Depuis la crise sanitaire, les établissements scolaires dans les trois paliers de l’éducation appliquent l’enseignement par alternance. Après l’année scolaire précédente, il a été conclu que cette méthode peut diminuer le risque de la pandémie mais aussi crée une dépendance aux cours de soutien payants ainsi que la question sur la réintégration des élèves redoublés à cause des difficultés rencontrées durant la pandémie. Ces problèmes apparaissent encore plus à l’approche des dates des examens trimestriels.
Les cours de soutien entre tendance et nécessité
Dans le cadre de l’enseignement par alternance, les élèves passent quelques heures dans les salles de cours avec leurs enseignants et beaucoup parmi eux passent le reste du temps en cours supplémentaires payants. Malgré la nécessité d’appliquer cette méthode qui est basée sur le système de groupe dans l’objectif de protéger les élèves ainsi que les enseignants de la contamination du virus de Covid-19, il faut noter que des difficultés de comprendre les cours sont fortement présentes dans l’enseignement par alternance. Pour éviter que le niveau de l’élève se dégrade, les parents se retrouvent obligés d’envoyer leurs enfants à faire des cours supplémentaires. Une solution pour rattraper le problème d’apprentissage mais en payant cher. Certains parents nous ont confirmé que si leurs enfants ne font pas de cours supplémentaires dans des établissements privées ou chez les domiciles des enseignants, ils ne pourront pas avoir de bonnes notes. Selon eux, l’expérience de l’année scolaire précédente a prouvé que le niveau de l’enseignement sous les conditions actuelles n’a pas pu obtenir les objectifs tracés pour le bien de l’élève.
En ce qui concerne les tarifs des cours de soutiens pour les élèves du CEM ou au lycée, le prix d’une seule matière est entre 1500 et 2500 dinars par mois. En revanche, le prix de chaque matière destinée aux élèves en terminale qui vont passer leurs examens de baccalauréat est entre 2500 et 3000 dinars par mois. Oussama un élève en 4e année moyenne fait des cours de soutien en math deux heures par semaine pour un prix de 1500 dinars par mois. Nesrine, une élève qui se prépare pour son BAC en gestion, fait des cours de soutien en comptabilité et en math pour 2500 dinars chaque matière, avec un total de 5000 dinars par mois. Un budget important à dépenser qui n’est pas disponible pour toutes les familles.
A ce propos, Fatiha Bacha, la vice-présidente de l’association nationale des parents d’élèves (ANPE) a souligné à Maghreb Info que l’enseignement par alternance, malgré ses inconvénients représente une solution face à la situation actuelle. Elle a indiqué que « l’enseignement par alternance ou système de groupes nous a été imposé par la crise sanitaire vu que la plupart de nos établissements souffrent déjà de surcharge depuis des années. Cette nouvelle méthode de travail reste la seule solution à cette pandémie. » Elle a ajouté que ce système a des avantages comme il a des inconvénients surtout pour les parents qui travaillent. « Face à cette situation sanitaire exceptionnelle, nos enfants sont un peu perturbés car le système d’alternance a aussi des désavantages et il n’est pas au service de l’élève à 100%», a-t-elle affirmé. « Jusqu’à aujourd’hui la tutelle n’a pas encore fait une évaluation objective de cette nouvelle stratégie. Autant qu’association nationale des parents d’élèves nous n’avons pas tous les éléments et les statistiques pour se prononcer sur ce système de groupes», a révélé Bacha. A propos des cours de soutien qui sont devenus une tendance pour la majorité et une obligation pour beaucoup de parents qui craignent sur l’avenir scolaire de leurs enfants, Fatiha Bacha a déclaré que «concernant les cours payants, nous sommes contre car il n’y a pas de justice sociale entre les élèves mais nous souhaitons en tant qu’association nationale que le niveau d’enseignement dans les trois paliers va vers l’excellence pour diminuer ce fléau. » Il faut rappeler qu’en juin 2021, des directeurs et inspecteurs aux niveaux des paliers primaire et moyen, ont décidé d’écrire au ministre de l’Education nationale, pour lui demander d’intervenir auprès des autorités supérieures, d’étudier la possibilité de réduire le taux de passage au première année intermédiaire et première année secondaire à 4,50 et 9,50 sur 20, afin de réaliser le principe de l’égalité des chances entre tous les élèves durant la crise sanitaire.
Redoublement des élèves résultat de l’enseignement par alternance et leur réintégration est en question
A l’approche des examens du premier trimestre, le doute commence à s’intaller autour du système d’alternance. Les résultats des examens de l’année scolaire précédente n’étaient pas du même niveau qu’avant. Le changement de la méthode d’enseignement dû à la crise sanitaire a fait que beaucoup d’élèves ont trouvé des difficultés de bien comprendre les cours et plusieurs parmi eux ont refait l’année. Les dates des prochains examens trimestriels sont dévoilées par le département d’Abdelhakim Belabed et elles sont fixées de 30 novembre au 9 décembre pour le cycle primaire, de 28 novembre au 2 décembre pour les cycles moyen et secondaire.
Dans l’attente des résultats de ce système d’enseignement pour cette année, il faut savoir que dans certains établissements scolaires, un élève qui redouble l’année ne pourra pas être accepté une autre fois dans le même établissement sauf dans des conditions précises, ce qui pose la question sur le droit de l’élève de suivre ses études. Concernant le redoublement des élèves ou quand il y a une décision de son expulsion de l’école, Fatiha Bacha a souligné que le ministère de l’Education nationale a mis en place depuis quatre ans un protocole pour la réintégration des élèves expulsés et les élèves redoublés. Elle a précisé qu’il y a le conseil de classe au niveau de l’école ensuite le conseil de l’académie qui prend la décision.
Sur ce sujet, la vice-présidente de l’ANPE a expliqué que l’élève a le droit de refaire l’année selon les justifications que donnent ses parents à l’établissement scolaire. « Durant la période de la Covid-19, notre association a veillé pour que tous les élèves exclus soient réintégrés. Cette année beaucoup d’élèves ont été réintégrés par rapport à ce que notre association a demandé devant la tutelle», a-t-elle indiqué.
D’après la vice-présidente de l’association, actuellement, un élève a le droit de refaire une deuxième fois l’année scolaire après avoir une justification convaincante sur le problème qui a causé le retard scolaire de l’élève. Il peut que cette justification soit un problème de santé, un problème social, une contamination de la Covid-19 dans la famille ou une confirmation par les parents d’élève que les enseignants de son enfant ont fait beaucoup d’absences ce qui a empêché cet élève d’acquérir les informations nécessaires, ainsi que toute autre justification convaincante.
Après étudié la justification de la situation de l’élève, le conseil vérifie sa discipline afin de lui donner une autre chance pour le réintégrer. « La bonne discipline de l’élève à l’école joue un rôle important pour lui permettre de refaire l’année pour la troisième fois mais il y a également d’autres conditions. Il faut savoir que cet élève peut refaire son année scolaire au sein de son établissement éducatif ou dans un autre, en suivant le protocole du ministère de l’éducation nationale», a-t-elle déclaré. Selon Bacha, au niveau de l’association nationale des parents d’élèves, tous les dossiers reçus par les parents qui expliquent que leur enfant a redoublé l’année scolaire et il a toujours la volonté de revenir à l’école et la conscience continuer ses études, les membres de l’association font tout pour l’aider à se réintégrer mais dans une autre école surtout pour les élèves qui ont eu des problèmes avec des enseignants ou l’administration. « Nous avons aidé plusieurs élèves à la réintégration dans des établissements scolaire malgré leur expulsion d’une façon finale. Je tiens à dire que le protocole du ministère est au service des élèves et notre association travaille pour réintégrer les élèves expulsés sur la base de leur discipline », a-t-elle confirmé. Dans ce cadre, les élèves qui ont échoué au BAC sont, par contre, acceptés pour refaire l’année. Rappelons que le taux de réussite national à l’examen du Baccalauréat session 2021 a atteint 61,17 mais la moyenne de d’admission au BAC de 2021 a été fixée à 9,5 sur 20, décidée par le ministère l’Education nationale « pour des considérations sanitaires et psychologiques liées à la propagation de la pandémie de coronavirus ».