Si la période estivale est synonyme de farniente, de repos et de vacances, elle est aussi, malheureusement, la période où le nombre de décès par noyade atteint des proportions alarmantes, notamment au niveau des barrages, des plans d’eau et des plages. Aussi, si le nombre de campagnes de sensibilisations sur les risques que présente la baignade en ces lieux, va crescendo, à la veille de chaque début de saison, il n’en demeure pas moins que les éléments de la protection civile, sont sollicités au quotidien par les citoyens.
«De nombreux décès bien avant l’ouverture de la saison estivale», déplore le Colonel Farouk Achour
Et ce qui est encore plus dramatique à souligner , c’est que bien avant la grande ruée vers les plages qui coïncide généralement avec les mois de juillet et Août , les services de la Protection civile ont déjà eu à intervenir .Mais hélas, selon des données crédibles, le bilan des victimes mortes par noyade, enregistré la semaine dernière, fait état de 11 décès en deux jours. Un week-end particulièrement meurtrier sur nos plages.
Hormis les feux de forêts et les accidents de circulation, les décès par noyade , notamment au niveau des retenues collinaires et autres plans d’eau non surveillés, constituent le phénomène le plus répandu en été et parfois bien avant l’ouverture officielle de la saison estivale.
Et le drame est si présent que rien que pour ces dernières 48 heures, des sources émanant de la protection civile affirment que des plongeurs ont retiré des eaux deux personnes qui s’étaient noyées dans la wilaya d’Oran. Ces victimes, âgées de 16 et 19 ans, décédés sur les plages de Belle-vue à Ain El-Turk et le second a trouvé la mort à Sidi Mehdjoub, dans la wilaya de Mostaganem.
La DG de la Protection civile multiplie les campagnes de sensibilisation
Pour parer à cette «hécatombe estivale» une campagne nationale de prévention et de sensibilisation sur les risques liés à la saison estivale, a été lancée, tout récemment, par la direction générale de la Protection civile, selon un communiqué de la dite institution
«Dans le cadre de la préparation de la campagne estivale 2022, la direction générale de la Protection civile, organise chaque année, une campagne nationale de prévention et de sensibilisation sur les risques liés à la saison estivale de l’année en cours et ce, à partir du 16 mai 2022, le coup d’envoi officiel devant être donné à partir des wilayas de Souk-Ahras, Sétif et Tiaret», précise la même source.
Contacté par nos soins, le Colonel Farouk Achour, directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile a bien voulu revenir pour les lecteurs de Maghreb Info sur les différents dispositifs entrepris par la Protection civile pour sensibiliser les citoyens sur les dangers de la mer et la nécessité absolue de respecter les consignes édictées à cet effet.
Ainsi, selon notre interlocuteur, bien avant le lancement de la saison estivale, «des équipes composées d’éléments de la Protection civile sillonnent les écoles pour attirer l’attention des élèves sur le danger insoupçonné que réserve l’acte de se baigner que ce soit au niveau des plages que dans les retenues d’eaux».
«Par une méthode didactique, nous faisons des cours restreints aux élèves des trois paliers afin de les familiariser avec les dangers qu’il peuvent encourir en prenant le risque de se baigner dans les plages non surveillés et à plus forte raisons dans les berges des barrages», a-t-il indiqué avant d’ajouter : «En fait, nous nous efforçons à leur faire comprendre que ça n’arrive pas qu’aux autres et que le respect strict des consignes de sécurité est la condition sine- quanon pour se mettre à l’abri de tout danger.»
De plus, pour affiner leur stratégie qui consiste à attirer l’attention sur les risques de noyades, «les mêmes consignes sont orientés vers les parents pour inciter leurs enfants à se prémunir de ces consignes de sécurité», a précisé le colonel Achour.
«Chaque plage présente sa propre particularité»
Pour le colonel Farouk Achour, «toutes les plages, même autorisées à la baignade, ne présentent pas la même configuration en ce sens que chacune d’elle présente sa propre particularité».
«Il est des plages non profondes mais qui présentent, quelques dizaines de mètres plus loin, un plan profond qui peut tromper la vigilances des baigneurs comme on peut trouver des plages aux apparences tranquilles mais dont les courants peuvent entrainer le baigneur vers le large», explique-t-il avec l’expérience qui est la sienne.
« Et ces différences de configurations sont souvent à l’origine de paniques qui peuvent entrainer la noyade si l’intervention des maitres -nageurs et des éléments de la Protection civile ne se fait pas à temps», note le colonel Achour qui pour situer l’ampleur de ces drames par noyades, nous a rappelé que «dans le cadre du dispositif de surveillance des plages durant la saison estivale dernière, 36.915 interventions ont été effectuées, ce qui avait permis le sauvetage de 25.855 personnes de la noyade, le décès de 95 personnes dont 53 personnes dans les plages interdites et 24 dans des plages surveillées (20 décès en dehors des heures de surveillance) et 84 personnes sont décédées dans les plans d’eau».
«Multiplier la présence de la Protection civile sur les plages»
Pour cette saison estivale, notre interlocuteur nous a fait part de la décision de la Direction générale de la Protection civile de «multiplier ses efforts en matière de couverture d’un nombre plus élevé de plages à l’aide d’un équipement moderne tels les zodiacs…»
Quant aux noyades au niveau des cours d’eau et des rives des barrages, la direction générale de la protection civile, cible en premier lieu «l’inconscience des victimes qui ne mesurent pas le danger que présentent ces lieux de baignade», regrette notre interlocuteur.
C’est ainsi que pour ce dernier, «la vigilance et la conscience que la mer présente des dangers certains même pour ceux qui se disent maitriser la nage, reste l’unique frein pour ces statistiques morbides découlant des noyades», conclut Farouk Achour.
La prudence est mère de sureté, conseille notre interlocuteur qui attribue le nombre de décès sur les plages et autres retenues d’eau au manque de vigilance des baigneurs qui sous-estiment la gravité et le danger de se baigner dans les eaux stagnantes
«Plus de 4.000 agents de la Protection civile, dont des plongeurs, encadreront les plages cette année»
Interrogé sur le plan d’cation entrepris par la Protection civile à l’orée de l’entame de la saison estivale, notre interlocuteur a affirmé: «Le plan d’action est opérationnel, car chaque direction régionale met en place un dispositif opérationnel de surveillance des plages. En premier lieu, il y a le recrutement des agents de surveillance saisonnier, suite à des concours locaux, au profit desquels, des sessions de formation en matière de sauvetage en mer et de secourisme sont organisées. Par la suite, il y a l’installation du dispositif de surveillance à travers les plages surveillées, suite un arrêté de wilaya, la mise en place des postes de secours et de l’équipement de sauvetage individuel et lourd comme les embarcations pneumatiques, les ambulances et tous les moyens nécessaires. Les saisonniers seront durant les 3 mois de la saison estivale encadrés par plus de 4.000 agents de la Protection civile, tous grades confondus, dont les plongeurs de la Protection civile.»
Il convient de souligner, par ailleurs, que nul n’est à l’abri d’un risque de noyade en dépit du fait qu’on puisse s’estimer maitriser l’art de la nage. En effet, une crampe, un étourdissement, ou tout simplement une présence prolongée au soleil sont, des facteurs qui ne font pas bon ménage avec la baignade.
Il est donc primordial de tenir compte des consignes de sécurité émises par la Direction de la Protection civile qui sait mieux que quiconque quand et où «piquer une tête» et comment s’y préparer. Et fatalement, la moindre négligence, peut amener son auteur à affronter un danger que beaucoup avant lui n’ont pas su «amadouer».
