Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a plaidé, lors de l’ouverture du Sommet arabe d’Alger qui a eu lieu les 1er et 2 novembre 2022, pour la création d’«un bloc économique arabe solide, garant des intérêts communs des pays arabes».
Pour référence, les ministres de l’Economie se sont mis d’accord sur 24 points touchant la sécurité alimentaire et hydrique arabe, la crise énergétique et les dossiers commerciaux, y compris la création de l’Union douanière arabe dans le but de faire face aux crises alimentaires aiguës pour de nombreux pays de la région, où la valeur des importations alimentaires arabes est estimée à plus de 100 milliards de dollars par an. Parmi les axes de sécurité du monde arabe soulevés lors du Sommet arabe d’Alger, on a évoqué la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique.
Mahfoud Kaoubi : «La problématique est très lourde et très importante et elle demande du travail»
Sur ce point, l’analyste économique, Mahfoud Kaoubi, nous affirmé que «le bloc économique était un souhait du monde arabe, chose qui a été réaffirmée par le président Tebboune dans un contexte géostratégique un peu particulier, sachant que le monde passe actuellement par la naissance d’un système multipolaire et par un avenir où la concurrence sera rude entre les différents pôles qui seront constitués».
Contacté par Maghreb Info, Mahfoud Kaoubi nous a expliqué que «l’avenir économique se discutera entre des blocs et pôles économiques, qu’ils soient régionaux ou autres».
«L’exigence fait que la Ligue arabe doit créer ce bloc, et cela permettrait de faire converger les efforts et tirer profit des potentialités dont disposent les différents pays arabes, en particulier dans le domaine énergétique, que ce soit en termes d’énergies fossiles ou renouvelables, mais aussi pour procéder à moyen terme à la transformation économique qui permette une complémentarité entre les différents pays en tirant les potentialités dont dispose chaque pays et de converger tout cela par une espace d’échange qui traduirait cette performance souhaitée sur le moyen et long termes», a-t-il précisé.
L’expert a salué l’appel du président Tebboune, soulignant que «la chose la plus importante à travers cet appel devrait se concrétiser selon une démarche pragmatique qui permettrait de favoriser les instruments de rapprochement entre les pays arabes et donc de sortir avec une feuille de route qui traduit une stratégie opérationnelle» qui, selon lui, «donnera lieu à des actions concrètes dans les domaines de l’adaptation du système financier, surtout depuis la mise à profit du potentiel énergétique dont disposent les pays arabes».
Pour notre interlocuteur, «la situation actuelle a démontré l’importance de la sécurité alimentaire, élément fondamental de la sécurité d’une nation et des blocs, précisant que le monde arabe se distingue par une fragilité en matière de sécurité alimentaire, sachant qu’il dépend énormément des importations».
Il a ajouté qu’«il y a des gisements en matière de ressources en eau qui permettraient, s’ils venaient à être exploités dans un cadre commun, de réduire le stress hydrique et d’introduire la transformation en matière d’exploitation en matière agricole en introduisant de nouvelles technologies».
A la fin, Kaoubi nous a affirmé que «la problématique est très lourde et très importante et demande du travail, que ce soit en amont ou en aval».
Boukhalfa Laala : «Les pays arabes sont conscients de l’aspect de sécurité alimentaire et vont commencer à mettre en œuvre ce projet»
L’expert agricole, Boukhalfa Laala, nous a déclaré que «la sécurité alimentaire fait partie intégrante de la souveraineté nationale, et Dieu merci, lors du Sommet arabe qui s’est tenu à Alger, ce point lié à la sécurité alimentaire a été pris en considération et discuté au niveau du Sommet ayant réuni les présidents et rois arabes, qui ont accordé la plus haute importance à cette question».
Il a ajouté : «Par conséquent, la sécurité alimentaire arabe intégrée est tout à fait possible ; nous constatons que certains pays sont de gros consommateurs de blé et de ses dérivés, et parmi ces pays se trouvent les pays du Maghreb, notamment l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, Irak, le Soudan et le Yémen».
«Presque tous ces pays ont un plan alimentaire qui dépend de la consommation de blé et de ses dérivés ; ce grand potentiel, s’il est exploité dans le domaine des céréales, nous serons autosuffisants et il y aura un surplus exportable».
Il a poursuivi en disant qu’«il en va de même en ce qui concerne la viande rouge. Le Soudan est considéré comme un pays leader dans ce domaine. Il possède du bétail, notamment des moutons et des vaches, et dispose d’un important excédent de viande rouge. Cependant, certains pays comme l’Algérie ont un besoin urgent de cette substance. Par conséquent, s’il y a des accords, il faut utiliser cette opportunité et le bétail au lieu d’importer.»
Boukhalfa a souligné que «ces décisions et recommandations qui ont émergé du Sommet arabe sont une grande opportunité pour l’action arabe, et nous espérons qu’elles seront pleinement mises en œuvre afin qu’il y ait un résultat positif. Cet aspect commencera à mettre en œuvre ce projet ou des accords spéciaux avec les pays du Golfe qui ont des potentiels».