La pénurie d’eau existe depuis plusieurs semaines. Les services concernés par la distribution de l’eau ont décidé la restriction d’eau destinée à la consommation.
La situation de crise d’eau continue et se dégrade de plus en plus. Les plannings de distribution ne sont pas respectés, l’eau est parfois sale et les coupures durent plusieurs jours dans certains quartiers. Que seront donc les solutions à proposer ?
Plannings non respectés
Les Algériens dans les zones qui rencontrent ce problème d’eau se rappellent des années 90 quand il y avait une importante pénurie d’eau. En 2021, le problème est apparu dans les grandes villes comme dans les zones éloignées. A Alger la capitale, et les régions qui l’entourent par exemple, un planning a été mis en place au début de la crise par la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger SEAAL. Actuellement, depuis l’Aïd El Adha, aucun planning annoncé par la société n’est respecté. Les citoyens ne savent plus quand est-ce qu’il y aura de l’eau. Des fois le matin très tôt et d’autres fois le soir, ainsi que les coupures qui durent des jours dans certains quartiers. Cette semaine, à Ain Benian, à la rue rue Aissani, des jeunes ont ramené des poubelles et des pneus et fermé la route durant la nuit pour protester contre l’absence de l’eau pendant 5 jours successifs , selon les habitants du quartier. D’après la même source, une heure après que ces jeunes ont protesté, l’eau est revenue dans les robinets. Les habitants de ce quartier ont confirmé que l’eau est sale et est disponibles quelques heurs et sans pression. Dans certains quartiers de Bab Ezzaour, l’eau ne coule dans les robinets qu’à 21h du soir et une fois chaque deux jours. Au niveau du quartier de la rue des Cinq maisons, à Mohammedia, c’est la même situation qui se répète. Au centre de la capitale, à El Biar, les habitants de plusieurs quartiers leur planning de distribution n’est plus respecté. A côté de Châteauneuf comme la rue Chreif Taiba Cherif l’eau ne vient que quelques heures le matin, et elle sera coupée dès 9h du matin. Toujours à El Biar, à la rue Jean Jaurès, c’est à partir de 9h que l’eau arrive.
La concentration sur les barrages d’eau a créé un problème
La source de la crise d’eau que vivent les Algériens est la mauvaise planification, a déclaré Fares Mesdour à Maghreb Info, expert en économie, car la stratégie qui a été mise en place se concentre sur les grands barrages d’eau. « C’est une erreur d’appliquer une stratégie qui se concentre principalement sur les grands barrages », a-t-il dit. L’expert a ajouté que le pourcentage de l’argile au niveau des grands barrages d’eau est élevé si on les compare avec de petits barrages où la maîtrise est meilleure. « Au lieu de construire un seul grand barrage on pouvait construire dix petits barrages d’eau dont chacun peut couvrir une zone définie », a-t-il précisé. Pour l’expert, c’est une manière plus efficace qui permet de contrôler la disponibilité d’eau dans chaque zone et mieux répondre au besoin existant. La distribution des barrages d’eau au niveau national n’est pas faite d’une façon convenables à leur utilisation car les décisions de construire les barrages ne se sont font pas à base d’études, a ajouté Mesdour.
En dehors de la consommation de l’eau dans les régions urbaine, l’utilisation de l’eau pour les besoins économiques comme l’agriculture et l’industrie doit suivre des techniques d’arrosage d’une haute technologie, ce qui va économiser d’une façon importante les quantités d’eau utilisées, a expliqué l’expert.
Des solutions à proposer
Dans l’objectif de régler le problème d’eau en Algérie, l’expert en économie Fares Mesdour a proposé de changer la stratégie de gestion dans le secteur des ressources en eau. « Il faut changer la stratégie nationale de la gestion des ressources en eau en se dirigeant vers les petits barrages d’eau », a-t-il dit. Parmi les solutions citées par Mesdour, c’est que l’Etat doit privilégier l’acquisition des techniques modernes dans le cadre de l’économie de gestion d’eau. Dans ce contexte, il existe des techniques développées d’avoir les molécules d’eau à travers l’air appelé « les capteurs d’humidité », cette technique pourra être bénéfique aux institutions économiques, les hôtels, et toutes les entreprises qui utilisent de grandes quantités d’eau dans leurs activités, selon Mesdour. L’expert a révélé un point important qui est l’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur de l’eau. « La gestion de l’eau doit inclure les énergies renouvelables », a-t-il dit.
Le dessalement d’eau est très coûteux
Le dessalement d’eau est une des solutions qu’on peut l’utiliser quand c’est nécessaire car c’est coûteux et sa charge est très élevée, malgré qu’il puisse couvrir les besoin de la zone côtière et quelques zones d’intérieur, a confirmé Fares Mesdour. « Ce qui pourra réduire le coût c’est la combinaison entre l’exploitation du dessalement d’eau et l’énergie captée des vagues, cette énergie a la capacité de gérer les stations de dessalement d’eau », a expliqué l’expert. Il a ajouté que tous les types d’énergies renouvelables sont des moyens utiles pour réduire les coûts du dessalement d’eau. Pour précisions, « le dessalement d’eau a l’avantage de produire une eau très pure mais l’inconvénient de consommer énormément d’énergie qui 15kWh/m3 d’eau traitée » et donc de coûter très cher, d’après des sources scientifiques, en ajoutant que « les techniques utilisées pour le dessalement d’eau sont très consommatrices d’énergie, même si la tendance est à la baisse, notamment grâce au développement de l’osmose inverse et d’autres technologies innovantes ». A cause des produits chimiques, la principale caractéristique des eaux du dessalement est sa forte salinité. C’est pour cela que des spécialistes appellent à laisser les bouteilles remplies par les eaux des robinets ouvertes pendant 24h avant de les boire ou les utiliser pour les arroser les plantes. Dans ce cadre, il faut savoir que le dessalement d’eau est une technique qui existe déjà en Algérie et il y a plusieurs stations de dessalement d’eau de mer et les pouvoirs publics visent à créer d’autres stations.
Les décisions du gouvernement
Les citoyens se plaignent fortement de la gestion du ministère des Ressources en eau et les institutions concernées par ce secteur. Dans ce cadre, il faut rappeler qu’un plan d’urgence permettant de doter l’ensemble des wilayas côtières d’une station de dessalement d’eau de mer (SDEM) est en préparation depuis quelques semaines à cause de la pénurie d’eau et la perturbation répétitive dans la distribution. Ce plan prévoit, dans sa première phase, la réalisation d’une SDEM d’une capacité de 250.000 m3/j dans la capitale (Alger-Ouest), une autre à Cap Djenat (400.000 m3/j) et une troisième station à El Tarf (250.000 m3/j), a précisé le ministre. D’autres projets sont en phase d’étude et concerneront les wilayas d’Oran, Mostaganem, Jijel, Skikda, Béjaïa et Tizi-Ouzou. Selon des déclarations officielles des responsables dans le secteur, la stratégie prévoit à moyen terme l’implantation de SDEM dans les 14 wilayas situées sur la bande côtière du pays où se concentre 95% de la population. Pour cet objectif, hier, le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni, a reçu l’ambassadeur du Portugal à Alger, Luiz de Albuquerque Veloso, avec lequel il a évoqué la réalisation de deux projets pilotes intégrés au niveau des infrastructures hydrauliques.