C’est une initiative culturelle qualifiée d’originale. Elle est signée des animateurs culturels, de conteurs, de clowns, de magiciens et autres artistes de spectacles, acteurs d’associations artistiques locales : « Abwab el fen » de Tlemcen, « Fils des deux frères » de Ghazaouet, « Abdelmoumene Benali » de Nedroma , « Al Badr » de Sabra et « Ibn Châab » de Maghnia. Tout cela émane de la capitale des Zianides. Dans ses quartiers et cités convergent spectacles et animations à bord de « La caravane artistique » mise en branle cette année. La culture s’en est allée vers les populations quand ces dernières ne peuvent aller à la culture. Ainsi en a voulu la pandémie du corona virus installé chez nous depuis mars dernier avec les premiers cas révélés.
D’ailleurs cette caravane est venue apporter un peu de baume au cœur de ceux qui ont vécu et vivent encore confinés, réduits au petit écran et aux réseaux sociaux pour se divertir un tant soit peu. Un stress qui a gagné encore plus ces agglomérations rurales, et ces zones d’ombre vers lesquelles cette caravane n’a pas oublié d’approcher. Et deux en un tout en divertissant ces publics itinérants, les auteurs de ces programmes détente ont mis à profit leur passage pour sensibiliser les riverains à la lutte contre la covid-19 en rappelant les gestes barrières, les règles d’hygiène, des réflexes à adopter pour se prémunir contre tout risque de contamination. Alors au menu de ces spectacles mobiles, de la chanson, de la musique, de l’humour… un amusement pour grands et petits qui ont spontanément adhéré à cette opération au service de la culture. D’ailleurs, un de ses concepteurs, Houari Zitouni, président de l’association “Abwab el fen”, estime qu’il est inconcevable que la culture ne fasse rien dans ces moments difficiles de la pandémie. “Il fallait trouver une idée pour semer la joie et permettre aux gens de continuer à vivre.
De là a germé cette idée de la caravane.’’ Il énumère les moindres lieux écumés pendant cette tournée inédite :“Nous avons sillonné pendant les heures de confinement les cités et les zones d’ombre, grâce, bien entendu, aux facilités accordées par les autorités locales et avec la collaboration efficace du Centre des arts et des expositions de Tlemcen. Nos passages à Remchi, Mezaourou, Ghazaouet, Souhalia, Sebdou, Sabra, Ain Fezza, Chetouane, Nedroma et autres cités du grand groupement urbain de Tlemcen, ont été un grand succès et des moments d’une énorme satisfaction pour tous les artistes”, a-t-il relevé. Le public a en effet répondu présent à chaque spectacle proposé. Des moments inoubliables grâce aux artistes et animateurs volontaires qui ont investis la scène et donné le meilleur d’eux-mêmes.
Quand l’art va vers le public
Une nouvelle expérience où acteurs et comédiens se sont relayés sur une scène montée en plein air pour improviser d’un commun accord comme un seul et même artiste. Ils s’appellent Boussalah Abdelaziz, Mostefaoui Abdelkader, Slimani Abdelkader, Abdellatif Negadi, Houari Zitouni, Mohamed Kebbati, Jennane Walid et Driss Bilel. Ils ont mis en émoi l’assistance venue nombreuse leur donner la réplique en les applaudissant très fort pour leur avoir permis de se divertir en faisant pénétrer un peu de joie dans leur cœur, autour de ce théâtre de rue dans lequel ils ont mis toute la verve de leur talent. Une première enrichissante et instructive que cette scène de rue eux qui ont toujours fait des représentations dans une salle de théâtre, de spectacles, et autres centres culturels, maison de jeunes.
A cette tradition balayée l’espace d’une tournée, ces comédiens se sont dits satisfaits d’avoir pu se faire à cette nouvelle manière de jouer. Loin des projecteurs, des décors scéniques, entre jeux et lumière “Avec seulement une sonorisation et des costumes de clown, nous assurions nos spectacles devant des spectateurs ébahis et captivés. Même les balcons et les fenêtres des maisons étaient bondés de personnes des deux sexes et de tous les âges. C’était une expérience unique en son genre”, confie Abdelkader Mostefaoui, animateur et comédien de Tlemcen. Et d’enchaîner sur la nécessité de réfléchir à présent à multiplier ce genre de représentations et de spectacles itinérants qui vont vers le public auquel les activités culturels ne sont pas accessibles et ce, pour le bien-être de la vie culturelle qui manque tant en temps ordinaire et qui est restée absente une année durant maintenant. Et enfin ces villages et ces lieux-dits pourraient avoir leur part de ces actions artistiques, une manière de participer à un meilleur cadre de vie, une amélioration des conditions de leurs habitants dont l’épanouissement passe par ces actions au service de la culture.
Une manière de faire qui est venue atténuer les appréhensions de Negadi Abdellatif, à la longue expérience dans le théâtre pour enfants. D’autant que le public ciblé a eu du répondant, notamment les enfants contraints de rester chez eux après la fermeture des écoles. Il confie en substance : “Aller à la rencontre du public, chez lui, pour lui présenter des spectacles en pleine rue est une expérience enrichissante pour tous les comédiens”, a-t-il affirmé, assurant que grâce à ce succès, d’autres spectacles de rue sont à prévoir”. Et il n’est pas le seul, c’est le vœu de toute cette assemblée artistique qui s’est ébranlée vers le Tlemcen profond où le public est aussi pleinement conquis et ne souhaite qu’une seule chose : avoir sa part du spectacle et se sentir pleinement vivant, plus encore en ces jours de crise sanitaire. Ainsi soit-il !