Il est des œuvres qui traversent les âges sans prendre une seule ride. Celles de Kateb Yacine occupent une place de choix dans cette pyramide littéraire.
L’auteur de l’inoxydable Nedjma l’est aussi. Par ses prouesses littéraires, théâtrales, mais surtout par son engagement intellectuel et militant. Au panthéon de la littérature universelle, il est l’une des pierres les plus solides.
Quand Louis Aragon publie en 1947 son poème Les Lettres françaises, Yacine n’avait que 18 ans.
Le 33e anniversaire du départ de l’écrivain et dramaturge Kateb Yacine est passé, alors que ses œuvres théâtrales et littéraires continuent d’enrichir le contenu culturel et académique au niveau national et international. Son nom figure parmi les porte-drapeaux du théâtre et de la littérature algériens.
Kateb Yacine, né à Constantine en 1929, a vécu l’un des événements les plus horribles et les plus sanglants de l’histoire de l’Algérie, les massacres du 8 Mai 1945, au cours desquels il a été arrêté et a perdu beaucoup de ses proches, et sa mère s’est effondrée car elle croyait que son fils était mort au milieu de cette tragédie.
Kateb Yacine a publié sa première œuvre littéraire à un âge précoce, un recueil d’œuvres poétiques intitulé Munijaat, où il a dit dans la préface : «J’ai commencé à comprendre les gens qui m’entourent quand on fait face à la mort, on comprend les uns les autres et se parle davantage.
Les signes de sa prise de conscience politique et de sa conviction de la nécessité de l’indépendance de l’Algérie apparaissent à travers une conférence intitulée «Le prince Abdelkader et l’indépendance de l’Algérie», qui anime Paris en 1947.
Sa passion pour les révolutions le pousse à publier Le Cercle de la vengeance, qui comprend quatre pièces, dont Le cadavre encerclé, mise en scène par le Français Jean-Marie Siro en 1954.
Le roman Nedjma marque un tournant important dans la carrière du romancier qui occupe à l’époque l’espace littéraire et l’élève au rang des écrivains de son temps, tels que Mohamed Dib, Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri, qui ont enrichi la littérature algérienne, et les bibliothèques avec leurs œuvres immortelles.
Il n’oublie pas pour autant le succès du roman de Nedjma et son penchant pour le quatrième art, à travers lequel il veut faire la chronique d’événements mondiaux comme la guerre de Libération nationale, la guerre du Vietnam et la cause palestinienne, à partir de l’ABC du théâtre grec.
Et comme par hasard, le dramaturge rencontrera le groupe «Théâtre de la Mer», fondé par un jeune metteur en scène oranais, Kaddour Naïmi en 1968, et qui a eu plusieurs expériences inspirées par l’art de «la boucle», dont la «derdja» est utilisée comme langue de dialogue afin de s’adresser à toutes les franges de la société.