Pour préserver sa santé, on nous conseille de manger du poisson, seul palliatif à une alimentation saine, pour éloigner le spectre des maladies générées par les viandes rouges notamment. Des conseils assénés, jusqu’au matraquage parfois par nutritionnistes, médecins et publicitaires. Les images nous font lécher les babines, allèchent nos palais et font sortir nos yeux de leur orbite… Car le marché est loin de garantir ce produit hors de prix. Pas même une livre de sardine qui a dépassé ces derniers temps les 1.000 dinars le kilogramme. Arguant que les tempêtes en mer, le mauvais temps et même sa rareté, au point où le premier responsable a déclaré de ne pas acheter la sardine si elle est trop chère. Déclaration prise à témoin sur les réseaux sociaux qui en ont fait des gorges chaudes. En ironisant qu’après le yaourt, la sardine ou en faisant manifester les chats pour dénoncer la cherté de la sardine ! Et dire qu’il fut un temps, et c’est bien de passé simple avec lequel il faut conjuguer aujourd’hui, où c’était l’aliment principal du pauvre, même l’hiver.
Dans les quartiers les charrettes des marchands ambulants sillonnaient les cités en vendant à la criée la sardine qu’on achetait à la queue leu-leu, dans des couscoussiers ou qu’on nous enveloppait dans du papier journal. Et là aussi on ironisait sur le devenir du journal qui finira chez le vendeur de poisson qui s’en servira comme emballage. De plus, on ne vendait jusqu’à une heure raisonnable, dépassé le seuil toléré, les contrôleurs dans les marchés venaient arroser la marchandise de grésil, selon ceux qui ont vécu cette époque-là d’avant et après indépendance, pour éviter d’écouler ce produit qui vire très vite. Aujourd’hui, l’heure ne compte plus et les consommateurs gourmets en achètent sans se demander si le poisson est toujours consommable. On voit ces jeunes avec leurs caisses déposées à même le sol au détour des cités, arrosant souvent avec de l’eau le contenu. Et allez savoir si c’est du frais ou du congelé. Même les plus connaisseurs se trompent. L’anecdote de ce jeune homme qui de passage à la pêcherie s’arrête pour s’approvisionner.
Le marchand refuse de le servir en déclarant que son poisson est congelé, alors que notre consommateur aurait juré que c’était du frais. Et au vendeur d’ajouter, toi t’es un « oulid lebled » (un gars d’Alger), en voilà des arrivistes qui feront l’affaire ! Désignant du doigt deux jeunes femmes qui venaient d’arrêter leur voiture rutilante à proximité de l’étalage ! D’autres commerçants, pêcheurs eux-mêmes, ouvrent des boutiques et travaillent sur commandes avec une clientèle fidèle, celle qui peut se permettre prix et variété, avec une prestation de service adéquate, nettoyage, vidage, et même assaisonnement, s’il vous plaît ! Et quand le produit vient à manquer, sur la vitre on peut lire : ’’ Indisponible pour cause de mauvais temps ‘’. Et dans cette optique du marché, le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi, a mis en avant dimanche dernier à Alger la nécessité de réguler et de contrôler les marchés nationaux de la pêche pour garantir les intérêts de tous les intervenants de la production à la consommation. A bon entendeur !