A l’instar des pays soucieux du bien-être de leur population en assurant à cette dernière une nutrition saine et en repoussant au loin la faim et la malnutrition, l’Algérie célébrera le 16 octobre courant, la Journée mondiale de l’alimentation, événement considéré par les Nations unies comme étant la Journée mondiale la plus célébrée, parmi les autres Journées qui, du reste, ont également leur importance.
Lors des activités célébrant cette Journée mondiale, il est question surtout et avant tout d’encourager les gouvernements à la prise de conscience et l’action à l’échelle mondiale en faveur des victimes de la faim et de régimes alimentaires sains pour tous, sans laisser personne de côté.
Selon le constat alarmant dressé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur l’ensemble des aliments produits dans le monde, 14% sont perdus et 17% autres sont gaspillés. Un constat qui interpelle les gouvernants, appelés à assurer une transformation des systèmes agroalimentaires.
En effet, des millions de personnes à travers le monde ne peuvent se permettre une alimentation saine, et cela les met dans une situation fortement à risque d’insécurité alimentaire et de malnutrition, alors que nous produisons suffisamment de nourriture aujourd’hui pour nourrir tous les habitants de la planète.
C’est pourquoi, il est clairement indispensable d’envisager une réflexion plus approfondie sur ce qu’il convient de faire pour tenter de mieux remédier à la situation mondiale en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.
L’Algérie classée première en Afrique en matière de sécurité alimentaire
Concernant notre pays qui accorde un intérêt sans cesse renouvelé à la sécurité alimentaire de ses citoyens, il est important de savoir que l’Algérie a été classée par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, première en Afrique en matière de sécurité alimentaire.
En effet, dans sa dernière cartographie de la pauvreté, publiée récemment sur son site web, le PAM a classé l’Algérie dans la catégorie des pays dont le taux de personnes sous-alimentées est inférieur à 2,5% de la population totale, durant la période 2019-2021.
Un chiffre qui vient mettre du baume au cœur dès lors que notre pays est le seul pays en Afrique à ne pas dépasser ce seuil, selon le PAM. Ainsi, l’Algérie est répertoriée dans la même catégorie que la majorité des pays européens, des Etats-Unis, du Canada, de la Chine, de la Russie, du Brésil et de l’Australie, entre autres.
L’Algérie dispose d’un projet de développement agricole pour bâtir une véritable sécurité alimentaire
Selon les experts, il est important de souligner que «l’Algérie dispose d’un projet de développement de l’agriculture qui lui permettra de bâtir rapidement une véritable sécurité alimentaire» pour le motif que si le secteur des hydrocarbures a longtemps été la clé de voûte de la stabilité de son économie, le gouvernement algérien ambitionne d’emprunter de nouvelles trajectoires dans un contexte de crise énergétique provoquée notamment par la guerre russo-ukrainienne. L’Algérie compte ainsi s’appuyer sur une agriculture qui puisse à la fois maintenir la stabilité de ses réserves de change et assurer à sa population une sécurité alimentaire.
De plus, à la lumière des projets soutenus par les hautes autorités du pays dans le domaine agricole, l’Algérie parviendra, dans un futur très proche, à offrir à l’ensemble de ses citoyens une alimentation saine, nutritive et suffisante à tout moment. Ce qui conférera à notre pays le statut de principal fournisseur de produits agricoles du monde arabe et de l’Afrique de l’Ouest, prédisent des experts en la matière et confirmée par les prédictions du dernier bulletin de la FAO.
Contacté par nos soins, l’expert en économie agricole, Akli Moussouni, considère pour sa part que la souveraineté alimentaire passe inévitablement par «la nécessité de développer une agriculture nationale axée sur les produits stratégiques afin de renforcer la sécurité alimentaire du pays et le prémunir contre les fluctuations des prix des produits sur les marchés mondiaux», ajoutant qu’ «il est temps de consacrer davantage de surfaces aux productions de base, notamment les céréales, les oléagineux et le sucre dans l’objectif de substituer progressivement la production locale aux importations».
En outre, pour notre interlocuteur, «la sécurité et la souveraineté alimentaires passent par l’optimisation des surfaces destinées à la production des produits de base afin d’améliorer les rendements, tout en tenant compte de l’aspect environnemental».
La souveraineté n’est plus l’autosuffisance, mais cela signifie plutôt la dignité alimentaire
Il a précisé dans ce sens que «chaque Etat dispose de sa propre dignité alimentaire, qui signifie : assurer une alimentation saine et suffisante à sa population, mais également disposer de sa propre politique alimentaire, garantir la pérennité de sa tradition alimentaire, les cultures propres à sa région et ses produits du terroir».
De son côté, l’expert en économie, Abdelmalek Serraï, reste persuadé que «les secteurs de l’agriculture, de la pêche et accessoirement celui de l’agroalimentaire, s’ils venaient à être boostés, seront à même d’assurer une sécurité alimentaire au pays».
Il va sans dire que pour notre interlocuteur, «le secteur agricole, considéré comme l’une des priorités du gouvernement, fait l’objet de nombreuses mesures incitatives qui permettront de dynamiser les productions essentielles, dont les céréales, les grandes cultures, la production animale et les fourrages», précisant : «Il s’agit là d’un défi qui doit être relevé, quels que soient les difficultés et les obstacles, car le potentiel et les capacités matérielles et naturelles de l’Algérie la qualifient pour atteindre cet objectif stratégique.»
Plus explicite, Serraï croit dur comme fer que «pour atteindre l’autosuffisance alimentaire de façon progressive, l’Algérie doit intensifier les investissements dans le secteur agricole, l’accompagnement des agriculteurs et l’introduction des nouvelles techniques en matière de production agricole». Et pas que cela, notre interlocuteur ajoute que «cet objectif nécessite une meilleure disponibilité des ressources hydriques et l’implication du capital humain, entre techniciens, ingénieurs agronomes, bureaux d’études et instituts spécialisés dans le développement de cette filière stratégique».
«Les besoins céréaliers de l’Algérie dépassent 11 millions de tonnes, et ils pourraient atteindre 15 millions de tonnes, tandis que la production nationale est égale à 4 millions de tonnes», a-t-il indiqué, précisant que «pour répondre aux besoins nationaux, il faudra étendre la zone d’exploitation des terres destinées à la culture céréalière, en passant de 2 millions d’hectares actuellement à 5 millions d’hectares».
La banque des semences algérienne est l’une des plus grandes réserves de graines au monde
Enfin, Abdelmalek Serraï n’a pas manqué de relever l’extraordinaire acquis de l’Algérie qui a inauguré au mois d’août dernier la banque nationale des semences. Un acquis qu’il qualifie d’historique dès lors qu’il s’agit, selon lui, d’un «nouveau jalon qui vient consolider notre souveraineté nationale, à travers la consécration du principe de sécurité alimentaire du pays, partie intégrante de notre sécurité nationale».
Il a ajouté que cet «important» exploit scientifique a été réalisé par des compétences algériennes qui ont prouvé aujourd’hui «encore une fois que les compétences nationales sont en mesure d’accomplir ce type de réalisation, ce qui sera susceptible de renforcer le processus d’édification nationale». Notre interlocuteur a ajouté qu’«il s’agit de l’une des plus grandes réserves de graines au monde destinée à conserver dans un lieu sécurisé des graines de toutes les cultures vivrières de la planète», «cette procédure permettra de sécuriser l’Algérie contre les risques d’extinction de ces semences en cas de catastrophe», a-t-il conclu.