Les personnes aveugles et malvoyantes rentrent beaucoup de difficultés pour trouver les outils et le matériel développés qui leur facilitent la vie. Actuellement, le braille n’est plus la seule façon de communiquer à l’écrit. Le tactile, les lecteurs des écrans et autres doivent être disponibles. Le problème de l’application de la loi qui concerne le recrutement des personnes ayant un besoin spécifique est également un autre souci à régler.
Les outils technologiques en manque
Dans le cadre du développement technologique concernant les aveugles et les malvoyants afin de trouver des outils pédagogiques développés, Adjroudi Slimane, Maitre d’Eduction Spécialisé Principale (MES) en braille, a déclaré à Maghreb Info que le problème en Algérie est qu’il n’y a pas un intérêt à l’importation et la commercialisation de ces outils. La cherté de ces outils importés destinés aux malvoyants est aussi un autre problème. « J’aurais aimé que les importateurs ramènent des outils développés destinés à cette catégorie et les commercialisent aux administrations », a-t-il indiqué. Adjroudi a affirmé que l’utilisation des outils développés facilite l’apprentissage pour les élèves et le travail pour les employés.
Parmi les exemples, c’est d’avoir un micro adapté aux personnes aveugles et malvoyantes à travers le clavier ou les applications spécialisées. « Ce que les voyants regardent sur les écrans, les aveugles peuvent l’écouter en utilisant les lecteurs d’écran », a ajouté Slimane Adjroudi. Le manque dans les outils développés pour les non-voyants et les malvoyants dépend des décisions de certains responsables dans le gouvernement, selon Adjroudi. Pour le spécialiste, mettre les logiciels et les applications et tous les autres outils à la disposition des personnes qui l’ont besoin n’est pas très difficile.
Pour rappel, l’Organisation nationale des aveugles algériens a lancé un projet de fabrication des tablettes d’écriture en braille. Elle a appelé un investisseur privé pour l’acquisition d’un moule utilisé dans la production de ce matériel. Les tablettes d’écriture en braille est un moyen pédagogique indisponible sur le marché national. Son prix est estimé à environ 11 000 DA l’unité. Selon l’organisation, le projet entre dans le cadre des activités de la micro-entreprise locale Wamid pour l’intégration des non-voyants, spécialisée dans la fabrication des balais et des brosses de haï Menaouar. Son objectif est de couvrir les besoins de 25 écoles de non-voyants réparties à travers le territoire national, soit un effectif moyen de 90 élèves par établissement. L’Organisation nationale des aveugles algériens vise « d’acquérir d’autres moules pour la production de tablettes pour le calcul et la géométrie, utiles pour la scolarisation des personnes non-voyantes ».
Le matériel destiné aux personnes qui ont un problème intensif de vue est multiple. Le braille n’est plus le seul outil. Parmi les nouvelles technologies comme les applications et les logiciels développés, il existe l’application vocale presse qui représente une des solutions pour les malvoyants qui « aiment se tenir au courant grâce aux journaux, mais qui ne parviennent plus vraiment à les déchiffrer ». Elle sert à la lecture audio des informations de différents journaux. Il y a la Voxiweb qui permet aux personnes aveugles d’avoir accès à l’Internet. Son principe est de vous lire ce qui s’affiche sur l’écran. Nous citons également ZoomText qui peut grandir et améliorer tout ce qui se trouve sur votre écran d’ordinateur. Le NVDA ou Non Visual Desktop Access est aussi un lecteur libre des écrans d’ordinateur. En Algérie, il est difficile de pouvoir trouver ces applications, ce qui provoque d’autres difficultés aux personnes aveugles ou malvoyantes.
Les lois existent mais pas l’application
En Algérie, il y a une loi relative à la protection et la promotion des personnes handicapées qui organise leur recrutement. Cette loi définit un taux d’au moins 1% des postes d’emploi aux personnes ayant un besoin spécifique. Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a mis en place une plateforme numérique dédiée aux personnes aux besoins spécifiques désirant réaliser des projets dans le cadre de l’Agence nationale de la gestion du microcrédit (ANGEM). Le ministère a indiqué que « le secteur a initié l’élaboration d’une mouture du projet de révision de la loi n° 02-09 du 8 mai 2002 relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, à l’effet d’actualiser certaines de ses dispositions ». La catégorie des non et mal voyants est concernée également par l’allégement des procédures dans le but de renforcer le recrutement des personnes ayant un besoin spécifique.
Le spécialiste Slimane Adjroudi a appelé à l’augmentation du taux des postes à 3% et même 5% pour donner plus de chance aux personnes ayant un besoin spécifique, notamment les personnes aveugles ou malvoyantes de trouver un emploi qui correspond à leur situation. « Les lois existent mais sans l’obligation de l’application. Nous demandons l’application du taux 3% et l’augmenter à 5% », a-t-il insisté. D’après le spécialiste, il est important de faire participer toutes les catégories ayant un besoin spécifique, chacune selon son handicap afin d’enrichir la loi et ce pour le bien de toutes les personnes concernées.
Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, avait souligné, dans ce contexte, que la valeur des subventions financières annuelles allouées aux personnes ayant un besoin spécifique a dépassé les 22 milliards de dinars pour l’année 2021. Il avait déclaré que la catégorie des personnes ayant un besoin spécifique est prise en charge par les allocations et la couverture sociale et cela se fait de manière automatisée par le biais des subventions financières annuelles du budget de fonctionnement destiné au secteur de la solidarité. Le Premier ministre avait dévoilé que pour l’année passée, l’octroi financier a été estimé à 22 646 milliards de dinars pour prendre en charge 268 272 personnes ayant un besoin spécifique. Jusqu’à 31 août dernier, le chiffre de 258 973 bénéficiaires a été enregistré.
Non-voyantes ou malvoyantes, c’est quoi la différence ?
La société algérienne ne fait pas de différence entre les personnes non-voyantes ou malvoyantes. Il faut savoir qu’il y a deux types de malvoyance. Il y a des personnes qui ont une déficience visuelle et d’autres qui sont aveugles totalement. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 1,3 milliard de personnes vivrait avec une forme de déficience visuelle, à l’échelle mondiale. D’après l’OMS, l’impact social de la malvoyance est très clair sur les jeunes enfants atteints d’une déficience visuelle grave à un stade précoce. Ils peuvent éprouver un retard de développement moteur, psychologique, social, cognitif et du langage qui aura des conséquences tout au long de leur vie, d’après la même source. Par rapport aux enfants qui ont une vue normale, les enfants d’âge scolaire ayant une déficience visuelle peuvent également avoir des niveaux de réussite scolaire inférieurs, a souligné l’OMS. A propos de son impact économique, l’Organisation mondiale de santé a précisé que « la déficience visuelle représente un énorme fardeau financier mondial. Ainsi, chaque année dans le monde, les pertes de productivité associées aux déficiences visuelles imputables à la myopie et à la presbytie non corrigées sont estimées à 244 milliards de dollars et 25,4 milliards, respectivement ».
Il est à noter que la perte de la vue signifie la perte d’un sens, ce qui impose le développement d’autres sens pour combler ce manque. Le développement de l’ouïe, le sens tactile, le sens des masses et les potentialités visuelles pour les malvoyants ne pourrait se réaliser qu’avec un matériel spécifique. Le gouvernement, le ministère de la Solidarité, le ministère du Commerce et tous les autres établissements doivent penser à la catégorie des personnes non- voyantes et malvoyantes pour importer le matériel indispensable pour leur situation et le rendre disponible sur le marché algérien.