A l’ombre d’une crise économique qui a considérablement réduit le pouvoir d’achat du citoyen algérien, la sardine, qui faisait le bonheur de la classe moyenne, se fait de plus en plus rare et son prix connait des fluctuations qui se soldent par des hausses permanentes. Pour permettre au citoyen de consommer du poisson tout au long de l’année, le ministère de la Pêche, en coordination ave le ministère de l’Agriculture, s’est lancé dans l’aquaculture.
En effet, le ministère de la Pêche et des Productions halieutiques, a lancé de la vente directe de poisson. Pour avoir plus de détails sur ce sujet, Maghreb info a contacté la directrice de la communication du ministère de la Pêche, Nawel Hamlil, qui a indiqué que «la vente directe des poissons et les produits halieutiques a été lancé durant le mois du Ramadhan en vue de réguler les prix et lutter contre la spéculation».
Ouvertures des halles du producteur au consommateur
Mme Hamlil, nous a confié qu’«au cours du mois de Ramadhan, des halles ont été ouvertes au niveau des ports pour une vente directe du poisson de l’armateur au consommateur». «Les halles à marée ont été ainsi ouvertes au grand public tout au long du mois de Ramadhan, pour permettre aux citoyens de s’approvisionner en produits de la mer à des prix compétitifs», explique la même responsable. «Il s’agit d’une initiative supplémentaire inscrite dans le cadre de la vente directe du producteur au consommateur, préconisée par les hautes autorités pour assurer la disponibilité des produits alimentaires à des prix étudiés», a-t-elle ajouté.
«Notre but est de trouver des solutions afin que les producteurs peuvent vendre les produits directement au citoyens. Nous essayons d’organiser et de régulariser le marché aux poissons pour faciliter la commercialisation et le suivi de la traçabilité du produit», affirme Mme Hamlil.
La responsable nous a confié que «le tilapia rouge est vendu dans les pêcheries de la capitale entre 500 et 600 DA le kilogramme. Ce poisson d’eau douce est très prisé par ses clients».
Le ministère, précise la même responsable, s’attelle donc à travers l’ouverture de ces marchés «à assurer la disponibilité, en quantité et qualité, des produits de la pêche et aquacoles avec diverses variétés en adéquation avec les exigences du marché».
Mme Hamlil nous a expliqué que «cette initiative lancée par le ministère de la Pêche a encouragé la consommation de poissons d’eau douce, notamment le tilapia rouge désormais présents à des prix compétitifs sur les étals des marchés de la capitale dans le cadre d’un réseau de distribution supervisé par la Chambre algérienne de pêche et d’aquaculture (CAPA)».
Selon la directrice de la communication au ministère de la Pêche, «les producteurs algériens maîtrisent actuellement la chaîne de production du tilapia en termes de pisciculture et de mise à disposition de bassins et d’aliments, et ce, grâce à la stratégie adoptée par le ministère, notamment dans son volet relatif à l’aquaculture intégrée à l’agriculture».
Notre interlocutrice nous a expliqué que «cette initiative ne peut pas avoir lieu durant toute l’année pour la simple raison que le tilapia est un produit naturel, qui a besoin du temps pour faire l’avinage, c’est un produit qui prend du temps». «Actuellement on vise à faire une vente du poisson général», a-t-elle ajouté, «mais le problème c’est qu’on ne peut pas fournir le produit de la pêche tous les jours, contrairement aux produits de l’aquaculture qui sont disponibles tout au long de l’année».
Elle a précisé que «la tutelle s’emploie à améliorer les modes de consommation des citoyens à travers des campagnes de sensibilisation visant à encourager la consommation du tilapia, notamment en hiver où la production halieutique baisse».
Un mécanisme fiable pour protéger les professionnels et leurs productions
Le ministre de la Pêche, Hichem Sofiane Salaouatchi, a précisé que «l’initiative de vente directe de daurade et tilapia à des prix concurrentiels, lancée durant le Ramadhan dernier par la Chambre algérienne de la pêche et de l’aquaculture, a été une expérience réussie tout au long du mois. Elle peut être reconduite tout au long de l’année pour protéger les professionnels de la pêche et leurs productions halieutiques», a souligné le ministre, s’adressant à des aquaculteurs et des pêcheurs qui ont soulevé la problématique des mandataires.
Il a dans ce sens ajouté qu’il était «illogique» que la marge de bénéfice des mandataires soit beaucoup plus importante que celle des producteurs, s’engageant à trouver «le mécanisme nécessaire pour réconforter les professionnels de la pêche et protéger leurs métiers».
Invitant les aquaculteurs et les pêcheurs à consulter la loi relative à la pêche et à l’aquaculture, récemment adoptée, le ministre a encouragé les professionnels du secteur à créer des coopératives qui favorisent la vente de leurs productions et protègent leurs efforts. Dans ce volet, Salaouatchi a réitéré l’engagement de son département à «accompagner les professionnels de la pêche pour améliorer leurs conditions socioprofessionnelles et réorganiser le domaine de manière à protéger les différents intervenants dans les métiers de la pêche».
Le ministre s’est enquis, au port de Beni Ksila, de l’avancement de l’opération de dégagement des épaves de bateaux, félicitant les différents intervenants pour la célérité dans le parachèvement de l’opération avec l’évacuation des 45 navires prévus. In situ, le ministre a insisté pour que «les espaces libérés au port soient réservés pour les pêcheurs» et a instruit à l’effet d’œuvrer à mettre à la disposition de chaque pêcheur de ce port une case, dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail de cette catégorie».
Inspectant les cinq fermes aquacoles, investissements de statut privé, entrés en phase d’exploitation à Béjaïa, Salaouatchi a valorisé les initiatives versées dans le développement de l’élevage aquacole dans la wilaya, invitant les responsables locaux du secteur de la pêche à «encourager les jeunes à investir et à développer l’élevage dans les retenues collinaires, avec l’appui des dispositifs de soutien à l’emploi».
Selon les données présentées, les cinq fermes aquacoles, réalisées dans la zone maritime de la commune de Beni Ksila, totalisent une production de 1 500 tonnes de daurade par an, avec une hausse de la production locale de daurade en 2021 qui a atteint 134,38%.
Un exposé sur les travaux engagés et les chantiers en cours et les investissements à lancer dans les ports de Beni Ksila et Tala Ilef, dans la wilaya de Béjaïa ont été présentés au cours de cette visite.
Dans le cadre de ses programmes d’urgence et de sécurisation, le port de pêche de Beni Ksila a réalisé 116 cases de pêcheurs, un abri et un dispositif d’amarrage, ainsi qu’une station d’avitaillement, des barrières électriques et également un poste de contrôle, selon les explications des responsables locaux. Le même port ambitionne de lancer «d’ici la fin 2022» un atelier de maintenance des embarcations.
Au port de plaisance et de pêche de Tala Ilef, une station d’avitaillement, un forage et un dispositif d’amarrage ont été réalisés dans le cadre du programme d’urgence, avec des prévisions d’investir dans une halle à marée et un entrepôt frigorifique, selon les explications fournies.