Les services de la police urbaine et de la protection de l’environnement saisissent durant cette dernière période de grandes quantités de poulets avariés destinées à la commercialisation. Entre la hausse du prix du poulet, d’un côté, qui est a atteint 500 DA pour le kilogramme au moment où le pouvoir d’achat se dégrade, et, d’un autre, la saisie de la viande avariée, les citoyens s’inquiètent de cette situation, et leur majorité décident le boycott.
Des pratiques interdites sont enregistrées de plus en plus dans le secteur de la production de la volaille. Plusieurs organisations ont exprimé leur refus au trafic et aux dépassements enregistrés par les abattoirs et appellent le ministère du Commerce de renforcer son rôle de contrôle, qui a été qualifié d’« absent » selon beaucoup de consommateurs.
La majorité des abattoirs trafiquent leurs certificats
Saïd Herbih, président du Comité de la volaille affilié à l’Association nationale des commerçants et de artisans, a confirmé à Maghreb Info que le problème du poulet avarié, c’est que 90% des abattoirs en Algérie ne sont pas légaux. « Ce sont des abattoirs qui travaillent en noir. Il n’y a que 10% des abattoirs actuellement qui travaillent d’une façon convenable et légale », a-t-il affirmé. Herbih a déclaré que les abattoirs illégaux ne respectent pas les normes. « Il y a des personnes qui font l’abattage, le dépouillage et le découpage des poulets sans aucun respect des normes sanitaires », a-t-il dit. Il a ajouté : « Ces personnes font aussi la livraison aux vendeurs à travers le trafic d’un certificat qui leur permet de vendre leurs produits ».
Parmi les pratiques illégales, selon le président du Comité de la volaille, c’est la mise du poulet dans l’eau toute une nuit pour le gonfler et augmenter son poids, et, dans ce cas, il s’avarie plus rapidement. Herbih a conseillé le consommateur algérien de faire très attention s’il achète une viande de poulet bleutée, car cela veut dire qu’il est altéré et c’est dangereux pour sa santé.
A propos des prix élevés, il a expliqué que la cause principale, c’est qu’il n’existe pas une bonne gestion du marché de la volaille. « Il n’y a pas des sources officielles qui définissent les prix et la quantité disponible ou à produire selon le besoin du marché », a-t-il dit. Selon lui, il existe également d’autres raisons qui ont causé la hausse des prix, comme la présence des abattoirs illégaux qui a mené à un déséquilibre dans la production et les prix de volaille, a assuré Herbih. Dans le même contexte, il a ajouté que les producteurs ont « inondé le marché » par « la poule mère » afin de produire des poussins dans l’objectif d’augmenter l’offre devant la demande, mais ensuite les éleveurs ont réalisé des pertes financières et il y a certains qui ont quitté l’activité à cause de la baisse des prix du poussin par rapport aux dépenses d’élevage de « la poule mère ». Il a précisé que l’instabilité des prix de la nourriture des poussins et les maladies qui touchent la volaille contribuent dans l’augmentation des prix de poulet.
En outre, la spéculation entre les commerçants qui exercent leur activité dans ce secteur a aussi un rôle dans la hausse des prix, d’après président du comité de la volaille, qui a appelé le ministère du Commerce à renforcer le contrôle sur le secteur de la volaille ainsi que les abattoirs qui travaillent en noir.
Le poulet est mal stocké
Le problème du poulet avarié est dû à la mal façon de le stocker, a déclaré à Maghreb Info, Mustapha Robaine, président de l’Organisation nationale des entreprises et de l’artisanat. Il a expliqué que les entreprises chargées de stocker le poulet ne possèdent pas les moyens de refroidissement qu’il faut car ils travaillent en noir. « Le poulet est un produit de consommation de courte durée et le non-respect de la période de stockage est parmi les raisons principales de ce problème », a-t-il déclaré.
Le président de l’Organisation nationale des entreprises et de l’artisanat a confirmé que les entreprises illégales produisent le poulet traditionnellement et ne respectent pas les normes dans leur activité. « Durant la dernière période, nous avons remarqué que les services de contrôle ont enregistré des dépassements concernant le poulet avarié, uniquement de la part des entreprises illégales », fait-il remarquer. Robaine a ajouté que maintenant, c’est au ministère du Commerce et le ministère de l’Agriculture de renforcer leur rôle de contrôle car les entreprises qui ont créée le problème de viande et de poulet avariés ne sont pas inscrites ni dans les services du ministère du Commerce ni celui de l’Agriculture.
Pour les prix, la source de ce problème, selon Robaine, incombe aux spéculateurs. « Le poulet avarié ne représente que 2% et donc cela ne peut pas avoir un impact important sur les prix contrairement à la spéculation », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Il ne faut pas oublier que les éleveurs de la volaille ont rencontré ces derniers temps beaucoup de difficultés dans production à cause de la hausse des prix de la nourriture des poussins ainsi que la chaleur dans les wilayas du Nord où cette activité existe.»
Le président de l’Organisation nationale des entreprises a appelé le gouvernement de prendre ses précautions afin d’éviter dans l’avenir le manque de poulet surtout dans les prochaines années.
La campagne de boycott continue
Dr Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), a expliqué à Maghreb Info que la raison de la présence des quantités remarquables de poulets avariés, c’est le non-achat de ce produit par les citoyens. Ce comportement est dû à la dégradation du pouvoir d’achat par rapport à la hausse des prix, et aussi au boycott, qu’il soit spontané et entamé par les consommateurs, ou par les campagnes lancées par l’organisation des consommateurs APOCE.
Il est vrai que sur le marché, ce produit se fait rare, mais il est cher et n’est pas accessible à tout le monde, selon Zebdi. « Saisir des produits avariés bien qu’on ne soit pas dans une période de grande chaleur, prouve que nous sommes actuellement en train d’encaisser les mauvaises pratiques » a-t-il souligné.
Le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement a posé la question : « Pourquoi jeter de la volaille au lieu de baisser son prix ? », en précisant que cela montre qu’il y a une résistance de la part de certains opérateurs économiques qui préfèrent jeter la volaille et maintenir son prix élevé au lieu de rendre les prix plus abordables et les mettre à la portée des consommateurs.
Il a déclaré que tout le monde sait qu’il y a eu une hausse des prix de la volaille qui atteint un seuil important. C’est pour cela qu’il y a eu un boycott d’une manière spontanée. Zebdi a souligné que la campagne de boycott lancée par son organisation se poursuivra jusqu’à ce que les prix deviennent raisonnables. « Nous avons lancé un appel à tous ceux qui rentrent dans la chaine de distribution et la production de la volaille pour nous éviter le boycott, mais malheureusement nos appels sont restées sans réponse», regrette-t-il.