Le ministère de l’Education nationale a promis de régler le dossier financier avant la fin de l’année et de s’engager pour demander aux autorités publiques d’augmenter les salaires des enseignants. Les syndicats du secteur sont en train de discuter les réponses de la tutelle pour prendre position cette semaine, avant de retourner à la grève.
Le ministère de l’Education nationale répond aux revendications
Les dossiers financiers accumulés depuis des années dans le secteur de l‘éducation seront réglés avant le 31 décembre, a confirmé le ministère de l’Education nationale. Les salaires des enseignants et des professionnels du secteur seront également augmentés selon les promesses du ministère. Dans un procès de convention signé entre le syndicat de l’éducation Cnapeste et le ministère, la tutelle a affirmé son engagement de d’organiser un concours de promotion des enseignants aux grades « principal » nouvellement créé et « formateur », dans le cadre de l’année scolaire 2021 et qui continue pour l’année 2022.
Le ministère de l’Education a décidé de procéder à un examen professionnel en session exceptionnelle pour les enseignants dont leurs spécialités sont « en train de disparaître » ainsi que les enseignants de formation technique dans les lycées afin de régler les cas restants. Dans ce cadre, le ministère de l’Education a également promis de coordonner avec les syndicats pour revoir la mobilité dans le secteur.
Le Cnapeste prend position cette semaine face aux réponses de la tutelle
Le ministère de l’Education nationale a donné des réponses partielles aux revendications de ses fonctionnaires, a souligné à Maghreb Info Messaoud Boudiba le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste). Les réponses de la tutelle ne sont pas directes et claires. « Le ministère de l’éducation répond selon ce qu’il peut », a-t-il ajouté. Actuellement, les réponses du ministère sont au niveau de toutes les institutions scolaires et les assemblés généraux sont en train de discuter d’organiser des réunions pour donner leurs avis à ce propos, a indiqué Boudiba. « L’avis principal revient aux enseignants dans leurs salles », a-t-il indiqué. Les enseignants vont mentionner leur avis et les conseils des wilayas vont les prendre en considération lors des réunions organisées le mardi 7 décembre (aujourd’hui ndlr).
Les discutions sur ce sujet continueront pour le 8 et le 9 décembre au niveau du conseil national qui va prendre la décision finale face aux réponses de la tutelle. En outre, ce sont les enseignants qui vont décider de retourner vers la grève. Les enseignants vont mentionner leur avis et les assemblées générales vont les prendre en considération, a affirmé le porte-parole du Cnapeste. Il a ajouté que les rapports envoyés par les assemblées génales définiront sa position.
Unpef n’exclut pas le retour de la grève dans le secteur
L’Unpef a appelé la tutelle à travers les rencontres organisées pour répondre aux revendications du syndicat et à chaque fois il reçoit des promesses mais sans réalisation, a déclaré à Maghreb Info Abdelouahab Lamri Zegar, le porte-parole de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de formation. « Nos demandes sont présentes au niveau de toutes les directions du ministère de l’Education », a-t-il indiqué. Il a confirmé que son organisation syndicale attend le règlement des dossiers financiers que le ministère de l’Education a promis. Concernant la grille des salaires, Zegar a précisé que c’est aux autorités publiques de décider car ce sujet concerne tous les fonctionnaires algériens. « La grille des salaires est encadrée par la loi 304-06. Elle est relative aux fonctionnaires du secteur public», a-t-il ajouté. Le porte-parole de l’Unpef a déclaré que son syndicat a demandé la révision du point d’inférence dans le but d’arriver à une justice salariale.
Zegar a indiqué que les fonctionnaires hors échelle sont les bénéficiaires de l’augmentation dans le point d’inférence des salaires. « Il n’ ya a pas dans le monde un salaire d’un fonctionnaire public équivalant de dix fois le SMIG. Il y a qui sont payés à 10.000 dinars et d’autres à 500.000 dinars. Selon des experts dans ce secteur, le réseau d’inférence doit être concentré et justifié», a-t-il précisé. Malgré les promesses de la tutelle, le retour de la grève n’est pas exclu. « S’il n’y aura pas une réponse favorable à propos de nos revendications selon ce que les fonctionnaires de l’éducation attendent, on ira certainement à la grève », a confirmé le porte parole de l’Unpef. Le dossier de la grille des salaires et l’augmentation des salaires des fonctionnaires du secteur de l’éducation ainsi que le dossier des libertés syndicalistes et toutes les revendications présentées dans le cadre de la confédération des syndicats algériens sont dans l’attente d’une réalisation de la part du gouvernement, a expliqué Zegar.
Les syndicats de l’éducation exercent la pression
Les réponses du ministère de l’Education viennent après les pressions qu’exercent les syndicats à travers leurs grèves. Le Cnapeste avait appelé à réduire les horaires des professeurs et ouvrir de nouveaux postes budgétaires pour le recrutement afin d’absorber toutes les heures supplémentaires. Cette organisation syndicale avait également revendiqué d’accélérer l’ouverture de postes suffisants pour les grades nouvellement créés de professeur « principal » et « formateur », et de régler les dossiers financiers ainsi que la reconsidération des tâches pédagogiques non éducatives dont les enseignants du cycle primaire se chargent. Le syndicat avait exigé le règlement du statut des fonctionnaires qui ont terminé leur formation après la date du 3 juin 2012, en les considérant directement
enseignants titulaires.
Le règlement de la situation des enseignements techniques des lycées et enseignants assistants est parmi les demandes du syndicat. Dans le même contexte, l’Unpef avait présenté un ensemble de revendications au ministère de l’Education nationale, constatant que les fonctionnaires du secteur souffrent d’une situation financière difficile à cause de la dégradation du pouvoir d’achat. Le syndicat avait demandé de rétablir le droit de la retraite pour que l’enseignant puisse prendre sa retraite sans condition d’âge. L’Unpef avait appelé à la réforme du système éducatif avec la participation d’experts et des personnes du secteur, de réviser les programmes et les contenus scolaires ainsi que les livres dans tous les cycles. Le syndicat avait réclamé également d’autres revendications sociales et professionnelles. L’Unpef avait considéré le ministère de l’Education pour responsable de la gravité de la situation du secteur, soulignant sa volonté constante de continuer à travailler pour élever le statut social de l’enseignant et appelant la famille éducative à unir ses efforts.
Pour rappel, suite aux revendications des organisations syndicales, le ministre de l’éducation nationale Abdelhakim Belabed avait organisé avec tous les syndicats du secteur une série de réunions bilatérales entre les deux parties, dans le but de mettre en place le comité technique pour le dossier de la loi fondamentale pour les salariés appartenant au secteur de l’éducation. Le ministre avait déclaré à la fin de sa rencontre avec le partenaire social que « le secteur de l’éducation est un secteur sensible auquel l’Etat accorde toute l’attention, soulignant le travail du gouvernement pour parvenir à la paix dans le secteur ». Les déclarations de Belabed n’ont pas pu calmer les syndicats qui attendent la mobilité du gouvernement et réformer les mécanismes adoptés dans l’enseignement et améliorer la situation sociale et professionnelle des fonctionnaires de l’éducation.
La grève dans le secteur de l’éducation a été organisée pour plusieurs jours, et jusqu’à présent les syndicats n’excluent pas son retour si leurs revendications ne seront pas prises sérieusement en considération par le ministère de l’Education nationale. Les promesses de la tutelle doivent devenir un engagement à réaliser dans les délais cités afin d’éviter d’autres perturbations non souhaitées dans le secteur. Il ne faut oublier que l’élève est le premier qui va payer les conséquences de ces perturbations.