La monnaie nationale continue sa dégringolade tandis que les prix des produits alimentaires connaissent une hausse sensible. La dévaluation de dinar s’est répercutée directement sur le pouvoir d’achat des Algériens. Pour le président de l’Association et protection du consommateur de la wilaya d’Alger (Apoce), Mustapha Zebdi, fait un constat amer : «La dévaluation du dinar est malheureusement en train de ruiner le pouvoir d’achat du consommateur.»
Maghreb Info : Les cotations de change du dinar algérien sont en net régression induisant la dépréciation de la monnaie nationale. Selon vous, quelles sont les raisons de la dévaluation continue du dinar algérien ?
Mustapha Zebdi : La dépréciation du dinar est un vécu de tous les jours, tout le monde a constaté une augmentation des prix, que ce soit pour les produits locaux ou importés. Il faut dire que la grande partie des produits mis sur le marché national sont importés moyennant des tarifications conséquentes en devise. Ce qui ronge les réserves de changes algériennes appelées à baisser si les pouvoirs publics continuent dans la politique d’importation et zéro production nationale. C’est logique que le dinar connaisse une dépréciation constante face aux monnaies étrangères. C’est le ministère des Finances qui est habilité à évaluer la valeur du dinar. Pour cela, je m’interroge sur la déclaration d’Aymen Benabderrahmane qui avait annoncé une possible réévaluation du dinar prochainement. S’agit-il d’un choix obligatoire ou bien d’une feuille de route étudiée par ses services ? Il faudrait d’abord penser à restructurer l’économie en boostant la production nationale diversifiée et encourager l’investissement des opérateurs privés dans tous les secteurs régénérateurs de richesses en résolvant le problème des obstacles bureaucratiques puisqu’on constate que c’est l’administration qui bloque l’investissement privé créateur d’emploi.
La dévaluation du dinar a-t-elle un impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs à moyens revenus ?
La relation est très étroite. Elle impacte directement sur le pouvoir d’achat des Algériens qui voient que la monnaie nationale est dépréciée de 20% au cours 2020 et qui continue à l’être. Les produits de large consommation ont augmenté de 50 à 70 DA depuis le début de l’année 2021. La hausse a également touché l’huile de table qui est désormais proposée à 140 DA la bouteille d’un litre et 270 DA celle de deux litres. Pour ce qui est les prix les fruits et légumes, ils continuent d’enregistrer des augmentations, qui sont dans la plupart du temps imprévisibles. Ils ne sont pas nombreux les salariés qui peuvent se permettre aujourd’hui de manger deux fruits par jour.
Quelles sont les solutions immédiates à entreprendre pour préserver le pouvoir d’achat des Algériens ?
On observe sur le terrain une hausse des prix qui n’est pas proportionnelle à la dévaluation du dinar. Certains opérateurs économiques se cachent derrière cette dévaluation, alors que cette dernière n’explique pas à elle seule l’ampleur de la hausse. A cet effet, l’association appelle les pouvoirs publics à intervenir pour freiner cette folie qui s’est emparée du marché et d’instaurer une régulation. Pour cela, l’Apoce a demandé de plafonner la marge bénéficiaire et non pas le coût des produits de première nécessité, notamment les fruits et les légumes de saison. Aussi, baisser ou carrément supprimer la TVA pour les produits de large consommation car c’est le consommateur qui la paye, alors qu’elle va directement à la poche des opérateurs informels au lieu du Trésor public. Il faut récupérer le marché informel qui fait tourner plus de 60 milliards de dollars.
Propos recueillis par Fella Hamici