Réaliser un projet, ouvrir une entreprise et se lancer dans le monde de l’entreprenariat, c’est le rêve de beaucoup de jeunes qui veulent améliorer leur avenir. Le problème financier représente un obstacle pour les jeunes porteurs de projets à petit budget et leurs empêche de faire un pas vers l’avant malgré la mise en place d’institutions et de mécanismes par les autorités publiques afin d’encourager la création d’entreprise et l’aider à la croissance.
La préoccupation principale des personnes souhaitant lancer une entreprise avec un budget réduit c’est d’avoir un local. Penser à l’achat d’un appartement qui est impossible pour cette catégorie de jeunes promoteurs et la location qui coûte cher surtout dans certaines zones d’habitation, tout cela les retardent à réaliser leurs projets. Dans cette situation, il y a une autre proposition qui n’est pas connue par tous les porteurs de projets, c’est les espaces de coworking. Ces espaces est un concept nouveau apparu ces dernières années en Algérie qui offrent des opportunités aux entrepreneurs, les porteurs de projets, les freelancers et leur permet de réduire leurs dépenses en termes de budget de location et de certains services. Ce qui est à savoir, est-il intéressant pour les entrepreneurs qui ont un petit capital social de lancer leurs projets à travers les espaces coworking ? Pourront-ils ouvrir leurs entreprises malgré la pandémie de Covid-19 ?
Avec un petit budget on peut lancer un projet
Afin de mieux connaitre les avantages des espaces de coworking en Algérie, nous avons contacté des responsables de quelques coworking space et des jeunes porteurs de projets. Younes Hadj Ahmed cofondateur d’Orbit Coworking and Training Space, son espace a reçu environ 40 projets d’entreprises et de start-up, nous a expliqué que les espaces coworking sont destinés pour chaque entrepreneur qu’il soit jeune, moins jeune ou vieux. Selon lui, à Orbit Coworking, les entrepreneurs sont de différents âges, de 20 ans jusqu’à 66 ans. A propos de la facilité des démarches, Younes a confirmé que les espaces coworking réduisent le coût d’ouverture des entreprises. « Au lieu d’aller louer seul, le porteur de projet peut louer dans un espace qui va être complètement aménagé et près à l’emploi directement. A Orbit, le payement pour la location est à 6 mois et non pas d’une année, à partir de 11.240 DA par mois et donc le coût de la location est beaucoup moins cher, avec l’espace de travail, la connexion, l’impression et autres services », a-t-il a précisé. Dans ce contexte, Younes a ajouté qu’avec les frais des démarches pour le registre du commerce, les entrepreneurs peuvent ouvrir leur société à seulement 200 mille dinars dans leur coworking space, quand c’est une personne morale, alors qu’à l’extérieur il faut environ un million de dinars pour réaliser le projet. A ce propos, Meriem Khedach, gérante de Maktabi Coworking Space, nous a déclaré que les jeunes diplômés ou les personnes qui n’ont pas un grand capital social, les espaces coworking réduisent le coût du lancement de leurs projets. D’après elle, ils n’ont pas besoin ni d’acheter ou de louer un appartement et le meubler et ni de recruter une assistante. D’autre part, la gérante a souligné que même dans le cas où le projet ne réussit pas, il n y’aura pas une grande perte financière. Sofia, une jeune porteuse de projet nous a expliqué qu’à travers le coworking espace, elle a fait une domiciliation pour son entreprise, et elle réserve les bureaux et la salle de formation pour son activité à chaque fois qu’elle en a besoin, ce que lui a diminué les dépenses.
L’encadrement et la formation une opportunité pour les entrepreneurs
Pour la gérante de Maktabi, le deuxième aspect important dans les espaces coworking c’est l’encadrement et le coaching. «Mis à part la communauté présente dans l’espace et l’échange d’expérience entre les entrepreneurs dans les différents domaines, les porteurs de projets trouvent des experts en marketing, en entreprenariat et dans autres secteurs, pour aider ceux qui n’ont pas une bonne idée sur comment ils vont lancer leur travail », a-t-elle dit. Le cofondateur d’Orbit Coworking a expliqué que ce que les coworking space ne font pas tous, c’est l’accompagnement de l’ouverture de registre du commerce. « A Orbit on fait l’accompagnement des jeunes, et le conseil est totalement gratuit à notre niveau », a-t il précisé. Cet accompagnement, selon Younes Hadj Ahmed, est fait avec son frère jumeau cofondateur Wael. Les deux offrent des informations aux jeunes et aux débutants dans l’entreprenariat. Ils organisent également des formations payantes dans le domaine de management, marketing et commerce. Amir, un jeune dans la vingtaine, nous a partagé son expérience de lancer son entreprise de vente en ligne. « A travers l’espace coworking j’ai fait une formation en marketing digitale et j’ai pu lancer mon activité de vente de produits en ligne », a dit Amir. Pour Dania, une jeune entrepreneuse dans le domaine de la formation, l’espace coworking lui a permis d’avoir toutes les informations sur les procédures administratives nécessaire avant de créer son entreprise.
Les défis durant la Covid-19
Durant la pandémie, les porteurs de projets ont rencontré beaucoup de problèmes pour lancer leurs entreprises ou avancer dans leur développement car beaucoup de conditions économiques et sociales ont changé. Les responsables des espaces coworking proposent des mesures qui peuvent aider les jeunes entrepreneurs et partagent leurs propres expériences durant la crise sanitaire. Le cofondateur d’Orbit a souligné : « Il faut avoir l’esprit suffisamment ouvert pour pouvoir tirer le meilleur de la situation même si cette dernière apparait négative. Nous, par exemple, malgré la Covid-19, on s’est lancé dans la communication digitale et la domiciliation ». En racontant son expérience, Younes a dit : « Durant la première année, le défi qu’on a relevé, c’est de ne pas fermer, comme n’y avait plus de formation, le coworking ne marchait pas parce qu’il n’y avait pas de rassemblement. Donc on s’est retournés vers la communication et on a pu s’en sortir ». Il a ajouté : « Pour la deuxième année, les gens ont toujours peur de se déplacer dans un coworking space. Notre défi c’est de convaincre les gens qu’ils ne risquent rien et qu’ils puissent lancer leurs entreprises en plein Covid. Pour le moment, les coworkings reviennent, les salles de formation commencent à se louer et on est en train de redémarrer la formation ». Parmi les conseils de Younes pour les jeunes c’est la réduction de frais de l’ouverture de l’entreprise et aller vers le coworking si le projet le permet, bien choisir le secteur d’activité par rapport à la pandémie comme le e-commerce et la vente en ligne et surtout de bien étudier le secteur de l’activité, et tout préparer avant de démarrer. Selon lui, il faut bien se former et être suffisamment polyvalent pour toucher à tout. « L’entrepreneur c’est quelqu’un qui est formé dans tout, les ressources humaines, comptabilité, gestion de crise, marketing, commercial, très polyvalent. Il doit savoir parler avec un comptable, avec le service des impôts, avec un client pour le convaincre, et toutes les personnes dans son travail », a-t-il ajouté.
Pour la gérante de Maktabi Coworking, l’élément essentiel dans le coworking et sa démarche c’est la communauté mais les gens durant la pandémie ne pouvaient pas se rencontrer et donc des résultats négatifs sont enregistrés dans leurs activités. « On ne pouvait pas présenter notre activité durant cette période critique. On n’organisait ni événement ni formation. Donc une grande partie de notre plan marketing n’a pas pu être réalisée », a-t-elle dit. La gérante a invité les jeunes connaissent et qui ont bénéficié des services de coworking de partager leur expériences et informer les autres qui sont intéressés de lancer leurs projets, car d’après elle, la culture du coworking n’est pas très connu en Algérie. « Je propose aux jeunes porteurs de projets d’assister aux événements organisés dans le domaine entrepreneuriale, sans hésiter à être en contact avec des communauté d’entrepreneurs. Il y a énormément d’aides et de partage d’expériences et posez vos questions aux gens connaisseurs », a souligné Meriem. Afin d’évoluer le secteur, la gérante de Maktabi a également proposé de faire une union des espaces coworking, de collaborer et de faire avancer ensemble cette culture en Algérie.
Amel Zayoun