La santé et la vie du citoyen est une responsabilité lourde que le ministère de la Santé doit protéger. Les services sanitaires sont insuffisants dans différents services hospitaliers depuis l’application des mesures de prévention contre le Covid au niveau des hôpitaux publics. Des traitements en retard, et des interventions chirurgicales reportées. Que fait donc le malade ?
Pr Khiati : « La stratégie choisie par le ministère de la Santé n’est pas rationnelle »
Donner la priorité aux malades de Covid est une stratégie définie par le ministère de la Santé a déclaré à Maghreb Info Pr Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). Il a précisé que ce sont des instructions envoyées aux hôpitaux par le ministère. Actuellement l’Algérie est en face d’une situation épidémique plus en moins stable même si elle est perturbée, ce qui rend les difficultés que rencontrent les autres malades étonnantes selon le professeur. « C’est étonnant que les autres malades surtout ceux qui ont une maladie chronique continuent de payer une lourde conséquence à la mortalité part rapport au Covid », a-t-il souligné. D’après le Pr Khiati, la politique appliquée qui est la stratégie choisie par le ministère de la santé n’est pas rationnelle car il n’est pas acceptable de priver un malade chronique « sous prétexte qu’il y a un risque de Covid-19».
Le président de la Forem a confirmé qu’il faut mettre en place un dispositif pour recevoir les malades atteints par le virus de Corona et les autres malades, et particulièrement ceux qui ont des maladies chroniques de façon séparée, en prenant toutes les mesures nécessaires, notamment le PCR s’il le faut et la vaccination. En ce qui concerne l’exigence du vaccin pour les malades chroniques pour obtenir leur prise en charge médicale dans les services de la santé publique, Pr Mostefa Khiati a déclaré que c’est une meilleure façon pour les persuader de se faire vacciner. « C’est très important, c’est une catégorie de personnes qui est exposée et apparemment elle n’est pas suffisamment sensibilisée pour la vaccination », a-t-il indiqué. Khiati a affirmé que le nombre de ces malades vaccinés pour le moment n’est pas important et risque de poser problèmes en cas où il y aurait une autre épidémie.
Les services médicaux reportés
La prise en charge médicale a été réduite, depuis la pandémie. Beaucoup de malades n’ont pu être reçus. Les hôpitaux ont annoncé le report de dizaines de chirurgies médicales. L’annonce est intervenue dans le cadre de la prévention sanitaire, alors que les autorités cherchaient à contrer l’augmentation du nombre d’hospitalisations causées par la maladie de Covid-19.
Les autorités sanitaires s’efforcent de garantir qu’il y ait suffisamment de ressources et de lits disponibles pour traiter les cas de Covid-19. Elles visent également de réduire l’occupation et l’utilisation de l’espace hospitalier pour les patients qui ont besoin de traitement urgent et permettre le déploiement de ressources et de travailleurs de la santé dans les services les plus nécessiteux.
En revanche, les cas critiques et urgents seront traités en priorité concernant les interventions chirurgicales. Le problème c’est que les interventions chirurgicales reportées se sont accumulées et les hôpitaux doivent fonctionner pendant plusieurs mois afin d’accélérer la programmation des rendez vous au niveau des services de chirurgies.
Report des rendez-vous cancer
Pendant plusieurs semaines et parfois plusieurs mois, de nombreuses personnes qui ont besoin d’un traitement pour des maladies telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et le diabète n’ont pas reçu les services de santé et les médicaments dont elles ont besoin à cause de la pandémie de Covid-19.
Par exemple, Faiza a accouché un enfant dans une clinique privée à Alger et après quelques jours il était dans un état critique et souffrant d’un problème respiratoire ce qui a obligé la clinique de l’envoyer à un hôpital public dans le but d’être traitée par des médecins plus professionnels. Le problème de Faiza, c’est qu’elle n’a pas pu trouver de place dans les hôpitaux jusqu’à ce que le service de pédiatrie de l’hôpital de Zeralda a accepté de la recevoir où elle est restée trois jours sous surveillance. Un autre exemple similaire de Nabil qui vit dans la même situation. Son père qui a une maladie d’estomac nécessite une intervention chirurgicale mais cela a été reporté depuis le mois de juillet au centre hospitalo- universitaire de Béni Messous. Jusqu’à présent, le père de Nabil n’a pas été opéré et sa situation s’aggrave. Tous ces retards sont enregistrés après le changement liés aux instructions de prévention sanitaire. Les cancéreux rencontrent des difficultés dans la prise en charge médicale depuis toujours, et l’arrivé de la pandémie a perturbé leur situation, a déclaré à Maghreb Info, Abdenour Kettab, le président de l’association E-Amel pour l’aide aux personnes attentes de cancer.
La prise en charge du patient est insuffisante, qu’elle soit pour un scanner, ou un IRM, un bilan d’extension ou autre traitement, a confirmé Kettab. Il a ajouté également qu’il y a un manque dans les médicaments qui concernent la chimiothérapie ce qui fait souffrir les patients. Le président de l’association Al-Amel a expliqué que le Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) l’établissement hospitalier spécialisé de traitement des cancéreux d’Alger a continué de programmer les interventions chirurgicales surtout celles qui sont urgentes. « Le travail pendant la pandémie au CPMC était assuré à 80% mais actuellement la situation s’améliore », a-t-il indiqué. L’obstacle qui rencontrait les cancéreux était la difficulté de se déplacer aux hôpitaux pour le contrôle ou la chimiothérapie durant le confinement. Ils devaient chercher l’hôpital le plus proche à leur wilaya ou domicile pour qu’ils fassent leur traitement en coordination avec leurs médecins principaux. Dans ce contexte, ces exemples prouvent que les services de santé dans les hôpitaux se dégradent.
Les cliniques privées sont chères
Pour le besoin de tests sanguins nécessaires, plusieurs malades essayent de les faire à l’hôpital mais la réponse était que les tests n’étaient pas disponibles. Les malades ont fini donc de faire le test dans un laboratoire privé et le payer cher. D’autre part, il existe des cliniques privées qui tarifent en fonction de leur convenance. Il faut savoir que ce n’est pas tous les algériens qui peuvent recevoir des services dans des cliniques privées. Face à la pandémie, le citoyen algérien est prêt à payer, quand il peut, pour se faire soigner dans les cliniques privées, en raison de la baisse des services de santé dans les hôpitaux publics, qui connaissent un grand retard dans la prise en charge des malades. Le citoyen algérien a perdu confiance aux hôpitaux publics, ce qui a provoqué une augmentation de la migration des patients du secteur public au secteur privé. Il est à souligné la création des cliniques privés est une bonne démarche qui permettre de sauver des vies et guérir la santé des patients mais la cherté des tarifs représentent un obstacle devant plusieurs malades qui souhaitent être soignés sans avoir l’argent nécessaire.
Le ministère de la Santé doit réfléchir à une solution qui permette aux malades d’éviter les retards et le report de leurs interventions chirurgicales en premier et recevoir le traitement nécessaire en appliquant une nouvelle politique de prévention sanitaire. Il faut améliorer les services médicaux, et de se débarrasser des excuses liées à la Covid-19.