Jusqu’à 40 migrants ont été tués lors de la dernière tentative de sauter par-dessus la clôture de Melilla le 24 juin, selon le dernier rapport de l’organisation non gouvernementale Caminando Fronteras, alors que le bilan officiel faisait état de 23 morts. L’organisation espagnole, qui défend les droits des migrants, affirme que «l’accord entre l’Espagne et le Maroc a causé des dégâts terribles et que la violence contre les migrants s’est intensifiée depuis le rétablissement des relations avec Rabat».
Au cours des six derniers mois, l’accord entre l’Espagne et le Maroc a signifié la «répression» en échange de la reconnaissance des «intérêts régionaux» ainsi que des intérêts économiques. Selon l’ONG – qui établit ce bilan grâce aux appels d’urgence de migrants ou de leurs proches, recoupés avec des sources officielles et associatives -, la quasi-totalité de ces corps (87,83%) n’ont jamais été retrouvés et sont donc comptabilisés comme disparus. Parmi les personnes identifiées, originaires d’une vingtaine de pays d’Afrique, 118 femmes ont été recensées, selon l’ONG.
Selon Caminando Fronteras, l’immense majorité (800) des migrants a disparu en tentant d’atteindre l’archipel des Canaries depuis le nord-ouest de l’Afrique, une route particulièrement dangereuse et beaucoup plus empruntée ces dernières années en raison du renforcement des contrôles en Méditerranée. Dans son rapport, Caminando Fronteras dénonce le manque de moyens et de coordination des services de sauvetage en mer des différents pays de la région. L’ONG fustige par ailleurs une «politique mortifère du contrôle migratoire», pointant notamment le récent drame à Melilla, enclave espagnole située au nord du Maroc.
Au moins 23 migrants y sont morts le 24 juin lors de la tentative de quelque 2000 personnes de franchir la clôture marquant la frontière de l’enclave, selon les autorités marocaines. Des ONG ont fait état d’un bilan d’au moins 37 morts. Ce bilan est le plus meurtrier jamais enregistré aux frontières terrestres de l’Espagne avec le Maroc. Le rythme des arrivées de migrants a néanmoins ralenti en Espagne depuis la mi-mars et la fin de la brouille entre Rabat et Madrid intervenue après un revirement du gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental.