L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé vendredi le lancement d’un programme de production de vaccins contre la Covid-19 en Afrique afin de réduire la dépendance sanitaire du continent. Une initiative qui vise également à booster la vaccination dont le niveau, malgré les progrès d’approvisionnement, demeure très faible.
Il s’agit, selon l’OMS, des vaccins à «ARN messager», que six pays vont produire à travers leurs chaînes de production. L’organisation a cité l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie, tout en exprimant son souhait que ce dispositif permettra à l’Afrique, dont seulement 11,3% de la population est entièrement vaccinée, de rattraper son retard.
Dans un entretien accordé à France 24, le professeur Yap Boum, le représentant de Épicentre pour l’Afrique, la branche de recherche de Médecins sans frontières (MSF) a estimé que le programme de production de vaccins annoncé par l’OMS est un pas de géant, dans le sens où il peut permettre de fabriquer en fonction des besoins et donc d’apporter une réponse adaptée aux situations locales.
Il a ajouté qu’il stimulera la recherche sur le continent et permettra à l’Afrique de participer à l’effort global visant à mettre au point de meilleurs vaccins permettant d’arrêter l’épidémie, et non juste de la freiner et d’éviter formes sévères, comme c’est le cas actuellement.
«Enfin, toujours sur le plan de la recherche, ce programme va permettre de mener des essais cliniques en Afrique. Cet aspect est crucial car l’efficacité des vaccins peut varier en fonction du contexte et des populations et une seule étude a été menée sur le continent jusqu’ici par AstraZeneca en Afrique du Sud», précise le chercheur.
A la question sur le faible taux de vaccination, le Pr Yap Boum a indiqué que la réticence vaccinale demeure forte en raison de la désinformation, mais surtout à la situation sanitaire de la plupart des pays africains où, explique-t-il, malgré un taux de contamination élevé comparable à l’Europe, le nombre de décès est resté beaucoup plus faible.
Interrogé s’il existe encore des problèmes logistiques qui freinent l’accès au vaccin en Afrique, le représentant de Épicentre pour l’Afrique, la branche de recherche de Médecins sans frontières (MSF) a répondu qu’il est parfois difficile d’acheminer les doses dans les territoires les plus reculés, précisant qu’il s’agit d’un problème de financement, mais également d’organisation logistique.
Évoquant les campagnes de sensibilisation pour la vaccination, il a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur des campagnes ciblées et fixer des priorités. «L’OMS est dans son rôle lorsqu’elle fixe des objectifs à l’échelle du continent, mais ces règles doivent ensuite être adaptées à la situation des pays pour être pertinentes», ajoute le chercheur.
Une nouvelle version plus dangereuse et plus contagieuse
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné qu’il existe des «conditions idéales» dans le monde pour l’émergence d’une nouvelle version plus contagieuse et plus dangereuse du coronavirus.
Dans un discours qu’il a prononcé vendredi lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, en évoquant les progrès accomplis contre la pandémie du coronavirus, M. Tedros a souligné que le processus de la vaccination couvrait un large éventail de la population dans certains pays, et que le variant Omicron a provoqué des cas plus graves de la maladie, entraînant, selon lui, la propagation de discours dangereux sur la fin de la pandémie. Il a souligné que le coronavirus tue environ 70 00 personnes chaque semaine dans le monde, alors que les systèmes de santé supportent toujours une charge excessive, et «suivre le développement de l’épidémie est une mesure de tous les instants» et de conclure : «Il faut tout mettre en œuvre pour juguler cette pandémie».