En dépit des assurances des ministères de l’Agriculture et du Commerce que cette année, les prix du mouton à sacrifier pour l’Aïd El-Adha seront abordables comparativement aux années précédentes, il se trouve que de nombreuses familles se posent la question sur la célébration du rituel du sacrifice. Si l’on se réfère aux mesures prévues pour atténuer un tant soit peu le poids des dépenses, force est d’admettre que les ménages à revenu moyen ne sont pas sûres de pouvoir s’offrir un mouton au vu des prix pratiques çà et là à moins de trois semaines de la célébration de la fête.
Selon des sources médiatiques, les prix connaissent déjà une hausse sans précédent. Il en est même qui, sans gêne aucune, ont fait savoir que le mouton destiné au sacrifice serait estimé de façon particulière, en fonction du gabarit et des caractéristiques de l’animal.
D’autres sources ont indiqué que la hausse des prix du mouton avait déjà été décidée à cause de la hausse des prix des aliments du bétail (céréales et bottes de fourrage) et de la sécheresse qui a touché des régions du Sud et des Hauts-Plateaux. C’est pourquoi il ne sera pas surprenant de constater, par ricochet, que la hausse sera conséquente…
Le salarié devra encore se passer du sacrifice
Interrogé à ce propos, Abdelatif Dilmi, secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), a d’emblée rappelé que «son organisation n’a eu de cesse d’interpeller les pouvoirs publics afin d’intervenir pour maintenir la stabilité du marché et protéger le pouvoir d’achat», expliquant que «le client achètera chez l’éleveur lui-même, sans passer par des intermédiaires» car pour notre interlocuteur, «ce sont ces derniers qui font monter les prix».
Impact de la sécheresse
Parmi les autres raisons qui font que le prix des moutons ne seront pas abordables cette année, Abdelatif Dilmi évoque «l’épisode de sécheresse qui a impacté la production de l’aliment du bétail». Ce qui, selon lui, «a poussé le petit éleveur à revoir le prix de vente pour sauvegarder sa marge bénéficiaire. Bien que le temps ne presse pas encore, la cherté domine déjà».
Pour sa part, l’ingénieur et expert agricole Ahmed Malha, donne l’impression de s’attendre à ce que les prix des moutons soient abordables cette année en «raison de plusieurs facteurs déterminants». «Si le petit éleveur est libre de fixer le prix du mouton», il n’en demeure pas moins qu’«il agit en fonction des charges que l’élevage lui a imposé, comme l’aliment de bétail qui a augmenté ces derniers mois, le transport vers les points de vente…», a-t-il indiqué.
Des prix abordables
«Pour toutes ces raisons, ajoutées au pouvoir d’achat jugé faible du citoyen moyen, il ne faut pas s’attendre à ce que les prix soient abordables cette année», estime Ahmed Malha.
Sur un autre registre, toujours en rapport avec le spectre de la cherté du prix du mouton, Ahmed Malha souligne: «La probable hausse vertigineuse des prix s’explique par le manque d’approvisionnement du marché qui enregistre un déficit de deux à trois millions de moutons.» Il ajoute que ce n’est pas une surprise : «En fait, cette flambée était attendue au vu de la conjoncture actuelle. Cela compte tenu de la relative pluviométrie de cette année et des prix élevés des aliments de bétail.»
Mission impossible ?
Selon certaines sources, à quelques encablures de la célébration de l’Aïd El-Adha, la plupart des marchés enregistrent déjà des flux massifs de citoyens qui se présentent avec une seule préoccupation en tête : trouver un mouton à un bon prix. Bien que le temps ne presse pas encore, la cherté domine déjà.
En effet, moins de trois semaines nous séparent de cette fête religieuse. Toutefois, l’envolée des prix des moutons règne à l’heure actuelle sur la majorité, si ce n’est la totalité des marchés aux bestiaux algériens.
Si pour le commun des Algériens, les prix affichés dans les quelques marchés sont exorbitants et hors de portée des bourses moyennes, l’éleveur de son coté estime que «les frais liés à la prise en charge vétérinaire et l’achat d’aliment et de fourrage font que la somme demandée est juste moyenne et non exorbitante». Un dilemme qui se pose de manière pérenne.
Le citoyen dans l’expectative
En effet, si les éleveurs expliquent la hausse des prix par la cherté de l’aliment, en revanche, un grand nombre de citoyens désirant acquérir un mouton pour l’Aïd se retrouvent dans l’expectative face à ces tarifs jugés extrêmement élevés. Résultat des courses, seuls les plus nantis pourront approcher ces marchés et s’offrir une bête à scarifier. Pour les autres, il s’en trouvera toujours de faux prétextes pour faire taire les enfants…
A quelques encablures de la fête, le rituel du sacrifice sera-t-il accessible à toutes les bourses ? «Pas si sûr», rétorquent les experts et les agronomes, qui avancent des raisons effectives qui pousseront les éleveurs à «gonfler» le prix de leurs bêtes…
Comme un rituel, la cherté des prix du mouton revient tel un leitmotiv et de manière pérenne, en dépit des efforts des pouvoirs publics pour faciliter l’élevage par la mise à la disposition des éleveurs de tout ce dont ils ont besoin pour garantir des prix raisonnables et une santé irréprochable de leurs cheptels.