Inspiré de l’environnement culturel désertique, le «Foundou», qui exprime la souffrance des ouvriers des anciennes mines de charbon de Kenadsa à Béchar, est le symbole de la musique de la région de la Saoura. Ce type de musique inspirante est né d’une énergie positive, relaxante et apaisante.
A Béchar, dans la Saoura, cette musique promue par son célèbre compositeur et joueur de oud, le créatif et talentueux Alla, dont le vrai nom est Abdelaziz Abdellah, fait partie intégrante du patrimoine culturel local et national. Alla, très apprécié dans la région, élabore des mélodies distinctes et exceptionnelles de la musique foundou.
Il joue du «oud» de manière improvisée et parfois sans l’utilisation d’instruments à percussion.
Cet art très ancien qui fait partie de la culture locale a inspiré de nombreuses générations de mélomanes des deux sexes dans la région sud-ouest du pays, tout en contribuant à le faire connaître chez nous et à l’étranger.
Il se présente par ailleurs comme une mélodie musicale unique et une nouvelle façon de jouer du «oud», instrument principal de l’art musical des pays du Machrek et du Maghreb, est également considéré comme l’un des instruments de musique les plus importants du sud du pays.
La musique de «foundou» exprime l’inspiration du musicien Alla, qui traduit un état psychologique de douleur ou de joie, selon le moment. Comme il l’a dit un jour, «tout ce qui me fait mal sort».
Le regretté et grand pianiste irakien, Mounir Bachir, a déclaré à propos de cette musique atypique : «Vous avez un interprète exceptionnel en Algérie. Il s’appelle Alla, dont le jeu transcende tous les sommets de la musique arabe».
Il est à noter que le mot «foundou» n’apparaît dans aucune des langues à travers le monde. A l’origine il était fusionnel avec les termes utilisés par les mineurs de charbon pour déterminer la profondeur de la mine, car les points de forage étaient numérotés et le fond représentait deux «von de» (en français).
Ce nom a été donné en l’honneur du père du musicien, selon Amer Younsi, un militant dans le domaine de la valorisation et de la promotion du patrimoine culturel de la Saoura, notamment le «foundou».
Ce nom était connu dans la région de Béchar, avant de l’être aux niveaux national et international.
Aussi, il ne s’agirait pas d’une coïncidence, mais plutôt de l’expression de la terre et de toutes les richesses qu’elle recèle, dont le charbon. «Le foundou est une musique qui nous est venue des profondeurs de la terre, emportant avec elle le goût du charbon de bois mêlé à la sueur et au sang de nos pères et grands-mères», explique Younsi.
Dans ce contexte, il a ajouté : «Les notes de musique du foundou sont sèches et aiguës, exprimant un fort cri de douleur. Cela nous ramène à l’époque de l’exploitation illégale de nos ancêtres pendant la dure période coloniale». Si la musique «reggae» représente un écho du rasta, le foundou est un symbole pour de nombreuses générations d’habitants de la région du sud-ouest.
Il a également souligné que cette musique est «unique, calme, authentique et pittoresque», et qu’elle portait le nom de «foundou» afin de perpétuer le souvenir. «Cette musique, devenue aujourd’hui internationale, exprime parfaitement la richesse du patrimoine musical et culturel de la région sud du pays.
Outre l’association de l’artiste avec son environnement désertique et sa mère patrie, l’Algérie, et malgré le fait qu’il vit depuis des décennies en France et à travers plusieurs albums, tels que Al Qasmia, Al Zahra, Altankul et Taghit et d’autres encore, dont des milliers d’exemplaires ont été vendus en Algérie et à l’étranger, Alla a confirmé que le «foundou» symbolise la culture algérienne.
D’ailleurs, Alla est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de oud du monde arabe. Le foundou a des nuances rebelles, que l’on peut mélanger avec les touffes cramoisies des cheveux de Taghit, la ville à laquelle la famille Alla fait remonter ses origines.
A cet égard, de nombreux artistes de la région de la Saoura ont souligné l’importance de créer et d’organiser un prix national «Alla» pour la musique spirituelle afin de promouvoir cet art et de découvrir de nouveaux jeunes talents.
Pour rappel, en 2020, le ministère de la Culture et des Arts avait annoncé la création de ce prix dans le but de développer ce genre de musique spirituelle et pour encourager les artistes à être créatifs dans la pratique du «oud».