A l’instar de l’ensemble des pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Algérie célèbre, demain, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme qui coïncide chaque année avec la date du 25 avril. Et comme l’OMS consacre un thème bien défini, pour l’année en cours, il a été dit décidé de faire du slogan « Innover pour réduire la charge du paludisme et sauver des vies », le thème de l’année 2022.
D’aucuns se demanderont si le paludisme tue encore. Oui, selon les spécialistes qui estiment que cette maladie tue chaque année, plus de 400.000 personnes, et la majorité des victimes sont de jeunes enfants en Afrique, alors que plus de 200 millions de nouveaux cas de cette maladie sont dénombrés annuellement.
Or , si la maladie tue encore de nos jours, notamment dans certains pays d’Afrique, il est permis de s’assurer que la paludisme peut être vaincu, selon des études publiées par l’OMS.
« La lutte contre le paludisme a toujours été une priorité dans la politique de sanitaire de l’Algérie »
L’Algérie, quoique classée par l’Organisation mondiale de la santé parmi les pays exempts de paludisme, ceci ne doit pas l’empêcher de maintenir le processus opérationnel et de veille en alerte, affirment les spécialistes.
Ce qu’il faut savoir en amont, c’est que la lutte contre le paludisme a toujours été une priorité dans la politique de santé de l’Algérie, et ce depuis l’indépendance du pays.Une politique vaccinale qui tient compte des données épidémiologiques, l’accès universel à la prévention, au diagnostic, au traitement ainsi que l’accélération des efforts vers l’élimination, sont les principales décisions prises parles autorités sanitaires du pays pour arriver à ce qu’il n y ait aucun cas de paludisme autochtone notifié depuis 2014. Un résultat exceptionnel qui reflète le haut niveau de la prise en charge des maladies infectieuses.
Dr Nadia Toumi , de l’EHS El Hadi Flici est formelle quand elle avance que les mécanismes mis en place par l’Algérie pour lutter contre cette maladie et éviter sa réapparition auprès de la population sont tels qu’ils lui ont valu la reconnaissance de l’OMS. En effet, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, Nguessan François a, de tout temps, salué, les efforts de l’Algérie dans la lutte contre le paludisme depuis plusieurs années. Et ces efforts là, selon lui, « lui ont valu d’être certifiée exempte de paludisme en 2019 de la part de l’OMS ».
Ce statut de pays exempt de paludisme ne doit pas laisser les responsables du département de la santé dormir sur leurs lauriers, selon Dr Toumi qui précise : « Les cas qui apparaissent sporadiquement en Algérie sont tous «importés», et ce en raison du déplacement des personnes (migration) et les transactions commerciales avec certains pays subsahariens. »
Il faut savoir, par ailleurs, que les autorités sanitaires du pays ont renouvelé leur volonté politique dans la lutte contre le paludisme en décidant de lancer le processus de préparation du dossier national pour la certification de l’élimination en 2020. C’est pourquoi, selon les spécialistes, il y a la nécessité de la surveillance pour contrôler le paludisme introduit depuis les pays limitrophes.
Pour Dr Nadia Toumi, Il est possible que des cas de paludisme soient importés chez nous mais il n y a pas lieu de s’alarmer dès lors que « toutes les procédures standards opérationnelles pour mieux gérer et contrôler le paludisme d’importation, ont été mises en œuvre ».
« 99 % des cas enregistrés sont des cas importés », rassure Dr Toumi
Ce qui, selon elle voudrait dire que « Le risque est là, en raison du climat, l’étendue de notre pays et sa proximité avec des pays où il y a cette maladie », indique Dr Nadia Toumi, en rappelant que l’Algérie avait enregistré 2746 de « cas importés ». De ce fait, si la maladie a été diagnostiquée, il n’en demeure pas moins que le ministère avait élaboré un plan de prévention contre la réintroduction du paludisme en 2020-2021. Et « ce plan de prévention permet de prendre en charge s’il y a un foyer et de réagir vite pour éviter la transmission et la propagation », conclut-elle.
Sur le plan des statistiques concernant cette maladie virale, il faut savoir que selon des sources du ministère de la Santé et de la population, « 2.726 cas de paludisme, ayant entrainé trois décès, ont été enregistrés en Algérie en 2020, et 1897 cas en 2021 » avec la précision que l’ensemble de ces cas diagnostiqués sont « importés ».
Et pour preuves, la densité des cas pour, l’année dernière, ont été diagnostiqués dans les wilayas frontalières avec les pays du Sahel. « La wilaya de Tamanrasset arrive en tête avec 2.281 cas, suivie d’Adrar avec 283 cas, d’Illizi (183 cas), de Ghardaïa (38 cas), d’Ouargla (19 cas) », indiquent les mêmes sources.
Des chiffres qui inquiètent tout de mêle quand on sait que cette maladie est souvent mortelle. Elle peut être transmise, selon les spécialistes, par certaines espèces de moustiques qui pondent dans les eaux stagnantes comme les flaques d’eau, d’où sa recrudescence pendant la saison des pluies. Et que les déplacements massifs de voyageurs ou de migrants favorisent grandement sa circulation.
Ceci expliquant cela, notre interlocutrice a tenu tout de même à préciser que «99.9 %» des cas sont déclarés dans les wilayas du sud les plus exposées à cette maladie, ce qui exige de renforcer la prévention, le contrôle, le diagnostic précoce et l’information, suivant les recommandations de l’OMS pour éviter la propagation de la maladie. »
De son côté, Dr Omar Lahcène, spécialiste en maladies infectieuses à l’hôpital de Rouiba, est tout aussi optimiste quant à la non transmission systématique de la maladie, a tout de même tenu à indiquer que « même si l’Algérie est déclarée exempte du paludisme par l’OMS, ceci ne doit pas faire baisser la garde. Des cas de paludisme ont été signalés dans les environs d’Alger, mais sans grande gravité », avant d’évoquer le protocole thérapeutique par différents types de médicaments destinés à la prise en charge des personnes atteintes de la malaria, soulignant que « ce traitement n’est pas efficace à 100 % mais peut toutefois prévenir des cas sévères et graves ».
« Les mécanismes mis en place par l’Algérie pour préserver la stabilité de la situation sont très efficaces »
C’est pourquoi, selon les spécialistes qui craignent toujours une recrudescence des cas de paludisme en été, une saison qui favoris les déplacements massifs et la baignade dans les lacs et retenues collinaires, « il est important de maintenir l’état actuel, soit le zéro cas au niveau local (zéro palu), en dépit du fait que le plan national de lutte contre le paludisme arrive à terme (2021-2022) ».
Ce qui est certain, c’est que les mécanismes mis en place par l’Algérie pour préserver la stabilité de la situation sont très efficaces, et les moyens de diagnostic sont renforcés au niveau particulièrement des wilayas frontalières.
Ce qui laisse entendre, selon les spécialistes que « lutter contre le premier vecteur de transmission de cette maladie et renforcer le contrôle des immigrés dans les wilayas concernées, sont principalement les premiers actes de prévention », dit-il avant d’appeler a ne pas baisser la vigilance « tant qu’il y a des déplacements des personnes et des échanges commerciaux entre le Nord et le Sud », a -t-il averti..