Après une légère baisse, les accidents de la route connaissent une hausse inquiétante. Pas moins de 103 personnes sont décédées et 3226 ont été blessées dans 27 645 accidents de la circulation survenus depuis le début du mois en cours. Ce sont les chiffres avancés par le capitaine Nassim Bernaoui, du bureau de l’information et de la communication de la Direction générale de la Protection civile (DGPC).
Plus concrètement, pour ne citer que les dernières macabres nouvelles, 30 personnes ont été tuées et 1410 autres blessées, suite à 1162 accidents de la circulation ont été enregistrés durant la période du 16 au 22 octobre dans plusieurs wilayas du pays. En effet, dans un bilan dressé mardi par les services de la Protection civile, il été a révélé que le bilan le plus lourd a été enregistré dans la wilaya de Médéa, avec la mort de 9 personnes sur les lieux de l’accident et 29 autres ont été blessés dans 26 accidents de la circulation.
Toujours selon le capitaine Nassim Bernaoui, «les chiffres de la mortalité routière sont repartis à la hausse durant ce mois d’octobre, après une légère accalmie constatée durant le mois précédent». Chiffres à l’appui, le responsable a fait savoir, dans ce sens, que «le nombre des victimes enregistrées dans des accidents de la route survenus au cours du mois de septembre dernier s’élevait à 145 décès». Un chiffre relativement bas, comparativement à ceux enregistrés durant la période estivale, où les accidents de la circulation ont connu une hausse fulgurante. «La Protection civile a déploré la mort de 530 personnes durant cet été, dont 209 ont été enregistrés pour le seul mois d’août», a-t-il fait savoir avant d’être plus explicite : «172 décès ont été recensés par la DGPC durant le mois de juillet et pas moins de 147 morts ont été enregistrées au courant du mois de juin.» «A ce rythme, nous allons peut-être dépasser la barre des décès enregistrés durant l’année dernière», a-t-il regretté.
Une amende allant jusqu’à 5 millions de centimes pour un excès de vitesse !
Parmi les causes à l’origine des accidents de la circulation, l’excès de vitesse viendrait en premier, selon notre interlocuteur. Raison pour laquelle une contravention allant jusqu’à 5 millions de centimes pour cette infraction est envisagée. Mais aussi, le permis du conducteur ayant enfreint la loi serait suspendu par les autorités concernées pour une année complète. Il s’agit d’une mesure qui est entrée en vigueur en février 2022. Une précaution qui a pour but de réduire le taux des accidents routiers en Algérie.
Concrètement, face à l’augmentation inquiétante des accidents de la circulation qui coûtent la vie à plusieurs milliers de personnes chaque année, le commandement de la Gendarmerie nationale s’emploie à proposer des solutions efficaces pour lutter contre ce phénomène angoissant pour l’Etat et pour les citoyens, et ce, à travers la préparation d’un rapport détaillé sur les moyens pratiques qui peuvent réduire le nombre des accidents de la circulation.
Ce rapport, qui sera bientôt présenté au Conseil des ministres, comprend des propositions incluant des sanctions et des mesures dissuasives contre les conducteurs imprudents, en particulier les propriétaires de camions et de bus de transport public. Ces mesures peuvent engendrer le retrait de l’agrément de l’activité par les autorités de tutelle, ainsi que la hausse des amendes financières, en plus de la constitution d’équipes de contrôle volantes pour tous les moyens de transport. Les nouvelles propositions de la Gendarmerie nationale, qui ont été préparées sous la supervision du commandant de ce corps constitué, s’inscrivent également dans la politique de la «réduction des accidents de la circulation» en application des instructions du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à trouver des solutions radicales afin de mettre un terme au terrorisme routier.
Le conducteur tenu d’assumer sa responsabilité dans le cas où il serait à l’origine d’un accident
Quant au contenu des propositions, le colonel Nassim Bernaoui a indiqué qu’elles comprennent «l’introduction du chronotachygraphe, la boîte noire qui enregistre les données de l’utilisation des véhicules de transport afin de suivre l’activité du conducteur, comme les heures de conduite ou de repos, ce qui l’empêche de commettre des infractions, ainsi le conducteur sera tenu d’assumer sa responsabilité dans le cas où il serait à l’origine d’un accident de la circulation, selon le texte réglementaire relatif au chronotachygraphe, contenu dans la loi n° 17-05 du 16 février 2017 relative à l’organisation, la sécurité et la police de la circulation routière».
De plus, pour notre interlocuteur, «les propriétaires d’autobus de transport public et de camions de transport de marchandises sont obligés d’installer ce chronotachygraphe, qui enregistre les données de l’utilisation de véhicules, la vitesse et les lieux de repos».
En effet, selon Bernaoui, «après un temps de conduite de quatre heures et demie, le conducteur doit observer une pause ininterrompue d’au moins 45 minutes, il doit également respecter le temps de conduite journalière fixé à 9 heures seulement, ce qui permet de déterminer la responsabilité du conducteur en cas d’enregistrement d’un accident de la circulation, étant donné que toutes les données sont enregistrées et stockées dans le dispositif». En plus, «les propositions incluent la nécessité d’accélérer la mise en place du système de permis de conduire à points pour dissuader les conducteurs imprudents et les amateurs de vitesse, notant que ce système réduira le terrorisme routier, qui se transforme à chaque fois, surtout durant la saison estivale, en scènes sanglantes à cause des voitures, des bus et des camions fous circulant sur les routes nationales et les autoroutes».
Les deux-roues à l’origine de 20% des accidents de la circulation
Au cours des sept derniers mois, les deux-roues (motos) ont causé 20,67% des accidents de la circulation, bien qu’ils ne représentent pas plus de 3% du parc roulant national, selon le même responsable de la Protection civile, qui, tout en qualifiant ce chiffre de «terrible», n’a pas manqué d’ajouter : «Les motos représentent un grand danger pour la sécurité routière, car la majorité de leurs utilisateurs sont des jeunes, et généralement ces derniers ont tendance à prendre des risques et à faire des manœuvres dangereuses sur les routes.»
Un accident routier coûte environ 2,2 millions DA en moyenne
Sur le plan économique, plus précisément en matière d’assurances, le patron d’Alliance Assurances, Hassan Khelifati, explique qu’un accident routier «coûte environ 2,2 millions DA en moyenne, tandis que le coût engendré par le décès d’une personne suite à un accident routier avoisine les 11 millions DA. Le calcul du coût des accidents se base sur de nombreux paramètres, dont le coût de prise en charge des blessés et de réparation des véhicules, le coût des embouteillages engendrés par un accident, ainsi que le gain qu’aurait pu apporter à l’économie de son vivant une personne décédée suite à un accident routier. En outre, le coût des pertes financières dues aux accidents de la circulation représente 0,15% du PIB».
Revenant aux causes des accidents, notre interlocuteur a indiqué : «L’absence de statistiques réelles concernant ces accidents nous laisse penser que ce sont toujours les mêmes causes, d’ailleurs connues de tous, mais elles n’identifient pas les dessous de ces accidents. Je considère que ces raisons sont superficielles étant donné que les plus gros drames arrivent sur les moyens et longs trajets.» Dans ces situations, «les causes sont différentes, non pas dans la forme mais dans le fond», a-t-il fait savoir en ajoutant : «Sur les longs et moyens trajets, trois types de véhicules sont impliqués : «Les véhicules de tourisme, les camions et les bus. Pour les premiers, la conduite sur les longs trajets est fatigante.»
Une véritable réflexion devrait être engagée afin de freiner l’hécatombe
Enfin, en guise de solutions, le patron d’Alliance Assurances suggère : «Pour les solutions, il faut imposer des plans de sécurité routière dans les points noirs, durcir les peines et sanctions contre les contrevenants, lancer un recensement des points noirs et veiller à leur suppression» précisant : «Une véritable réflexion devrait être engagée afin de freiner l’hécatombe, nos routes étant devenues de véritables faucheuses. En Algérie, comme dans d’autres pays, les accidents de la circulation routière continuent de faire un grand nombre de morts et de blessés. Aucune organisation ne peut prétendre à elle seule épuiser un tel sujet. Aucune institution ne peut arrêter seule l’hécatombe. Mais, à l’évidence, les efforts de tous, associations, particuliers, pouvoirs publics doivent se poursuivre dans la durée et s’intensifier encore pour permettre, par l’évolution des technologies et des comportements, freiner l’hécatombe sur les routes.»