S’il doit y avoir un pays qui célébrera la Journée mondiale de l’habitat (3 octobre) avec la conviction d’avoir fait un pas de géant pour assurer un toit décent à chaque citoyen demandeur, l’Algérie, sous la direction du président de la République, qui fut, des années durant, ministre de l’Habitat, peut se targuer d’avoir réussi ce pari en lancent des programmes de logements, tous azimuts, et toutes formules confondues, à travers le pays.
Nul n’ignore, en effet, que le logement a de tout temps constitué une des priorités du programme présidentiel qui stipule que «le logement est la base de la justice sociale» insistant, à chaque fois que l’occasion se présente, sur le droit du citoyen à un logement décent. Le Président s’est engagé également à lutter contre l’habitat précaire et à éradiquer les bidonvilles à travers la prise de mesures nécessaires à même d’empêcher leur réapparition. Il est notable que la construction du logement n’est pas la seule préoccupation du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a également réfléchi aux contraintes financières.
Le logement est la base de la justice sociale
Lors d’un des premiers Conseils des ministres qu’il a présidé en janvier 2020, le chef de l’Etat avait d’ailleurs instruit son gouvernement pour la création d’une «banque du logement» qui permettra une meilleure maîtrise de la politique du secteur. Cette banque aura pour charge de réunir toutes les instances de financement et d’ouvrir la voie au privé pour participer à son capital. Il faut dire qu’en Algérie, le logement a toujours été une priorité dans les programmes des différents gouvernements qui se sont succédé depuis des décennies.
L’Algérie a construit un peu plus de 5 millions de logements en 20 ans
A en croire les chiffres qui ont été avancés, l’Algérie a construit un peu plus de 5 millions de logements en 20 ans. Mais cela ne semble pas avoir réussi à résoudre la crise du logement dans le pays en raison du déficit qui était enregistré, mais aussi de la croissance rapide de la population. L’autre souci est la concentration des constructions dans les grandes villes jusqu’à leur saturation. En fait, l’Algérie semble avoir un besoin urgent de créer de nouvelles villes afin de contenir l’exode vers les grands centres urbains. Une problématique soulevée par le président Tebboune, qui a ordonné à son ministre de lancer la réflexion sur cette question. Sur un autre registre, pour situer la réussite de la politique de logements en Algérie, des indicateurs forts intéressants viennent corroborer cette thèse.
En effet, le taux d’occupation des logements, qui est un indicateur de bien-être et qui résulte des efforts consentis par l’Etat pour répondre aux besoins des citoyens en matière de logement, a enregistré une «diminution significative», selon la déclaration de politique générale du gouvernement, qui sera présenté ce 3 octobre au Parlement.
Le taux d’occupation des logements en Algérie a drastiquement baissé
Selon le document, le taux d’occupation des logements est passé de 5,5 personnes par logement en 2000 à 4,4 personnes en 2021. Il est prévu, selon les estimations du gouvernement, que ce pourcentage diminue à 4,418 en 2024. S’agissant de l’accélération de la réalisation de la part restante des logements sous diverses formules au 1er janvier 2020, la réalisation de 62 384 logements a été lancée, dont 4454 Logements publics locatifs (LPL) et 57 930 logements sociaux, précise le communiqué.
Dans le même contexte, 171 659 logements ont été livrés sur un nombre prévu de 216 837 dont 22 817 logements sociaux locatifs et 148 842 logements sociaux. Selon le même document, il a également été décidé de boucler le deuxième programme de logements sous forme de location-vente (amendement 2) au niveau de 10 wilayas du pays. S’agissant du lancement du nouveau programme de réalisation d’un million de logements, 308 801 logements ont été immatriculés, tandis que 34 856 logements ont été lancés dont 3780 logements sociaux locatifs, 270 logements sociaux subventionnés, 24 823 logements ruraux et 5983 logements en auto-construction dans la fragmentation sociale, souligne la déclaration. D’autre part, et dans le cadre de la politique d’éradication de l’habitat précaire, au cours de cette période, il faut savoirs que «4454 logements ont été lancés sous forme de logements publics locatifs et la création de nouveaux découpages sociaux au niveau des régions du Sud et les Hauts-Plateaux, ainsi que les nouveaux pôles dans les banlieues des grandes villes», explique la déclaration de politique générale.
L’Algérie est en train de réaliser des résultats miraculeux en matière de logements
Contacté par nos soins, l’expert en économie, Nabil Djemaâ, est affirmatif et indique que «l’Etat algérien, d’essence sociale, a fait d’énormes progrès en matière de construction de logements au profit des familles nécessiteuses et des citoyens dits de classe moyenne», ajoutant : «L’Algérie , confrontée auparavant à la crise du logement, est en train de réaliser des résultats miraculeux en procédant au relogement de millions de nécessiteux et la mise à la disposition de la classe moyenne tout un programme de logements qui soient en rapport avec leurs revenus», a-t-il indiqué pour situer l’extraordinaire programme de logements lancés par le pouvoirs publics.»
L’Algérie est le seul pays au monde qui agit de la sorte pour loger ses citoyens
Aussi, pour notre interlocuteur, «il n’y a pas un pays au monde qui agit de la sorte pour loger ses citoyens». Interrogé sur l’opportunité de la mise sur pied d’une banque de l’habitat pour répondre aux besoins des citoyens, l’expert Nabil Djemaâ est catégorique : «En dépit de la bonne gouvernance de l’Algérie en matière d’habitat, la création d’un banque chargée de gérer ce dossier est une excellente initiative». Ainsi, selon notre interlocuteur, «avec cette banque, l’Algérie va basculer de la politique du logement à la politique de l’habitat.» Plus précis à cet égard, il note que «cette politique de l’habitat va encourager, par le biais de cette banque et donc de l’Etat, l’acquisition d’un logement pour les bas et les moyens salaires, ce qui n’était pas possible dans le passé avec les anciens dispositifs».
Toutefois, de l’avis de l’expert, «le seul problème qui persistera résidera dans «la justice en matière de distribution des logements». Selon lui, «si l’on continue à donner aux APC, aux daïras et aux wilayas la prérogative de l’attribution des logements, le problème ne va pas se résoudre».
Pour sa part, l’autre expert en économie, Kamel Kheffache, considère quant à lui que «le secteur de l’habitat auquel l’Algérie a accordé un intérêt particulier est peut-être celui, entre autres, qui a le plus réussi avec la multitude de programmes de logements lancés çà et là et cette réussite s’est concrétisée par le relogement des familles nécessiteuses».
La politique du logement en Algérie a connu des métamorphoses
De plus, pour notre interlocuteur, la politique du logement en Algérie a connu des métamorphoses en ce sens que «le secteur n’est pas en passe de distribuer des logements sans contrôle, mais plutôt de développer une approche nouvelle et spécifique pour la gestion du secteur, à travers la révision des lois en vigueur et l’évaluation minutieuse du mode de fonctionnement», a-t-il indiqué. «Il y a la dimension du logement social, mais aussi d’autres formes de promotions immobilières et l’auto-construction en milieu rural». De son avis, «la question des financements reste cruciale face à la forte demande de logements dans toutes ses formes. L’autre mission qui sera dévolue à cette banque sera «la mobilisation de l’épargne des ménages», note-t-il, arguant que «jusqu’à aujourd’hui, l’épargne est insuffisamment canalisée».
Selon Kamel Kheffache, «cela va permettre la bancarisation des Algériens parce qu’il y a beaucoup de faiblesses en la matière du fait qu’il y a beaucoup d’argent dans l’informel». Dans le même ordre d’idées, il fera observer que «la banque de l’habitat permettra aussi une spécialisation sectorielle, puisqu’il va y avoir un accompagnement des entreprises du bâtiment qui seront des clients de la banque».