L’investissement est un des piliers de l’économie. L’Algérie encourage le développement du secteur, mais il existe plusieurs obstacles qui retardent son avancement, notamment la digitalisation, le secteur des banques, le secteur fiscal, le système juridique et la bureaucratie.
Des réformes doivent être appliquées
Le climat de l’investissement en Algérie n’est pas confortable à son développement, a déclaré à Maghreb Info, Dr Elhouari Tigharsi, expert économique et ancien député de la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN). Parmi les obstacles dans le secteur de l’investissement dans le pays, selon l’expert, c’est le problème de la digitalisation. Les opérateurs économiques ne peuvent pas développer leurs activités à travers les opérations économiques classiques administratives. Il est important de passer actuellement aux opérations électroniques afin de réduire le temps et l’effort.
L’expert a révélé la nécessité des réformes du secteur financier et boursier afin de bien financer les entreprises. Il a également critiqué le système bancaire en Algérie qui a créé une problématique de financement et d’accompagnement surtout dans le secteur public. Le secteur fiscal a besoin également d’une réforme selon M. Tigharsi. Durant ces deux dernières années, avec la crise sanitaire, il existe un manque dans l’accompagnement, le payement et la collecte des impôts. « Il y a beaucoup d’entreprises qui ont échoué et nous n’avons pas su comment les accompagner et les soutenir financièrement », a-t-il dit. L’expert a confirmé que la valeur de l’impôt en Algérie est très élevée ce qui représente un grand obstacle pour l’investisseur contrairement aux pays étrangers. « La plus grande valeur d’impôt en Afrique est en Algérie », a-t-il précisé. Il est nécessaire de réduire les impôts pour augmenter les bénéfices des entreprises et élargir leurs activités économiques dans la prochaine période.
La gestion du foncier industriel, d’agriculture et touristique doit être revue à travers la mise en place d’une politique de gestion financière d’après l’expert. « L’Agence nationale du foncier industriel proposée par le président de la République n’est pas encore réalisée. Nous sommes toujours dans les débuts. Les problèmes de la gestion du foncier touristique sont plus grands que le foncier industriel. Dans l’agriculture, le foncier représente de grands obstacles », a-t-il indiqué.
Le système juridique dans l’économie contient environ 11 codes et loi citant le code de l’investissement et la loi relative aux transactions qui seront tous attendus à passer par le p
Parlement. M. Tigharsi a appelé à bien appliquer ces lois car il n’y a pas un système de contrôle sur l’application des lois en Algérie. La hausse des frais de la douane est aussi un problème et comme résultat les prix des produits deviennent chers et c’est toujours les citoyens qui payent. L’expert a proposé de renforcer le système juridique dans l’investissement et créer une dynamique digitale et économique.
Des solutions radicales à mettre en place
Les obstacles dans le secteur de l’investissement interne en Algérie c’est le problème de l’administration qui ne croit pas encore en la création de la richesse à travers le secteur privé, a souligné M. Youcef Mili, président du forum de l’investissement et le développement des entreprises « IDEF », à Maghreb Info. « Les lois qui organisent le secteur de l’économie n’aident pas le développement de l’investissement. », a-t-il indiqué.
A propos de l’investissement étranger, M. Mili a expliqué que le climat de l’investissement est très faible et les indications montrent qu’il y a plusieurs risques pour les investisseurs étrangers comme l’absence de la liberté du transfert des capitaux ainsi que le côté juridique. Le président du forum « IDEF » a cité un nombre de solutions qui permettront, d’après lui, de développer le secteur de l‘investissement. Il est important de revoir la problématique de l’accompagnement des investisseurs et de passer d’une administration qui monopolise le secteur à une administration qui accompagne les opérateurs économiques. « Je propose qu’il y ait un cahier des charges pour l’investisseur fourni par l’Agence nationale de développement de l’investissement (Andi) pour le suivre directement sans revenir à l’administration. A la fin d’appliquer de toutes les procédures du projet, l’investisseur peut recevoir la validation », a-t-il indiqué.
Dans ce contexte, M. Youcef Mili a proposé également d’élargir les prérogatives des présidents des Assemblés populaires communales (APC) afin d’être en contact avec les investisseurs et les accompagner dans leurs projets et que les cahiers des charges seront présentés au niveau des APC pour éviter les déplacements des personnes qui habitent dans les zones éloignée. « Il faut installer dans chaque commune, une annexe de l’Andi pour les investisseurs », a-t-il précisé.
Le président du forum de l’investissement et le développement des entreprises a ajouté que les banques en Algérie sont très en retard et ne peuvent pas accompagner l’investissement et l’économie moderne.
Des chiffres importants mais insuffisants !
Les autorités publiques ont fourni d’importants efforts pour développer l’investissement incluant dans la stratégie du lancement de l’économie algérienne mais elles sont considérées comme insuffisantes par plusieurs experts dans le domaine.
Le directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement Mustapha Zikara, avait déclaré que son agence a enregistré en 2021, un nombre de 1.877 projets d’investissement pour un montant de 526 milliards de dinars. Dans le même contexte, 46 mille postes d’emploi ont été proposés dans le cadre de ces investissements. Dans le secteur de l’industrie, l’agence a enregistré 980 projets avec un montant de plus de 275 milliards DA et plus de 28 mille postes d’emploi proposés. Sur le nombre global des projets déclarés auprès de l’agence, selon la même source, « 268 grands projets d’investissement ont été enregistrés avec un montant d’investissement de plus de 500 millions DA, ce qui représente des investissements globaux de plus de 358 milliards de DA, qui permettent la création de plus de 21.000 postes d’emplois ».
Toujours en termes de chiffres, le bilan présenté par la présidence de la République fait ressortir la levée des obstacles sur 915 projets, soit « une hausse de 38 projets par rapport au bilan présenté lors du dernier Conseil des ministres, et la délivrance de toutes les autorisations nécessaires ». Ces projets permettent la création de 52.187 postes d’emploi directs dans 46 wilayas.
La même source avait indiqué également que le président de la République a « ordonné de clarifier la nature des projets dans tous les secteurs, d’élaborer des rapports précis et détaillés concernant les chiffres, et de faire la distinction entre les petits et les grands projets ». D’autre part, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar a présidé, cette semaine au siège de son département ministériel, une réunion de la commission nationale de suivi des projets d’investissement en suspens, consacrée à « la définition des mécanismes de régularisation de la situation des projets d’investissement restants ».
La commission a pu, selon le ministre, lever les obstacles sur 503 projets sur un total de 864 en suspens recensés. Zeghdar a appelé les membres de la commission à « redoubler d’efforts pour accélérer le traitement des dossiers des projets restants au nombre de 361 ». Le ministre a mis, également, en avant l’importance de « mener davantage de projets d’investissement lucratifs bilatéraux ». Il a invité, dans le cadre de l’investissement étranger, certaines entreprises étrangères à renforcer leur présence sur le marché algérien à travers des partenariats gagnant-gagnant.
L’économie moderne nécessite actuellement de réformer plusieurs aspects liés à l’investissement en Algérie. Il est essentiel que les hauts responsables pensent à mettre plus de facilitations aux investisseurs afin de développer ce secteur.