3500 décès dus au cancer du sein sont enregistrés annuellement en Algérie ! Selon les statistiques, «le cancer du sein arrive en tête de liste des types de cancer prévalant en Algérie, avec plus de
14 000 nouveaux cas enregistrés chaque année, dont un taux important apparaît avant l’âge de 40 ans, contrairement aux pays occidentaux où le cancer du sein apparaît après l’âge de 60 ans et plus».
Le cancer du sein est donc un réel problème de santé publique qui menace la société tout entière. La maladie qui touche les femmes a un impact énorme sur nombre de familles, surtout si la femme venait à disparaître, ce qui prive les enfants de celle qui les a portés. Raison pour laquelle les spécialistes en cancérologie, en particulier le cancer du sein, et conformément aux recommandations du Plan national de lutte contre le cancer, cette situation épidémiologique exige «une attention particulière et des enquêtes nationales approfondies» pour identifier les principaux facteurs d’atteinte des Algériennes de ce type de cancer à un âge précoce par rapport aux femmes occidentales.
«Octobre Rose» est l’occasion de mettre en lumière celles et ceux qui combattent cette maladie
Pour une prise de conscience de la nécessité absolue d’un dépistage précoce de cette pathologie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété le mois d’octobre de chaque année comme le mois de la sensibilisation sur le cancer du sein, créant une campagne de santé dont l’objectif est d’accroître l’attention et le soutien accordés à la sensibilisation, au dépistage précoce, au traitement et aux soins palliatifs de celles qui souffrent de la pathologie.
Ainsi, «Octobre Rose» est l’occasion de mettre en lumière celles et ceux qui combattent cette maladie, d’intensifier l’information et la sensibilisation et de réunir des fonds pour aider les chercheurs et les soignants.
Contacté par nos soins, la présidente de l’Association «El Amel» (Espoir), Hamida Kettab, a bien voulu, malgré un emploi du temps chargé en ce mois d’octobre, revenir sur les activités de l’Association en indiquant : «A l’occasion du mois d’Octobre Rose institué par les Nations unies pour la prévention du cancer du sein, notre association “El Amel” a tracé un large programme visant à sensibiliser les femmes quant à l’importance de se protéger contre cette maladie.»
De plus, notre interlocutrice a saisi l’opportunité pour indiquer que «l’association mène des campagnes de sensibilisation depuis 13 ans, en sus du dépistage précoce du cancer du sein par des examens de mammographie au niveau de la clinique mobile dédiée à cet effet et qui a sillonne différentes wilayas du pays». Et pas que ca, puisque selon Hamida Kettab, «l’association organise périodiquement une formation spéciale au profit des associations activant dans la lutte contre le cancer du sein dans cinq wilayas du pays, en plus de la signature d’une charte avec plusieurs institutions nationales afin de les sensibiliser, dans le cadre de la médecine du travail sur l’importance du dépistage du cancer du sein chez leurs employées âgées de 40 ans et plus».
Encourager le dépistage précoce du cancer du sein permet la guérison de 9 cas sur 10
Il est utile de savoir également, selon Mme Kettab, que «chaque année, une course symbolique est organisée au stade du 5 Juillet avec la participation de plusieurs femmes de différentes tranches d’âge sous le slogan ‘’Tous contre le cancer du sein”».
Par ailleurs, sur le plan de la prise en charge thérapeutique, la présidente de l’Association El Amel a insisté pour indiquer qu’«encourager le dépistage précoce du cancer du sein permettrait la guérison de 9 cas sur 10 dans le cas d’une bonne prise en charge, ce qui réduirait le taux de mortalité de cette catégorie». Présentant la situation épidémiologique en se référant au Registre national du cancer, la présidente de l’association El Amel précise : «Une femme sur huit peut être atteinte de cancer du sein en Algérie, et ce, pour plusieurs facteurs, dont les facteurs génétiques et hormonaux et autres environnementaux, à l’instar de l’obésité, du manque d’activité physique, de la mauvaise alimentation, outre la consommation d’alcool et du tabac.» Raison pour laquelle elle a tenu à saluer la mise en place du Registre national du cancer qui contribue, «à la planification, la rationalisation et à l’évaluation des soins et aide les décideurs à améliorer la prise en charge des malades à travers toutes les régions du pays», a-elle affirmé avec toutefois le regret, dit-elle, qu’«en dépit des campagnes et des programmes de prévention menés par les pouvoirs publics, 65% des femmes atteintes entament le traitement à un stade très avancé de la maladie», mettant l’accent sur l’impératif d’ «intensifier les campagnes de sensibilisation pour un diagnostic précoce».
Plus la détection d’un cancer est précoce, plus les chances de guérison sont importantes
Enfin, «le dépistage précoce consiste à effectuer une mammographie régulière tous les deux ans au moins, notamment pour les sujets âgées de 50 années et plus. En effet, plus la détection d’un cancer est précoce, plus les chances de guérison sont importantes. Cependant, il faut noter que les moyens de diagnostic sont nettement insuffisants dans ce domaine, tout comme le manque flagrant d’information et l’absence de diagnostics fiables ainsi que le fléau de l’analphabétisme, surtout chez les femmes», a regretté Mme Kettab en tenant à préciser qu’il «n’existe pas ‘‘un’’ cancer du sein, mais ‘‘des’’ cancers du sein».
Pour sa part, le Dr Saïd Mahmoudi, directeur général de l’hôpital «Chahid Mahmoudi» de Tizi-Ouzou, premier hôpital privé en Algérie, spécialisé dans le traitement du cancer a indiqué à ce sujet : «Une augmentation remarquable du nombre de nouveaux cas de cancer du sein par an chez les femmes, chiffres qui s’élèvent actuellement à 15 000 nouveaux cas, dont 3500 femmes mourantes chaque année.» Ajoutant : «L’âge moyen du cancer en Algérie est estimé à environ 46 ans.»
Chaque femme adulte doit se faire dépister en ce mois d’octobre
Interrogé sur l’intensification des campagnes de sensibilisation menées par les associations, notre interlocuteur a indiqué : «Les efforts de sensibilisation sur la maladie et sa gravité ont contribué à la découverte de nombreux cas figurant le premier et deuxième stades. Etapes qui se caractérisent par de plus grandes chances de guérison par rapport aux 3e et 4e stades de la maladie, pour lesquels la durée de vie moyenne est estimée à deux à cinq ans au plus.» C’est pourquoi, le Dr Saïd Mahmoudi a insisté sur la nécessité selon laquelle «chaque femme adulte doit se faire dépister en ce mois d’octobre afin d’abolir tout type de signe et contrainte concernant le cancer. Pour celles qui combattent déjà la maladie, le berceau de la résilience trouve toujours une issue et les soins et recherches sont intensifiés afin d’exclure le plus tôt possible cette affliction du quotidien des braves combattantes», précisant que «l’augmentation constante des cas de cancer montre à quel point cette pathologie est en train de prendre une grande ampleur, avec des conséquences sociales et financières pour la prise en charge des patientes».
Aussi, le Dr Mahmoudi ne s’est pas fait prier pour relever le poids financier pour l’Etat et pour les personnes atteintes cancer. «Même s’ils sont pris en charge par les différentes structures hospitalières de l’Etat, beaucoup d’examens complémentaires tels que les IRM, scanners et bilans biologiques sont faits dans le privé et sont à la charge du patient. On ne parle de dépistage que lorsqu’on est au mois d’Octobre Rose, ou à l’occasion du mois de mars bleu pour le cancer colorectal, mais en parallèle, il ne se passe pratiquement rien», regrette notre interlocuteur, qui estime que «l’Algérie a fait un bond extraordinaire en termes de prise en charge du cancer, mais il n’y a pas encore de maturation de cette politique».