L’Algérie s’est fixé comme objectif d’exporter pour 7 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures en 2022, contre 5 milliards de dollars réalisés en 2021. «Un objectif aisément réalisable», selon les experts et soutenu par la déclaration du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à l’ouverture, samedi, des travaux de la rencontre gouvernement-walis.
En outre, il faut mettre en exergue le fait selon lequel le changement de l’appellation du département dirigé par Kamel Rezig, devenu depuis le mois de juillet 2021, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations n’était donc pas fortuit. En revanche, il traduit l’intérêt accordé par le gouvernement aux exportations et confirme la détermination des hautes autorités du pays à faire des exportations hors hydrocarbures un véritable levier de croissance de l’économie nationale.
De plus, la direction des Douanes algériennes, qui a révélé que «les exportations hors hydrocarbures dépassent l’objectif de l’année, en détaillant qu’elles étaient évaluées à 3,507 milliards de dollars ces 6 derniers mois, montre, si besoin est, que le chiffre résulte d’une batterie de mesures incitatives comprenant notamment la création de couloirs verts dédiés à l’exportation, des avantages fiscaux, des facilitations administratives, en plus du renforcement du rôle de la diplomatie algérienne dans la promotion des produits algériens à l’étranger».
Optimisme béat quant aux recettes escomptées en matière d’exportations hors hydrocarbures
Contacté par nos soins, lundi, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Abdelouahab Ziani, estime d’emblée que «le nouveau code de l’investissement tant attendu par le patronat et le monde économique met tout en œuvre pour libérer et booster l’investissement en Algérie et, par ricochet, l’acte d’exporter».
«Très optimiste que le montant escompté en matière d’exportations hors hydrocarbures est largement réalisable, sinon davantage», a-t-il affirmé non sans lancer un «appel à défendre et à soutenir tous les exportateurs algériens».
Dans cette optique, il a indiqué qu’il espère que «le gouvernement continuera à faciliter et à lever les obstacles auxquels sont confrontés les opérateurs économiques».
A ce sujet qui constitue une des priorités du gouvernement, sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, notre interlocuteur a également ajouté que «l’exportateur ne doit pas être incriminé en cas de non-rapatriement des fonds». Aussi, en ce qui concerne le secteur des transports, Abdelouahab Ziani a fait savoir qu’ «il est important d’ouvrir des lignes directes pour le transport aérien, surtout vers le continent africain, et aussi plus de soutien et de renforcement aux compagnies nationales de transport maritime, afin de casser le monopole actuel imposé par les compagnies étrangères sur le commerce international».
L’économie algérienne ne manque pas de potentialités pour exporter
Allant plus loin dans son argumentaire, notre interlocuteur souligne que «l’économie algérienne ne manque pas de potentialités pour exporter et desserrer l’étreinte de la dépendance aux hydrocarbures. Depuis quelques années, les opérateurs nationaux se sont tournés résolument vers la conquête de marchés étrangers, notamment en Afrique où les opportunités sont importantes. L’Etat a multiplié les mesures de facilitation pour aider ces hommes d’affaires», il a précisé que «c’est le cas au niveau des Douanes algériennes».
Ainsi, pour Ziani, «on parle de moins en moins d’import-import, mais de l’ambition de notre pays à prendre pied ailleurs pour défendre crânement ses produits qui ont toutes les chances de concurrencer d’autres». «L’Algérie est un pays qui a toutes les capacités d’exporter. C’est à la limite enfoncer une porte ouverte que de l’affirmer ou d’insister dans la mesure où par la seule disponibilité des richesses de son sous-sol, cela ne peut que couler de source», a conclu le président de la Cipa.
L’Algérie se rapproche de l’objectif fixé en matière d’exportations hors hydrocarbures
De son côté, l’expert en économie, Abderrahmane Hadef, est tout aussi optimiste quant à l’objectif d’atteindre le montant de 7 milliards de dollars d’ici la afin de l’année en cours.
En effet, «l’Algérie se rapproche de l’objectif fixé pour l’année 2022 en matière d’exportations hors hydrocarbures» et d’affirmer : «L’Algérie se rapproche de 95% de l’objectif fixé», a-t-il précisé en signalant, dans la foulée, «l’urgence d’améliorer la logistique pour consolider le potentiel de l’Algérie en matière d’exportation». Pour notre interlocuteur, «en termes d’exportations hors hydrocarbures, nous sommes sur une bonne trajectoire», signalant que «la balance commerciale enregistrera un excédent important par rapport à l’année dernière, si l’on ajoute les 50 milliards de dollars d’exportations pétrolières».
Impératif de consolider le potentiel de l’Algérie en matière d’exportations
Il s’avère indispensable, voire incontournable de «consolider le potentiel de l’Algérie en matière d’exportation». Pour cela, il est urgent, a-t-il préconisé, «de travailler sur la logistique, à savoir la dimension exportatrice des ports», en sus d’engager des réformes réglementaires, citant l’exemple du ciment : «Nous exportons actuellement un demi-produit, qui est le clinker. Si le règlement permettait aux cimentiers d’installer des broyeurs à l’extérieur, nous aurions 25% de valeur ajoutée», affirmant que cette mesure peut aussi «préserver les réserves de change».
De plus, pour l’expert Abderrahmane Hadef, «l’excédent de la balance commerciale a été réalisé grâce à une augmentation des exportations globales de 37,8%, se caractérisant par une hausse des exportations d’hydrocarbures de 32% et des exportations hors hydrocarbures de 83%», affirmant que «l’objectif d’exporter cette année 7 milliards de dollars hors hydrocarbures est réalisable, et ce, grâce à la fédération des efforts des différents secteurs ministériels et opérateurs économiques».
Atteindre 2000 exportateurs contre 800 l’année dernière est un signe très encourageant
Selon les experts économistes qui passent pour des voix écoutées, «l’augmentation du volume des exportations hors hydrocarbures est l’un des défis majeurs du quinquennat en cours. Le président de la République a toujours évoqué cette nécessité, mais surtout les capacités du pays à augmenter les exportations hors hydrocarbures, qui ne dépassaient pas les 2 milliards de dollars». En définitive, pour Abderrahmane Hadef, «atteindre 2000 exportateurs contre 800 l’année dernière est un signe très encourageant, qui reflète les priorités données par le président de la République pour encourager et développer les exportations et faire sortir l’économie de notre pays de la dépendance aux hydrocarbures. Il ne faut pas oublier que dans un passé récent, c’était tout le contraire. L’engouement était dans le nombre des importateurs, ce qui avait engendré de graves répercussions sur notre économie». «C’est donc un grand pas pour l’avenir de notre pays, bien que de nombreux nouveaux exportateurs soient encore au stade de prospection et de recherche de partenaires étrangers», a-t-il souligné.
Et pour ne citer que le volume des exportations réalisé au port d’Oran, l’expert Abderrahmane Hadef a indiqué : «Ces dernières années, les autorités algériennes ont multiplié les efforts afin de diversifier les sources des recettes.» En effet, selon lui, «l’Algérie réalise des améliorations en termes d’exportations hors hydrocarbures dont le volume a significativement augmenté au port d’Oran», ajoutant : «Depuis très longtemps, les encaissements du pays dépendaient principalement des gains récoltés en échange des énergies fossiles, à savoir le pétrole et le gaz. Néanmoins, les exportations algériennes trouvent leur voie vers davantage de variations, chose qui se confirme par les dernières données de la société portuaire d’Oran.»
