniques, ainsi que les agents de santé.»
La grippe saisonnière se propage facilement…
Pour ce qui est de la transmission, notre interlocuteur a précisé que «la grippe saisonnière se propage facilement et la transmission dans les établissements fréquentés par de nombreuses personnes, telles que les écoles ou les maisons de retraite peut être rapide.» «Lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue, elle projette dans l’air des gouttelettes porteuses du virus (et de l’infection) qui atteignent et que vont inspirer les personnes se trouvant à proximité immédiate», a-t-il détaillé au sujet du vecteur de la transmission de cette grippe.