En s’attaquant de manière aussi lâche et abjecte en mettant le feu à la bibliothèque de la Faculté centrale de l’Université d’Alger, un certain 7 juin 1962, les mains criminelles de l’Organisation armée secrète (OAS) avaient pour but de ne pas de laisser de traces d’archives et de mémoire à l’Algérie qui s’apprêtait à recouvrer son indépendance après 132 années de colonialisme.
Ce crime contre l’humanité et au savoir est venu, rappelons-le, suite à l’assassinat d’intellectuels algériens et européens qui soutenaient la cause algérienne.
Pour rappel, et afin que nul n’oublie, au milieu de la journée du 7 juin 1962, trois grosses bombes explosent en plein centre d’Alger, plus exactement à la Fac centrale et un gigantesque incendie s’est déclaré, à voir la hauteur des flammes et le nuage de fumée qui s’est élevé dans le ciel de la capitale.
Selon le témoignage de la moudjahida Zoulikha Bekadour, «l’organisation de l’armée secrète de triste mémoire avait placé trois bombes à l’intérieur de la bibliothèque universitaire, et quelques heures après, ce monument historique et les livres, manuscrits et documents qu’il renfermait se sont transformés en un tas de cendres froides», a-t-elle indiqué en ajoutant qu’elle travaillait à la bibliothèque à ce moment-là, et lorsque les explosions se sont produites, elle s’est cachée dans l’une des ailes de la bibliothèque et s’est empressée de récupérer les livres se trouvant à sa portée.
Plusieurs journaux de l’époque avaient ouvert leurs colonnes avec cet événement tragique : le journal France Soir, par exemple, avait écrit en grandes manchettes : «Les flammes de l’incendie dévorent la bibliothèque universitaire, où 600 000 livres ont été brûlés».
Le journal Le Figaro, quant à lui, avait écrit : «500 000 livres ont été brûlés dans les salles d’une bibliothèque en Algérie», tandis que le journal Le Monde avait indiqué que «près de 600 000 manuscrits et documents ont été réduits en cendres dans la bibliothèque universitaire d’Alger».
Selon des témoignages, après le recouvrement de la souveraineté nationale, des étudiants, des intellectuels et de simples citoyens se sont mobilisés pour sauver la bibliothèque universitaire.
Dans le même sillage, il est important de savoir que le 19 décembre 1962, le Comité international pour la reconstruction de la bibliothèque universitaire a été créé en Algérie.
Ce comité était composé de Mahmoud Bouayad (président), Noureddine Skander (vice-président), Jean Sénac (secrétaire général), Mme Jean-Marie France (secrétaire adjointe), Mme Salah Bey (en charge des finances), Saadeddine Bencheneb (en charge des relations extérieures) et Mustapha Herrati (en charge des relations internes).
A noter que la bibliothèque de la Fac centrale est la plus ancienne institution culturelle d’Algérie, datant du 13 octobre 1835, en vertu d’un arrêté du ministère de la Guerre de l’époque, dirigé par Genty Debussy.
Comme il est utile de savoir que la superficie de la bibliothèque de la faculté d’Alger était estimée à 4800 m2, avec une salle de lecture pouvant accueillir 450 personnes, et la longueur totale des rayons était estimée à 17 km, contenant 600 000 livres, alors que la capacité totale de la bibliothèque pouvait atteindre 2 millions de livres.