La troisième vague de Coronavirus a mené à une forte demande de certains produits médicaux et d’autres produits agricoles. Cette forte demande a vu l’émergence d’un nouveau business créé par les spéculateurs. L’oxygène, des appareils médicaux, des médicaments et aussi des produits agricoles utilisés pour se soigner naturellement comme le citron ont tous connu une hausse de prix.
La saturation des hôpitaux suite à l’augmentation du nombre des personnes infectées par le Covid a conduit à la nécessité d’une assistance respiratoire des malades qui ne trouvent pas de place dans l’hôpital. Plusieurs personnes, durant cette situation sanitaire, étaient contraintes d’acheter des bouteilles et de concentrateurs d’oxygène, mais à quel prix ! Une bouteille d’oxygène qui ne dépasse pas 35 000 DA dans une usine est vendue entre 70 et 100 000 DA. Les concentrateurs d’oxygène sont aussi vendus trop chers par rapport à leur prix réel. Comme exemple, un concentrateur de 10 litres d’oxygène fait environ 250 000 DA.
Des masques et des outils de respiration, leurs prix sautent de 800 et 1 500 DA à 4000 DA. Le parton d’une usine de production et de remplissage de bouteilles d’oxygène médical a exprimé sur les réseaux sociaux son mécontentement envers certains comportements, en expliquant qu’il y a des personnes qui se dirigent vers son usine munis d’ordonnances pour l’achat des bouteilles d’oxygène, mais ensuite, il a découvert que ces clients sont des arnaqueurs qui revendent les bouteilles à des prix très élevés aux malades. Il y a des commerçants qui profitent même des personnes qui préfèrent préserver leur santé en utilisant des tisanes à base de plantes sèches et des ingrédients naturels, comme le prix du citron qui arrive à 1000 DA pour le kilo. Mais ce qui est inattendu, c’est de profiter de l’augmentation du nombre de morts durant cette période, car le prix du kfen qui faisait 1500 DA a augmenté à 3000. Devant cette terrible situation, l’Algérien qui essaye de survivre face à la Covid-19 est actuellement en train de souffrir à cause des manipulateurs de prix.
Zebdi appelle à l’application des textes de loi
Le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Dr Mustapha Zebdi, nous a déclaré que le comportement de spéculation et de manipulation des prix imposés par les commerçants est devenu habituel. Zebdi a exprimé son regret face à ce genre de comportement qu’on ne vit pas pour la première fois. « C’est un comportement abusif et injustifié », a-t-il précis. Le président de l’Apoce a appelé à la moralisation et l’application des textes de loi par les autorités d’une façon urgente sans trop attendre, afin de lutter contre les manipulateurs et sortir de l’anarchie. « On ne doit plus attendre les texte de loi. Il y a toujours une certaine flexibilité et des choses à faire dans l’immédiat », a-t-il estimé. Zebdi a ajouté : « On vit dans l’anarchie sans précédent et on doit lutter contre ce comportement inhumain. » Le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement a indiqué que la manipulation des prix en période de crise n’existe pas dans les autres pays qui respectent la loi, contrairement à Algérie qui vit cette situation souvent. « Pourquoi on ne voit pas ça en Europe ? Parce que les autres pays appliquent les textes de loi. Et ça, ce qui manque en Algérie », a-t-il ajouté.
Les autorités ne peuvent pas fixer les prix
Abderrahmane Aya, expert et enseignant universitaire en économie, nous a déclaré que le contrôle commercial en Algérie ne concerne que les produits subventionnés par l’Etat et il n’ ya aucune loi qui oblige les commerçants à fixer leurs prix. « Le ministère du Commerce contrôle les prix des cinq produits subventionnés qui sont le pain, la semoule, le sucre, la farine et l’huile de table. Il n’a pas de loi qui fixe les prix en dehors de ces produits subventionnés. Les commerçants peuvent augmenter les prix librement », a-t-il confirmé. A propos de la manipulation des prix l’expert a expliqué que la cause de ce comportement est la loi du marché car il existe une forte demande aux produits surtout ceux qui sont liés à la consommation contrairement à l’offre. « Nous sommes dans une situation particulière. Il y a diminution de l’offre par rapport à la demande. Les commerçants essayent de profiter de l’occasion pour augmenter le gain », a-t-il déclaré. L’expert a ajouté que l’augmentation des prix est un problème de dévaluation du dinar. « Depuis l’an 2014, le dinar a dévalué de 70%. Suite à la dévaluation du dinar, les prix des produits qui sont généralement importés sont augmentés », a-t-il dit. Aya a ajouté que l’augmentation des prix est due également à l’application des taxes d’impôts qui ont joué un rôle dans la hausse des prix des produits. « Il y a eu certaines taxes d’impôts depuis 2015 et précisément depuis l’augmentation des prix du carburant », a-t-il expliqué.
Notre économiste a proposé une solution pour sortir de cette crise qui est l’augmentation de la production nationale afin de stabiliser les des prix mais qui pourra prendre du temps d’une année ou plus. « La solution actuellement, c’est de créer des petites et moyennes entreprise dans les secteurs des produits trop demandés », a-t-il dit. L’expert a reconnu les difficultés qui peuvent rencontrer la création des entreprises en insistant sur le problème de la bureaucratie. L’enseignant universitaire en économie a parlé dans le même contexte de la recherche des ressources financières hors hydrocarbures qui aideront, selon lui, à la stabilité des prix. « Il est nécessaire de chercher de nouvelles ressources financières comme le développement de la Bourse », a-t-il ajouté.
D’autre part et dans le cadre du contrôle des prix, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a promis de diminuer les tentions en important des milliers de concentrateurs d’oxygène et de renforcer la production de cette matière vitale. Des bénévoles se sont mobilisés pour reverser l’argent et fournir le matériel médical et l’oxygène aux malades de Covid à travers des campagnes en Algérie et à l’étranger et cela dans le but de rendre les équipements médicaux disponibles et baisser son prix.
Le ministère de l’Industrie pharmaceutique a confirmé également que la production industrielle d’oxygène médical couvre les besoins hospitaliers. Selon des médecins qui travaillent dans des hôpitaux publics, le problème c’est la mauvaise gestion de la distribution pendant que les hôpitaux connaissent une saturation à cause de la troisième vague de la pandémie. Malgré les procédures des autorités, les prix ne vont pas véritablement baisser actuellement d’après les experts en économie, et donc aller vers une démarche plus sérieuse pour stabiliser les prix est une nécessité pour la protection du consommateur algérien.
Amel Zayoun