Les prix à terme du blé ont augmenté pour la deuxième journée consécutive en raison des inquiétudes concernant les pénuries d’approvisionnement à court terme et de l’impact négatif des conditions météorologiques sur les cultures. Les mauvaises conditions météorologiques dans les Etats des plaines américaines ont soutenu les prix à terme, tandis que l’Association céréalière ukrainienne s’attend à ce que sa récolte diminue à 18,2 millions de tonnes, soit près de la moitié de la production de l’an dernier. Le département américain de l’Agriculture et les Nations unies ont également revu à la baisse leurs prévisions concernant les expéditions de maïs ukrainien vendredi, selon Bloomberg.
«L’impact de la récolte américaine a augmenté avec l’absence de l’Ukraine», a déclaré Arlan Soderman, économiste en chef des matières premières chez StoneX. Les contrats à terme ont augmenté de 3,4% avec un fort volume de transactions, avant de clôturer en hausse de 2,9% à 10,89 dollars le boisseau, le prix le plus élevé depuis fin mars. Les prix du maïs ont inversé une hausse précoce à Chicago, mais ont clôturé en légère baisse après avoir augmenté de 1,3 %.
D’un autre côté, les prix à terme du maïs ont chuté malgré les nouvelles selon lesquelles la Chine réserve plus de maïs provenant d’anciennes cultures aux Etats-Unis pour remplacer le grain ukrainien, en raison des inquiétudes concernant la faiblesse de la demande et une récolte massive de maïs au Brésil.
Dans ce contexte, Zoubar Ali, chargé de la direction de régulation et du développement des productions agricoles au ministère de l’Agriculture a indiqué que «les contraintes d’approvisionnement devraient se poursuivre au cours de la saison 2022-23, car l’Association céréalière ukrainienne s’attend à ce que la récolte de maïs diminue de 39% par rapport à l’année dernière». Intervenant ce mardi sur les ondes de la radio chaîne 3, Zoubar Ali a expliqué que «face à la flambée des prix des produits agricoles sur le marché mondial, l’Etat a mis en place un dispositif de soutien et d’appui à la production agricole, notamment pour les produits stratégiques, à l’instar des céréales et du lait», ajoutant que «l’objectif principal de ce dispositif est de réduire les coûts sur les producteurs et les consommateurs suite à cette flambée des prix de toutes les matières premières au niveau international». «On assiste à une augmentation vertigineuse des prix de tous les produits, mais aussi de celui du fret. C’est la conjugaison de plusieurs facteurs qui en est la cause, à savoir la crise en Ukraine, la pandémie de Covid-19 et aussi les changements climatiques qu’il ne faut pas oublier», explique-t-il.
Une note de conjoncture est élaborée pratiquement chaque semaine
Selon l’invité de la radio, le ministère de l’Agriculture a déjà pris toutes les dispositions nécessaires pour s’acclimater avec ce nouveau contexte mondial. «Notre département ministériel suit d’une façon permanente l’évolution du marché, notamment celui des céréales et du lait», dit-il en précisant, à l’occasion, qu’«une note de conjoncture est élaborée pratiquement chaque semaine». L’intervenant assure que l’Algérie a les réserves suffisantes de blé, et ce, grâce au travail qu’effectue l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), «qui a ses clients et sa part dans le marché mondial». Il précise que le changement du cahier des charges de l’OAIC par le ministère «nous a permis de trouver facilement le produit à l’international et au moment voulu, en élargissant la liste des fournisseurs sans trop d’exigences comme c’était le cas avant».
La superficie irriguée passe à 200 000 d’hectares, selon Mechri Khalfallah
De son côté, Mechri Khalfallah, représentant de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), a révélé que 200 000 hectares de surface consacrés aux céréales ont été irrigués, espérant atteindre
400 000 hectares dans le cadre du programme 2020/2024. L’invité de la radio chaîne 1 a expliqué que «les 200 000 hectares de surfaces consacrés aux céréales qui ont été irrigués entrent dans le cadre de la politique de l’Etat visant à développer les cultures stratégiques, mettant l’accent sur l’objectif d’atteindre un million d’hectares». En ce qui concerne la hausse des prix des légumes et des fruits, en particulier la pomme de terre, l’invité a attribué le principal facteur au manque de pluie pendant les mois de janvier et février, ce qui a affecté la production, en plus des prix élevés des intrants de production et des facteurs tels que les semences, les engrais et le transport, dont les coûts ont doublé à des taux pouvant atteindre 200%. Il a également soulevé le problème du contrôle des marchés de gros qui connaissent une faible réglementation, appelant à une réglementation efficace de ces marchés, ainsi qu’à une refonte de la chaîne de distribution. D’autre part, Mechri Khalfallah s’est félicité des mesures incitatives prises récemment par les hautes autorités du pays pour développer le secteur agricole en Algérie, soulignant «la nécessité de protéger les terres agricoles pour mettre en œuvre cette stratégie ainsi que développer la filière technique, notamment dans le domaine de la céréaliculture». A cet égard, a-t-il expliqué, «nous avons toutes les capacités pour atteindre l’autosuffisance en lait et en matières stratégiques, mais ce qui nous manque, c’est l’accompagnement technique et l’introduction de technologies modernes, en plus du soutien financier». Il a ajouté que la réalisation de la sécurité alimentaire et la préservation de notre souveraineté nationale est une responsabilité partagée par tous, et ce n’est pas seulement la responsabilité du secteur agricole. En outre, l’intervenant a souligné «la nécessité de mettre en place un consensus sur la protection des terres agricoles».