Dès le début octobre prochain, on ne trouvera plus de carburant contenant du plomb à la pompe, le gouvernement ayant décidé d’abandonner l’essence « Normal » et « Super » au niveau des stations-services. Une mesure « salutaire » et « inévitable », selon les associations de consommateurs, même si elles émettent quelques inquiétudes sur sa compatibilité avec les véhicules utilisés en Algérie.
« C’est une décision à saluer. Notre association considère qu’il s’agit d’une initiative louable de la part du gouvernement, car l’essence avec plomb est jugé nocif pour l’environnement et pour l’homme. Certes, l’essence plombée améliore l’indice d’octane du carburant, mais il est polluant », a estimé Zaki Hariz, président de la Fédération des consommateurs (FC), contacté aujourd’hui par Maghreb Info.
Or, selon ce dernier, « il y a certaines voitures qui roulent uniquement avec l’essence avec plomb. Cela poserait problème comme chez certaines marques automobiles comme Hyundai. Beaucoup de citoyens m’ont affirmé que ces voitures sont compatibles uniquement avec l’usage de l’essence plombé ».
« La question reste à savoir comment faire avec cette catégorie de voiture et quelles solutions que le gouvernement va proposer », a-t-il demandé.
Pour l’instant, « nous n’avons reçu aucune réclamation des consommateurs », mais, nuance-t-il, « on s’y attend avec l’entrée en vigueur de cette décision » d’abandon de carburant avec plomb.
L’AC suggère ainsi que le gouvernement mette « des exceptions » à cette loi et maintenir la disponibilité de l’essence plombée sur le marché afin que les automobilistes puissent garder encore l’utilisation de moteurs de leurs voitures.
« Je pense que ce n’est pas tout le monde qui est prêt pour cette décision. Nous pensons aller voir le ministère de l’Energie et en disculter clairement autour de cette thématique. Nous avons besoin d’avoir plus de détails sur les capacités et les possibilités de l’application générale de cette décision. Et nous allons demander le retrait graduel de l’essence plombée et non pas la suppression d’une manière radicale et définitive », a expliqué Zaki Hariz.
Ce dernier point, cependant, n’est pas partagé par le Dr Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), qui pense que l’essence sans plomb ne sera pas nuisible aux moteurs des voitures des Algériens.
« Le passage de l’essence avec plomb à l’essence sans plomb devrait se faire sans souci. En tant qu’organisation des consommateurs, on a étudié toutes les garanties nécessaires pour qu’il n’y ait aucun préjudice ou dommage sur les véhicules », a-t-il confirmé hier par téléphone.
« On a même discuté avec les autorités sur la qualité de ce nouveau produit sur le marché. Donc, on est en train de suivre ce dossier de prêt », a-t-il poursuivi, affirmant que « c’est une mesure salutaire, et de plus qui est inévitable » pour la santé publique et l’environnement.
Se voulant plus rassurant, il a précisé que « c’es l’essence “Normal” et “Super” qui vont disparaitre des pompes. Il y aura seulement l’essence sans plomb ».
« Il faut savoir que notre pays figure parmi les rares pays dans le monde qui utilise encore de carburant plombé. On est classé avec le Yémen et l’Afghanistan dans ce sens. On est très en retard dans l’application de cette mesure même en comparaison avec nos voisins », a expliqué le président de l’APOCE.
Pour Mustapha Zebdi, l’entrée en application de la mesure de la suppression de l’essence Super avec plomb est attendue à partir du 1er juillet prochain, citant des sources en connaissance de ce dossier.
« Nous avons discuté avec toutes les autorités et les responsables et leur ont exprimé nos craintes et inquiétudes et aussi demandé quelles sont les garanties offertes pour assurer que ce passage se fasse d’une manière normale, sans problème et sans préjudice pour le consommateur », a-t-il indiqué.
Il a souligné que l’impact de carburant plombé sur l’être humain et l’environnement « est énorme », qualifiant la décision de gouvernement de « bonne nouvelle ».
Parmi les effets nocifs de l’essence avec plomb, Zebdi cite la maladie de « saturnisme », qui est une intoxication aiguë ou chronique, professionnelle ou domestique, par le plomb, ses vapeurs ou ses sels, qui pénètrent dans l’organisme par voie digestive ou respiratoire.
Pour rappel, dans plusieurs pays dans le monde, l’essence avec plomb n’est plus utilisée depuis 2000.
Hamid Mecheri