Inciter les jeunes à s’investir dans la pisciculture est une des procédures que suit le ministère de la Pêche dernièrement. Cette nouvelle technique d’élevage a pour objectif d’améliorer la production de poissons en Algérie. La consommation de poissons des eaux douces a besoin d’être plus acceptée par les Algériens. Entre avantages et risques, l’élevage des poissons en pisciculture est-il avantageux ?
L’élevage des poissons est dû au manque de la production maritime
Le secteur de la pêche en Algérie connait une baisse de production de poisson, selon Hocine Bellout, président du Syndicat national des marins pêcheurs. Il a déclaré à Maghreb Info que les capacités de l’Algérie dans le secteur maritime ne sont pas bien exploitées. D’après Bellout, une des raisons principales de l’encouragement de l’investissement de la pisciculture en eau douce est de renforcer la production nationale des poissons.
Pour rappel, la Chambre algérienne des pêches et de l’aquaculture a appelé les jeunes souhaitant investir dans le domaine de la pisciculture en eau douce à s’inscrire pour bénéficier de l’accompagnement dans leurs projets. Deux types de poissons, tilapia rouge et tilapia, sont concernés par ce programme. Le président du Syndicat national des marins pêcheurs a indiqué que la pisciculture est une nouvelle technique qui vient de commencer en Algérie et servira à la reproduction des poissons. « La pisciculture est la roue de secours de la pêche maritime. A travers cette technique, 5 000 petits poissons élevés peuvent grandir à 30 centimètres et avoir le poids de 20 kilos chacun », a-t-il souligné.
Hocine Bellout a ajouté que de différents types de poissons, à part les tilapias, sont capables à être élevés en pisciculture comme la carpe, la carpe argentée, la carpe grosse bouche et carpe infernale. La pêche maritime rencontre une insuffisance dans la production des poissons mais les nouvelles techniques de l’élevage augmentent la quantité et rendent les poissons disponibles.
La pisciculture en eau crée de l’emploi aux jeunes
Il existe 67 barrages en Algérie, ce qui est avantageux pour le lancement des projets de la pisciculture. Les poissons élevés par cette technique pèsent lourds et vendus facilement, selon les confirmations du président du Syndicat national des marins pêcheurs. « Le président de la République a donné des instructions au ministre de la Pêche maritime, qui a lancé à son tour des programmes. Nous sollicitons leurs décisions et nous les accompagnons pour les appliquer », a indiqué Bellout.
Les investissements dans la pisciculture en eau douce sont rentables pour les porteurs de projets dans ce domaine. Des postes d’emploi pour les jeunes souhaitant travailler dans le secteur des productions halieutiques. Durant l’année scolaire 2020-2021, 2 360 étudiants ont été diplômés des instituts et des écoles de formation relevant du secteur de la pêche et des productions halieutiques. Ces écoles et instituts ont assuré, durant la même période, la formation de plus de 10 000 étudiants.
En ce qui concerne la création des projets, il est à noter que la décision du ministère de la Pêche et des Productions halieutiques de lancer un programme de pisciculture en eau douce est inscrite dans le cadre de la mise en place du groupe de travail mixte avec le ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la micro-entreprise, représenté par l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE).
Afin de promouvoir la consommation des poissons de l’eau douce, il faut rappeler que 1 000 microcrédits ont été affectés, en mois d’octobre dernier, par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, en collaboration avec le ministre de la Pêche et l’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGEM), au titre de l’exercice 2022. Ce programme a pour objectif de lancer des activités génératrices de revenus dans le domaine de la pêche et de la pisciculture.
Prix exorbitants des poissons
Au sujet des prix, le président du Syndicat national des marins pêcheurs a précisé que les prix des poissons d’eau douce sont fixes et plus raisonnables en les comparant avec les prix des poissons marins. « Le prix des poissons marins dépend du changement climatique. C’est pourquoi les prix augmentent et baissent à chaque fois, selon la quantité des poissons disponible », a-t-indiqué. Bellout a souligné que des gangs dans le secteur maritime imposent les prix des poissons sur le marché. « Hier, le prix de la sardine à Skikda a fait 950 DA le kilo. Celui du merlon local a augmenté à 1 600 DA le kilo, et le prix du merlon importé varie entre 1 300 et 1 400 DA le kilo. La crevette blanche est vendue à Tlemcen 700 DA, mais les prix de la crevette rouge et la crevette royale sont beaucoup plus élevés dépassant les 4 000 DA. Ces prix sont exorbitants», a-t-il ajouté.
Hocine Bellout a affirmé que le problème réside dans le contrôle, qui doit être plus strict pour empêcher la spéculation et les dépassements dans le secteur maritime. « La Direction des impôts et la Direction du commerce ne font plus leur travail de contrôle. Ils se concentrent seulement sur certaines activités commerciales. Concernant les ports, le contrôle est absent », a-t-il confirmé.
En outre, Bellout a appelé au renforcement de la production des poisons à travers les nouvelles techniques d’élevage telles que la pisciculture en eau douce dans le but de répondre au besoin national et aller ensuite à l’exportation. « Nous venons de démarrer dans la production des poissons en eau douce, mais c’est faisable dans l’avenir et nous voyons des expériences réussies des autres pays dans ce domaine comme l’Egypte ».
La consommation des poissons des eaux douces encouragée
Dans le cadre d’un réseau de distribution supervisé par la Chambre algérienne de pêche et d’aquaculture, la consommation des poissons des eaux douces par le ministère de la Pêche, notamment le tilapia rouge, désormais présents à des prix compétitifs sur les marchés. Le directeur central du développement de l’aquaculture au ministère, Rachid Anane, avait souligné, dans ce contexte, qu’il faut sensibiliser les consommateurs sur « l’importance de ce poisson d’eau douce, réputé pour sa valeur nutritive tout aussi importante que les poissons marins, son goût et ses différents modes de cuisson ».
Il est à noter que la pisciculture est une des branches de l’aquaculture qui implique l’élevage commercial de poissons dans des bassins ou des enclos tels que des étangs à poissons. En général, il y a deux types de pisciculture.
Le premier est la pisciculture d’étang, avec un bassin en terre, « dans lequel les poissons se nourrissent complètement ou partiellement à partir de la production biologique du milieu ».
Le second est la pisciculture intensive en bassins artificiels ou cages, « dans lesquels les poissons sont exclusivement nourris avec de l’aliment apporté par le pisciculteur ». Il existe plusieurs méthodes utilisées dans la pisciculture telles que le système de cages placées dans des lacs, les systèmes de fossés ou de bassins d’irrigation pour élever des poissons, l’utilisation de grands réservoirs en plastique placés dans une serre et d’autres. Dans la production de poissons d’eau douce, la nourriture est fournie pour poissons de l’extérieur.
Les nouvelles techniques d’élevage des poissons sont une solution pour augmenter la production locale et viser l’exportation dans l’avenir. Ce qui pourrait devenir l’obstacle, c’est le manque d’intérêt à la consommation des poissons en eaux douces par les Algériens. Les porteurs des projets dans ce domaine doivent penser également à ce problème pour diminuer les risques d’échec.