Depuis le début de la pandémie, un nombre croisant de boutiques en ligne est apparu. Avec le temps, le commerce électronique ou le e-commerce a explosé en Algérie.
Durant le confinement, les consommateurs ont rencontré des difficultés pour trouver leurs produits souhaités après la fermeture du commerce traditionnel non essentiel et le réouvrir ensuite en fixant des horaires précis. Se déplacer pour faire des achats a aussi représenté un problème par fois, car beaucoup de consommateurs évitent les regroupements et les moyens de transport comme mesure de prévention du Coronavirus.
En revanche, la seule occupation chez la majorité des personnes était de passer le temps sur internet. Les plates-formes de e-commerce en Algérie ne sont pas nombreuses bien que leur activité ait connu une hausse des achats en ligne ces derniers temps. Pour profiter de cette situation, des entrepreneurs débutants et des créateurs de petites marques et même des jeunes qui chôment ont créé des boutiques en ligne. Ces boutiques ont servi beaucoup de consommateurs de choisir leurs produits et faire leurs achats sans se déplacer, tout via internet. Le commerce électronique est une activité rentable qui facilite la vie des consommateurs, mais il y a toujours le risque de se retrouver entre les mains des arnaqueurs.
Du chômage au commerce électronique
Les idées de travailler en ligne sont multiples pour les jeunes diplômés, les chômeurs et même les femmes au foyer. Le commerce électronique était une chance pour certains jeunes. Nazim, un jeune homme de 30 ans, célibataire et sans travail. Il a fait des études en sciences politiques, mais il n’a pas trouvé un poste de travail qui convient avec son diplôme. Il a décidé donc de travailler comme vendeur dans une boutique de prêt- à-porter qui vend des vêtements d’une marque étrangère connue, mais après l’apparition du Covid-19, la boutique a fermé ses portes et il s’est retrouvé en chômage. Nazim n’a pas baissé les bras et ouvert une boutique en ligne qui vend les articles de sport pour hommes. « J’ai lancé mon activité de vente en ligne en 2020. Au début, j’ai appris comment sponsoriser des publicités sur Facebook.
Ensuite, j’ai acheté quelques vêtements pour hommes et j’ai créé une page pour les vendre », nous a dit Nazim. «Après que le nombre de clients a augmenté, j’ai pris une partie du garage de mon père et je l’ai nettoyé. Je l’ai rendu un stock pour mes articles à vendre », a-t-il ajouté. Le petit projet de Nazim s’est grandi peu à peu et avec la croissance de sa clientèle, il ne pouvait plus faire tout le travail seul et a décidé de contacter son ami pour qu’il prenne en charge la partie de livraison. Actuellement, il possède sa propre voiture après une année et demie de travail en line.
Le e-commerce un moyen pour lancer les nouvelles marques
Les porteurs de projets et les jeunes entrepreneurs eux aussi profitent du commerce électronique pour réaliser leurs marques et lancer leur business.
Le e-commerce était aussi le moyen pour Maria de faire connaitre sa marque de savon. Une jeune créatrice de 25 ans, passionnée par les bonnes odeurs, a lancé sa propre marque de savon pour femme sur les réseaux sociaux. Maria, diplômée en biologie, a décidé d’accéder au domaine de la création des savons à travers les réseaux sociaux. « Pour moi, la création est une manière de s’exprimer. A travers mes études en biologie et ma formation privée de fabrication des savons, j’ai décidé enfin de fabriquer mes propres savons et les vendre sur les réseaux sociaux », a-t-elle dit. Selon Maria, la fabrication de savons se fait à la maison et elle ajoute à toutes les pièces sa touche personnelle. Dans ce projet, Maria s’occupe de l’encadrement de la création de chaque savonnette mais en plus de la commercialisation en ligne. En tant que jeune créatrice, elle fait tout actuellement : la communication, la commercialisation sur les réseaux sociaux, et la réalisation des photos et des vidéos qui seront publiés sur internet pour attirer ses clientes.
Le problème du paiement électronique est le point noir
Le paiement en ligne est un échange d’argent par système électronique qu’on réalise sur internet ou par carte bancaire ou via d’autres réseaux de télécommunication généré par un Smartphone ou un ordinateur. L’e-paiement est encore faible en Algérie et généralement les transactions en ligne se font généralement par un paiement via CCP ou de la main à la main. L’avocat et le professeur en droit, Mounir Guettal, nous a déclaré qu’il existe un vide juridique à propos du paiement en ligne dans le pays.
Selon lui, les commerçants évitent l’utilisation du paiement électronique car ils ne connaissent pas encore la partie juridique de ce type de transaction. « Le ministère du Commerce a fourni des efforts pour développer le e-paiement afin de renforcer le commerce électronique et suivre le développement du commerce international », a ajouté l’avocat.
Dans ce contexte, Guettal a souligné qu’il est nécessaire de lancer des campagnes médiatiques de sensibilisation et la mise en place des programmes destinés aux commerçants et consommateurs pour évoluer l’utilisation du paiement électronique. « Je pense s’il y a des lois qui encadrent le paiement en ligne, les commerçants seront capables de l’utiliser et dépasseront leur crainte de violation des règlements d’échange d’argent », a-t-il précisé. L’avocat a expliqué que les moyens de protection des systèmes de transaction restent faibles pour le moment et les applications de protection faites par le ministère du Commerce ne sont pas suffisantes. Le problème de connexion d’internet en Algérie et le manque de techniques électroniques représentent un obstacle qui retarde l’utilisation du e-paiement, selon Guettal.
Les arnaqueurs profitent du vide juridique
La majorité des commerçants et les jeunes créateurs de marques qui vendent leurs produits ou services par internet n’ont pas de registre de commerce. C’est vrai qu’ils ne payent pas les impôts et tout le bénéfice reste pour eux, mais ils sont considérés comme commerçants illégaux et si la banque remarque que le chiffre d’un compte augmente d’une façon inexplicable, elle pourra lancer une investigation. L’avocat Mounir Guettal a indiqué que face au vide juridique qui concerne le commerce électronique, plusieurs types de crimes électroniques pourront être faits par les commerçants comme la fraude en matière de contrats commerciaux et le blanchiment d’argent.
Souvent nous entendons que des personnes ont transféré l’argent aux pages qui font la vente mais ils n’ont rien reçu ou ils ont trouvé que la qualité des produits est médiocre et ne ressemble pas à ce qui est publié sur les réseaux sociaux. Il y a même des pages qui vendent des articles de marques mais à la fin les clients découvrent que c’est de la contrefaçon. Notre avocat nous a confirmé qu’il est difficile de protéger le droit des consommateurs dans cette situation. « Le consommateur peut se diriger vers la justice algérienne, ou les organes arbitraux étrangers dans le cadre des transactions en ligne avec les étrangers, mais ça reste compliqué de lui rendre tous ses droits », a-t-il dit. D’après les explications du professeur en droit et avocat Mounir Guettal, nous avons conclu que si le consommateur ne veut pas être arnaqué, il doit être très vigilant et sûr de la crédibilité des pages sur les réseaux sociaux ou les sites internet avant de transférer son argent, ainsi qu’il doit connaitre les lois du commerce électronique des pays s’il désire faire un achat ou une vente en ligne avec des commerçants étrangers.
Amel Zayoun