Des professionnels de l’aviculture nous ont indiqué que la hausse des prix de la volaille était due à la baisse du nombre d’opérateurs dans cette filière, appelant à intensifier les efforts de lutte contre les producteurs exerçant hors du cadre légal et à imposer un cahier des charges définissant les droits de toutes les parties.
Le nombre d’éleveurs avait baissé drastiquement en raison des difficultés rencontrées par la profession, notamment le coût élevé des intrants comme le maïs et le soja destinés à l’alimentation des volailles.
Selon l’expert en économie Abdelkader Slimani, «les prix élevés des produits destinés à l’alimentation des volailles sur les marchés mondiaux a amené de nombreux éleveurs à renoncer à l’aviculture».
De plus, «la forte baisse des prix de la volaille par le passé a poussé les éleveurs à se détourner de cette activité», a souligné l’expert, expliquant que «des quantités de poussins dépassant de loin les besoins nationaux avaient alors été importées, tirant les prix vers le bas et infligeant aux éleveurs de grandes pertes».
C’est pourquoi il est «urgent» de réorganiser la filière avicole et de mettre en œuvre un cahier des charges garantissant aux éleveurs une marge bénéficiaire acceptable et des prix abordables aux consommateurs, a soutenu Abdelkader Slimani.
Selon l’expert, «cette hausse revient à la hausse de l’aliment du bétail qui connu une hausse entre 150 jusquà200%, chose qui ne peut être acceptée par l’éleveur».
Pour notre interlocuteur, «l’Algérie ne maîtrise pas la chaîne de valeur, il n y a une industrie spéciale pour la volaille, l’absence des statistiques».
Le poussin est considéré comme matière première et le taux de mortalité élevé enregistré a affecté les quantités du poussin d’un jour qui deviennent insuffisantes, d’autant plus que les éleveurs se trouvent aujourd’hui dans l’incapacité d’acquérir les intrants destinés à la production.
Il faut dire que de toutes les mesures prises par les ministres du Commerce qui se sont relayés ces dernières années n’ont pas réussi à faire disparaître cette tendance de hausse des prix du poulet sur les étals.
Farid Benyahia : «La flambée des prix de la volaille est due à l’absence d’une stratégie agricole»
En effet, le kilo de poulet de chair est devenu plus cher en passant de 320 dinars à 370 dinars atteignant même 400 DA en l’espace de quelques jours au grand dam des ménages à faible revenu.
Le Dr Farid Benyahia, expert en économie a imputé cette hausse significative de prix de la matière première de l’orge et le blé à travers le marché international, «cette hausse a encouragé la hausse des prix du volaille en Algérie». Révélant que «les prix du maïs et tourteau de soja, qui représentent 80% de la composition des aliments pour volaille, ont augmenté de manière significative en moins de six mois».
«La flambée des prix des viandes blanches serait également due à l’absence d’une stratégie agricole, il n y a une visibilité par apport à la consommation», a-t-il souligné.
Pour équilibrer la volaille il faut équilibrer l’importation des autres produits par rapport à l’offre et à la demande.
Farid Benyahia nous a expliqué que «la hausse du prix du poulet est due en partie à l’importance du prix de volaille, mais aussi l’arrêt d’élevage de plusieurs aviculteurs. Le manque de production a engendré justement une baisse de l’offre sur le marché».
Pour notre interlocuteur, la solution pour régulariser le marché de la volaille «est de revenir à la politique agricole de bout en bout, plus une autre politique pour satisfaire les besoins, il faut qui y ait aussi un excédent de matière première (blé, orge, soja, maïs)». Il a également appelé à «l’installation des unités de production de volaille plus importantes», ajoutant qu’«il faut que l’Etats essaye de régulariser le marché à travers des chaines pour développer les poussins».
Banyahia a aussi proposé à ce que l’Etat développe des «statistiques réelles» ce qui va permettre, selon lui avoir «une visibilité plus adéquate et trouver des solutions susceptibles d’atténuer en premier lieu». Il a également invité le ministère de l’Agriculture à avoir «un fonds spécial au moins d’un milliard de dinars par année pour une durée de cinq ans pour essayer de booster tout le secteur, il faut qui y une démarche réelle». Idem pour le ministère du Commerce, Benyahia a demandé à ce dernier de «neutraliser les lobbies» qui cherchent à casser le tissu national et créer la propagande pour «déstabiliser le marché national». Dans le même contexte, l’expert a estimé que l’Etat doit «créer des chaîne de distribution et diminuer les intermédiaires c’est à dire de l’agriculteur aux consommateurs».
Hacène Menouar : «Il y a une non maîtrise dans le domaine de l’aviculture»
Hacène Menouar président de l’Association «El Aman» pour la protection des consommateurs, a estimé qu’il ne s’agit pas d’une flambée des prix, mais seulement d’un «ajustement» du prix du poulet, il explique que «la flambée spectaculaire des prix des viandes blanches sur le marché local est la conséquence directe de la crise qui avait frappé, au début de l’année, les marchés internationaux des aliments de volaille».
Dans des déclarations à Maghreb Info, le même responsable révélé que «les pouvoir publics n’arrivent pas à régulier le marché des produits alimentaires (agricoles, agro-industrielle, les viandes blanche et rouge) il y a une non maîtrise du domaine».
Menouar a pointé du doigt les barons qui imposent leur diktat sur le marché, soulignant qu’ «à cause des lobbies de la viande cherche à stabiliser la marché et flambé les prix malgré qu’il y est une grande demande sur la viande blanche».
Le Président de l’Association «El Aman» a souligné que «cette hausse à un rapport direct avec les importations de la première matière des aliments, les poussins…».
Répondant à une question sur la relation entre la hausse des prix de la première matière dans le marché mondial et la hausse des prix en Algérie, notre interlocuteur nous a expliqué qu’ «il n y a aucun rapport entre les deux», «certes il y a une légère hausse mais cela n’est pas valable comme raison», a-t-il déploré.
«Nous en tant qu’association El Aman nous avons proposé de trouver des alternatives, il faut qu’en mange de la viande locale, la viande locale elle n’est pas dans la volaille seulement elle dans le chameau, les ovins, camelins, caprins», nous a-t-il déclaré.
Pour les Algériens lambdas, il n’y a pas d’autre explication à cette flambée des prix qui a atteint plus de 30% que la surenchère des producteurs et commerçants.
«C’est un classique algérien. Les prix de la volaille flambent à la veille de chaque fête religieuse. Les prix reviennent, comme toujours, à la normale dans les jours qui suivront les fêtes», a estimé Menouar
«Ces flambées continuent de suscité l’engouement et l’indignation de bon nombre de consommateurs de cette viande blanche. Cette variation inopinée présentée chez la majorité des marchands de volailles, notamment à la veille de chaque fête religieuse ou à l’occasion des fêtes religieuses, chamboule de plus en plus les bourses des ménages algériens», a-t-il conclu.
Saïd Habrih : «Nous sommes en mesure d’exporter du poulet si certains facteurs sont réunis»
De son côté, le président de la commission nationale des volailles au sein de l’Association nationale des commerçants et artisans (Anca), Saïd Habrih, a réagi à la hausse passagère de la viande blanche à la hausse des prix des aliments pour volaille, qui atteint les limites de 10 mille dinars le quintal, qui était auparavant stable aux limites de 4000 à 5000 DZD, cela a causé de grandes pertes aux éleveurs.
Il nous a également expliqué que «les éleveurs n’étaient pas en mesure de contrôler les prix, en raison de leur lien avec des facteurs externes, représentés par les prix élevés des matières premières importées sur le marché mondial, auxquels s’ajoutent le maïs, soja et phosphate et d’autres matériaux qui entrent sur le marché».
Saïd Habrih nous a révélé que «d’autres facteurs ont causé la hausse des prix de la viande blanche, comme l’absence des statistiques qui conduit à l’ignorance des chiffres réels de la division, comme l’absence d’ordre, et le grand nombre des intrus ont rendu les vrais éleveurs inconnus, ce qui est difficile à contrôler la production».
Concernant les solutions proposées pour contrôler les prix et la production, le responsable du Comité national de la volaille et de la viande blanche, au sein de l’Association nationale des commerçants, nous a déclaré que «l’utilisation de moyens modernes de chambre froide, permettra de stocker la production excédentaire en cas de baisse de la demande, et éviter aux agriculteurs et éleveurs de s’exposer à des pertes, pour être ensuite prélevés sur ce stock en cas de hausse de la demande, ce qui contribue à la maîtrise des prix».