La sécurité des services numériques algériens contre les attaques malveillantes visant l’instabilité de l’Algérie demande le renforcement de la protection sur les réseaux sociaux et les médias ainsi que la sécurisation des entreprises algériennes, a souligné le ministre de la Poste et des Télécommunications Bibi Triki Karim, dans le cadre de la 5e édition du forum Rakmana, de l’innovation et start-up, organisé sous le thème « Pour une infrastructure fiable, sécurisée, performante et accessible à tous les Algériens ».
Le président du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) Bachir Tadj Eddine, organisateur du forum a déclaré qu’une guerre électronique d’espionnage menace les informations qui circulent entre les responsables algériens. Il a souligné que les informations échangées et en particulier celles liées aux affaires de l’État sont présentées à l’ennemi notamment tous les fonctionnaires qui traitent des e-mails hébergés sur des serveurs étrangers, tels que Gmail, Yahoo et Hotmail. « Ne sous-estimez pas la question de sécurité surtout dans la situation géopolitique actuelle. Puisque la guerre électronique est à son paroxysme », a-t-il précisé.
Sur la question de la sécurité digitale, Bibi Triki a indiqué que le ministère de la poste et des télécommunications en collaboration avec le ministère de la communication ont procédé déjà plusieurs séminaires sur comment authentifier l’information avant de la partager pour permettre aux acteurs des médias à développer leurs connaissances et compétences et les donner les outils nécessaires pour qu’ils puissent en tant qu’acteurs de société aussi de contribuer à la protection de l’Algérie contre les attaques malveillantes qui sont généralement des attaques de contenus plus que des virus. Il a affirmé que le renfoncement de la sécurité des entreprises est un défit stratégique qui peut être gagné en fédérant les efforts des acteurs économiques dans le domaine digital, autorités publiques et compétents dans ce domaine.
Les professionnels du secteur numérique doivent attirer l’attention pour protéger les entités algériennes qui ont décidé d’avoir une présence en ligne, a déclaré le ministre. « Les entreprises dans les secteurs privés et publiques doivent ajouter la dimension de sécurité dans leur conversations et discutions. Je suis sûr que c’est sensible et cela nous permettra de diminuer les risques au maximum », a-t-il ajouté.
99% des cartes électroniques utilisées pour le retrait d’argent uniquement
Le ministre de la Poste et des Télécommunications a révélé le problème de l’e-paiement en Algérie. D’après les chiffres donnés par le ministre, Algérie poste offre 8 millions de cartes électroniques entre Dahabia et CIB dont 99% de ces cartes ne sont utilisées que pour le retrait d’argent.
Le ministre a souligné l’importance de la modernisation du e-commerce en Algérie en appelant les professionnels du secteur digital à participer dans le développement du secteur. Dans ce contexte, le président du GAAN, Bachir Tadj Eddine a reconnu que les efforts pour généraliser le paiement électronique sont insuffisants, notamment avec les grandes capacités offertes par la carte Dahabia d’Algérie poste, et le rôle de celle-ci dans la transformation numérique, et encourager le commerce électronique avec tous les avantages économiques qui en découlent.
D’autre part, Bibi Triki a expliqué qu’en Algérie, il existe 4 millions de foyers et 40 citoyens sur mobile abonnés à internet, ce qui représente un grand avantage à saisir par les investisseurs dans le secteur digital. Le ministre a reconnu que l’Algérie connaît certains retards dans le secteur malgré son classement la deuxième en Afrique et l’amélioration dans le débit d’internet fixe cette dernière période qui a été enregistré sans ajouter des frais aux usagers. Sur ce sujet, il a estimé que la consommation d’un citoyen algérien est de 160 giga d’internet mensuellement par internet fixe, et 6 giga pour l’internet mobile. « Nous sommes loin d’être satisfaits par rapport à notre potentiel », a-t-il confirmé.
La reconstruction du secteur avec l’installation de nouvelles infrastructures est le pilier de l’amélioration du digital dans le pays pour l’intérêt des citoyens mais aussi pour les entreprises et les start-up qui exercent sur le marché économique et qui rencontrent beaucoup d’obstacles, selon le ministre. L’hébergement étranger des services numériques est parmi les problèmes présentés lors du forum où le ministre de la Poste et des Télécommunications a affirmé la nécessité d’héberger localement les services numériques algériens. L’usage et le contenu en Algérie est grand et donc il est important d’héberger les services numériques, a-t-il précisé.
Il est à noter qu’une agence a été mise en place avant-hier chargée du secteur de numérique. D’un côté juridique, Bibi Triki a affirmé que des textes réglementaires et des agréments dans le secteur numérique seront prêts officiellement dans les plus brefs délais.
Le GAAN réclame le retard de l’application des projets numériques sur le terrain
De nombreux ateliers et projets n’avancent pas à la bonne vitesse, ce qui a un impact négatif évident sur le paysage numérique du pays et la numérisation de l’administration et des services gouvernementaux qui est toujours en cours, a indiqué le président du GAAN. « Nous regrettons également que le numéro d’identification national n’ait pas été utilisé pour mettre en réseau divers services gouvernementaux ainsi que pour les regrouper en plates-formes unifiées », a-t-il indiqué.
Le président du GAAN a souligné l’importance de profiter des services de certification électronique pour lesquels l’État a réalisé d’énormes investissements sans voir son application sur le terrain. Il a déclaré que personne ne peut nier les grands efforts qui ont été faits dans la période récente pour améliorer la fluidité de l’Internet en Algérie, qui ont permis à notre pays d’avancer de trente places dans le dernier bilan du site de « speedtest », où le flux est passé de 2 à 10 mégaoctets sans augmenter les tarifs. « En tant que représentant des marchands du numérique en Algérie, le GAAN valorise ces efforts au profit des citoyens et aux institutions et organes.
Par conséquent, nous devons continuer dans cette direction, car le temps ne joue pas en faveur de l’Algérie, alors que nous reconnaissons l’existence de contraintes techniques et administratives et économiques », a-t-il estimé.