L’Algérie, qui ambitionne de «métamorphoser » son système économique afin d’en finir une fois pour toutes avec la seule rente des hydrocarbures se devait de diversifier son économie et l’orienter vers l’exportation tous azimuts.
C’est pourquoi, depuis son investiture à la tête du pays, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a engagé le pays dans des mutations multidimensionnelles. Avec l’opération de renouvellement des institutions étatiques, des réformes économiques ont suivi pour sortir l’Algérie de sa dépendance à l’égard du marché mondial en assurant l’autosuffisance alimentaire.
Parmi ce florilège de réformes économiques, la création d’un ministère délégué chargé de l’Economie de la connaissance et des Startup fait office d’acte majeur, subtilement réfléchi par les hautes autorités du pays, afin de redorer le blason d’une économie qui peinait à prendre son envol, en dépit des grandes potentialités dont recèle pays en matière de richesses que d’aucuns nous envient.
D’ailleurs, d’importantes mesures ont été prises en faveur de ce secteur des startup qui constitue une première en Algérie, et qui visent à aplanir les obstacles entravant des projets innovants, comme la question du financement et la baisse drastique des taxes et autres impôts.
A ce propos, le Fonds algérien de financement des start-up a eu à financer plus de 180 projets sur un total de 350 demandes de financement de porteurs de projets depuis sa création en 2020, selon des sources concordantes. Ce qui explique l’engouement des porteurs de projets à entrer de plain-pied dans la sphère économique du pays en apportant leur savoir-faire et leur volonté d’apporter leur pierre à la construction de l’Algérie nouvelle.
Contacté par nos soins, l’économiste et directeur du cabinet d’études économiques MBDS Algeria, Hamza Boughadi, a été très prolixe en nous indiquant que des tentatives similaires ont été faites dans plusieurs pays et donné des résultats probants.
Pour le cas de l’Algérie, notre interlocuteur a non seulement applaudi la louable initiative de créer le ministère délégué de l’Economie de la connaissance et des Startup, mais également tout l’arsenal juridique et financier pour son accompagnement.
Pour Hamza Boughadi, « le mouvement qui se produit dans le monde des affaires à travers la planète est une source inestimable pour les porteurs de projets d’être tentés par une immersion dans la sphère économique en créant leurs propres entreprises ».
Or, cela ne suffit pas, pour l’expert, pour dire que la seule création de startup suffirait à assurer un décollage économique conséquent. Pour le seul motif, a-t-il justifié, « le mouvement des startup doit venir en appoint dans une économie déjà bien assise et forte par ses capacités à produire de la richesse ». Autrement dit, « la start-up est une solution dans une économie en marche ».
Sceptique mais non fataliste, l’expert Boughadi conditionne la réussite d’une telle initiative en Algérie par « une souplesse de financement et des reformes structurelles dans le système bancaire ».
Par ailleurs, notre interlocuteur a indiqué : «Dire que les startup sont en mesure de relancer une économique basée à un très fort pourcentage sur la rente pétrolière, c’est aller vite en besogne.»
« Il faut faire la part des choses », a averti l’expert Hamza Boughadi qui soutient mordicus qu’un incubateur ou une startup n’est « tout simplement qu’une façon de voir les choses qui diffère positivement de celle qui a n’a pas marché ou qui a montré ses limites ».
C’est pourquoi, « il est vain d’aller vite en besogne et affirmer que la startup est la solution idéale pour une économie qui dépend fortement de la rente pétrolière », soutient avec conviction l’expert en économie Hamza Boughadi
Pour sa part, Kamel Kheffache, expert consultant en développement économique, s’est félicité du développement réalisé dans l’environnement des startup qui a connu une amélioration notable.
A une question sur l’apport des startup pour réaliser le décollage économique en Algérie, ce dernier a indiqué : «Pour réaliser le décollage économique en Algérie, la seule création de startups devrait être accompagné par un florilège de conditions ». Car pour lui, une start-up est une sorte d’éclaireur qui vient proposer sa solution ».
De plus, une startup ou un incubateur joue le rôle de guide et d’ «idée innovante » qui permet, selon le secteur visé, de fournir la solution à un problème donné. Permettre d’écouler une marchandise dans un marché plombé par un pouvoir d’achat qui va à contre-courant des maigres capacités des ménages constitue l’objectif conféré à la start-up qui grâce à des connaissances acquises dans les universités peut être en mesure de trouver des raccourcis salutaires.
« Que ce soit dans le cadre de l’agriculture ou tout autre secteur, la start-up propose d’aller vite et bien dans la production ou la commercialisation d’un produit », a affirmé notre interlocuteur qui reste tout de même sceptique si un accompagnement et une lumineuse orientation venait à faire défaut.
Cela étant dit, « l’initiative prise par les pouvoirs publics de consacrer tout un ministère pour le développement des startup est non seulement très louable pour tout ce quelle peut apporter comme valeur ajoutée à l’économie du pays, mais en amont, celle-ci devrait créer auparavant un terrain favorable pour voir les résultats à moyen terme », a-t-il relevé à ce propos.
De l’avis de ces experts en la matière qui restent persuadés qu’avec une bonne gouvernance, l’Algérie est en mesure de réussir son décollage économique, l’initiative fort louable des pouvoirs publics d’investir dans l’économie du savoir et la création de startups viendra à coup sur « secouer le cocotier ».
Le seul bémol qui intervient dans cette équation reste évidement l’accompagnement tous azimuts des porteurs de projets et la mise en place de nouvelles mesures tendant à débroussailler le chemin vers la concrétisation.
A ce propos, il est utile de rappeler qu’une série de nouvelles mesures au profit des startup et des incubateurs, comme la prise en charge des frais inhérents aux brevets d’invention et à la propriété intellectuelle, a été décidée et mise en pratique, à coté d’un nouveau programme au profit des porteurs de projets innovants pour bénéficier d’un accompagnement financier adéquat.