Face aux bouleversements géostratégiques et aux fluctuations que connaît le monde, la prise de conscience de plusieurs pays du monde entier a mené à un nouveau genre d’économie ; il s’agit de l’Economie circulaire (EC).
Plus concrètement, cette économie d’un genre nouveau permet de produire des biens et fournir des prestations de services écoresponsables permettant de réduire voire d’éliminer les déchets. Concrètement, cela se traduit par le recyclage des déchets issus de la production ou de la consommation.
Il faut savoir également que ce nouveau modèle économique vient se substituer au modèle économique classique tel que nous l’avons connu, à savoir, extraire la matière première/ressource naturelle, produire, consommer puis jeter.
Un nouveau concept qui vient en appoint à l’économie dite classique
Par ailleurs, ce nouveau dogme qui vient en appoint à l’économie dite classique constitue un gisement pour l’attractivité de l’industrie nationale et permet l’optimisation ainsi que la réutilisation des ressources et des matières nécessaires aux différents processus industriels.
Raison pour laquelle, outre son apport à l’environnemental à travers une production engendrant moins de déchets, l’économie circulaire est considérée comme un moyen de rehausser l’attractivité et la compétitivité des produits et services industriels.
Pour l’expert en économie, Kamel Kheffache, qui considère que le modèle linéaire – «produire, consommer, jeter» – est à bout de souffle adhère également à la thèse selon laquelle «la transition vers une économie circulaire, qui repose sur des formes nouvelles de coopération des acteurs dans les territoires, est porteuse d’innovations, de compétitivité pour les entreprises et de création d’emplois.»
Le modèle linéaire «produire, consommer, jeter» est à bout de souffle
Pour l’expert, «l’économie circulaire offre, en plus de l’activité de recyclage, une multitude d’opportunités pour un entrepreneuriat environnemental, qui se manifeste par de nouveaux modes de production, de nouvelles propositions de valeur, de nouveaux circuits de distribution, de nouveaux partenariats». En outre, l’économie circulaire, selon notre interlocuteur, «permet de développer des “business models” ou des logiques entrepreneuriales qui prennent en considération, d’une part, la spécificité et les besoins actuels du marché et, d’autre part, la disponibilité des ressources et la capacité d’assimilation de la pollution par l’environnement».
C’est ainsi qu’au sujet de l’économie circulaire, l’expert Kamel Kheffache estime «indispensable la réutilisation des déchets rejetés par certaines entreprises pour en faire des matières premières pour d’autres industries», et de préciser : «En effet, l’application d’une économie circulaire a donné ses résultats dans nombre de pays ayant adopté une vision pragmatique qui repose sur des opérations bien ciblées. Justement, de par sa définition, l’économie circulaire vise à changer de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire, en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental, et en augmentant l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits. .. L’économie circulaire cible la gestion sobre et efficace des ressources.»
L’économie circulaire cible la gestion sobre et efficace des ressources
De son côté, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Abdelwahab Ziani, est revenu longuement sur la nécessité et surtout l’urgence d’appliquer sur le terrain le modèle de l’économie circulaire pour enfin solutionner certaines carences de l’entreprise de production algérienne qui rencontre souvent un ralentissement dans son processus de production provoqué en grande partie par le manque de la matière première.
C’est ainsi que, selon notre interlocuteur, «l’économie circulaire est d’une grande importance pour développer l’environnement économique de l’entreprise pour qu’elle devienne plus compétitive.» «C’est justement pour économiser les matières premières que nous somme en train de rejeter et qui sont riches puisqu’elles ont toujours un autre cycle d’utilisation», souligne Abdelwahab Ziani. «L’économie circulaire s’adresse à plusieurs industries, à l’exemple de l’agroalimentaire qui doit utiliser des matières premières, puis en rejeter une partie et d’autres industries qui peuvent récupérer ces matières pour les réutiliser puisqu’elles conviennent pour une autre industrie tierce», a-t-il indiqué.
Comme l’actualité internationale se fixe sur la protection de l’environnement et le cadre de vie du citoyen, Ziani attire l’attention sur l’économie circulaire qui peut, grâce à une application convenable, économiser de l’eau, notamment à son recyclage régulier basé sur les normes de l’économie circulaire. En finalité, l’utilisation de l’économie circulaire va permettre la récupération des déchets et la canalisation des eaux rejetées pour en faire des matières premières et la réutilisation des eaux pour des besoins de différents niveaux, notamment l’irrigation des plantations.
La gestion des déchets retient fortement l’attention du gouvernement
De plus, il va sans dire, selon le président de la CIPA, que «la gestion des déchets en général et de l’économie circulaire en particulier retiennent fortement l’attention du gouvernement en raison des revenus supplémentaires que ce domaine génère en dehors des hydrocarbures, outre la création des opportunités d’emploi».
Selon Ziani, «le fort engouement créé par l’accompagnement par l’Etat aux start-up devrait réserver une bonne place à ce secteur du traitement des déchets et leur recyclage en Algérie». Et de nous révéler que le taux de recyclage des déchets ménagers n’a pas dépassé les 10% sur l’ensemble des déchets collectés.
Bien mieux que cela, selon notre interlocuteur, «la gestion des déchets et leur recyclage constitue l’un des principaux défis auxquels les pouvoirs publics sont confrontés en permanence, car l’accroissement des quantités de déchets dû à la forte expansion démographique, à la croissance des activités économiques et à l’urbanisation rapide pose de sérieux problèmes environnementaux, sanitaires et financiers».
Ce qui est important à retenir, c’est qu’à l’heure où la politique gouvernementale s’oriente vers le redressement de l’économie nationale et la baisse des importations, «prendre en charge ce volet avec toute la détermination nécessaire pourrait jouer un rôle prépondérant en limitant l’importation de papier pour toutes sortes d’emballages grâce au recyclage des déchets dits “secs”».
«Une opportunité à saisir au vol par tous ceux qui désirent investir dans ce domaine»
Des projets de ce genre sont à encourager de manière à faire tache d’huile et permettre ainsi un rationnel recyclage des déchets et une opportunité de choix pour les start-up pour faire valoir leurs compétences. Et quand ces derniers jouissent de l’aide et l’assistance multidimensionnelle de l’Etat, investir dans ce domaine créateur de richesse et de postes d’emploi devient devrait connaître une concurrence positive et enrichissante sur tous les plans.
Et les avantages sont innombrables aussi bien pour les jeunes investisseurs que pour l’économie nationale qui devrait cette année être celle du redressement, conformément aux orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Enfin, pour situer les contours de l’importance insoupçonnée de l’économie circulaire, il est important de mettre en exergue le fait selon lequel «les enjeux qui s’y rattachent sont à la croisée des préoccupations environnementales et sociales des Algériens. Nous sommes persuadés qu’une société plus juste et plus pérenne émergera de ce nouveau modèle économique et social. Il sera moins carboné, plus responsable et pérenne. Ce type d’événement constitue un réservoir d’idées pour trouver des solutions concertées avec les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics», estiment les experts qui notent cependant qu’«éviter l’accumulation des déchets, mettre en place des solutions innovantes pour leur gestion, leur trouver une seconde vie et les recycler».