La tournée du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, en Afrique et en Europe confortera la convergence des vues, des positions et permettra également le repositionnement de la diplomatie algérienne sur la scène continentale et internationale.
En effet, le chef de la diplomatie algérienne a effectué la semaine passée une tournée en Afrique durant laquelle une convergence de vues a été notée avec les dirigeants africains concernant différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun et le rôle de l’Union africaine (UA) en matière de développement, de stabilité et de paix dans le continent. Lundi, Boukadoum a commencé sa tournée en Europe. Premier pays l’Espagne. Cette visite vise à développer davantage le dialogue politique et le partenariat stratégique entre les deux pays, notamment dans le contexte global actuel marqué par des crises pluridimensionnelles. Dans un tweet publié hier, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a fait état au terme de ses rencontres avec les Autorités suprêmes du Royaume d’Espagne, «de l’existence d’une volonté commune de coopérer dans tous les domaines, dans le but de concrétiser des relations équilibrées qui préservent les intérêts de part et d’autre et de consolider la coordination et la concertation autour des différentes questions qui concernent la région». « J’ai eu, aujourd’hui, (hier ndlr) plusieurs rencontres de haut niveau avec les Autorités suprêmes du Royaume d’Espagne, dans le cadre du partenariat stratégique entre les deux pays. Une volonté commune de consolider la coopération dans tous les domaines, notamment économique, dans le but de concrétiser des relations équilibrées qui préservent les intérêts des deux parties, tout en consolidant la coordination et la concertation autour des différentes questions qui concernent la région », a écrit Boukadoum. Cette visite s’inscrit dans le cadre des consultations traditionnelles et régulières entre les deux pays, signataires, depuis 2002, du « Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération ».
Repositionnement de la diplomatie Algérienne
Le moment semble être bien choisi par Alger pour se repositionner sur la scène continentale et internationale, après une ‘’absence’’ de la scène diplomatique continentale et étrangère, selon des experts.
Pour Ali Beridj, expert dans les relations internationales, la tournée de Sabri Boukadoum reflète la stratégie de la politique et économique étrangère que prône Alger, en se retournant vers l’Afrique, mais également les pays du Sud de l’Europe. Contacté, l’expert a estimé qu’«Il s’agit notamment d’une série de mesures visant à contribuer concrètement à la promotion de la diplomatie économique ». «Le but est de créer des alliances économiques, stratégies, politiques et sécuritaires avec les pays de la région, L’ouverture des frontières terrestre avec la Mauritanie, la construction du port sec de Hamdania, la mise en place de la zone libre avec les pays subsahariens dénotent de cette volonté», a expliqué notre interlocuteur. Ali Redidj estime aussi que l’Algérie pourra être un intermédiaire fiable pour la Turquie et la Chine qui veulent avoir plus de place en Afrique. Concernant les visites de Boukadoume en Europe, l’expert précise qu’elle augure de la volonté de l’Algérie à ‘’diversifier’’ ses partenaires stratégiques. «La question du Sahara Occidentale et de la Libye ont certainement dominées les échanges algéro-espagnole ». Il est également question de recouvrir l’argent détourné par des responsables algériens et transféré illicitement vers des banques européennes.
Pour Ismail Debeche professeur en sciences politiques, la tournée de Boukadoum en Europe en particulier en Espagne intervient dans un moment important, «vu qu’il a une divergence de vues concernant le Sahara occidental». L’Espagne a été claire dans ses positions. «Madrid a affirmé que le règlement de la décolonisation du Sahara occidental passe par la légitimité internationale à savoir par l’instance de l’Onu », a-t-il rappelé. Et d’Ajouter : « Plusieurs pays européen dont l’Allemagne, la Suède et la grande Bretagne sont dans la même longueur d’onde avec l’Espagne». Selon notre interlocuteur, l’objectif de cette visite portera également sur la révision des accords Algérie UE sur instruction du président Tebboune. « Les échanges économiques entre l’Algérie et les pays européens dépassent les 40 milliards de dollars annuellement mais profitant beaucoup plus à l’Europe », a-t-il estimé. «Le projet de l’acheminement du gaz nigérian vers l’Espagne et l’Italie en passant par l’Algérie qui trébuche depuis 2002, en raison de l’interférence du Maroc, devra être abordé », selon l’enseignant en sciences politique. L’exploitation des ressources maritimes dont le pétrole et le gaz en Méditerranée, ainsi que le dossier de la migration clandestine est également au cœur de ces rencontres. Son confrère, ElAid Zeghlami souligne qu’il s’agit d’un redéploiement politique et stratégique de l’Algérie en Afrique et en Europe. «En visitant la Zambie, l’Afrique du Sud, le Congo et la Guinée, l’Algérie se tourne vers l’Afrique pour retrouver sa place de leader », a expliqué notre interlocuteur. La tournée de Boukadoum en Europe s’inscrit dans «la perspective de rapprocher les vue entre Alger et certaines capitales européenne à l’instar de Madrid. Il souligne à cet effet, la responsabilité historique de l’Espagne concernant le dossier du Sahara occidental.
Les experts s’accordent à dire que la tournée en Europe sera dominée aussi par des échanges concernant la révision des accords Algéro-EU, qui dans l’ensemble ont profité à l’Europe, qu’à l’Algérie.
Fella Hamici