A chacune de ses prestations, Hamidou ne peut que faire salle comble. Combien de fois les organisateurs ne se sont-ils pas vus confrontés à un manque inattendu de places devant l’afflux particulier que drainent les concerts de ce jeune premier, cet artiste accompli du hawzi. Mais pas que, Hamidou sait y faire dans bien d’autres genres.
Sur les réseaux sociaux, il est omniprésent. Surtout pendant le confinement où il s’est filmé en train de chanter dans son véhicule. Aussi bien dans des reprises authentiquement algériennes que dans des œuvres étrangères, jazzy pour la plupart. L’artiste a aussi témoigné sur les ondes de la radio nationale, pour la chaine III, à l’émission Culturellement vôtre animée par Linda Tamadrari, sur sa contamination. Pourtant ce n’est pas lui qui va ignorer les mesures barrières. Mais il suppose que c’est lors d’un petit diner concocté par un groupe d’amis qu’il a dû contracter la Covid-19. Il raconte qu’au début il pensait à une indigestion ou une intoxication ; puis les symptômes se sont avérés plus persistants dont la fièvre qui ne voulait pas tomber. Et plus encore avec cette gêne respiratoire à presque l’étouffement. Là il décide de consulter et il sera hospitalisé. En convalescence, il se dit el hamdouliallah, il est tiré d’affaire. Et de sensibiliser autour de cette maladie qui est loin d’être anodine. Lui, en connaît un bout et fait autour de lui de la sensibilisation à tout-va. Quant à sa carrière, il en parle avec toujours ce même bonheur d’apporter de la joie dans le cœur des mélomanes et de ses fans.
Un public auquel il rend hommage, lui qui le soutient, l’applaudit, acquiert ses produits, le suit partout et toujours en grand nombre. A ne plus pouvoir contenir souvent les fauteuils des salles où il se produit, tant aux quatre coins de l’Algérie qu’à l’étranger. Et le secret, demeure le travail, le respect du public et la passion pour un art auquel il est reconnaissant tout comme il l’est pour ses admirateurs qui ne se comptent plus. Au souvenir des strapontins qu’on se dispute pour suivre ses concerts, Hamidou demeure une idole, la coqueluche des soirées hommages, des rencontres musicales et des animations en tout genre, concoctées par les établissements culturels à travers le pays, auxquels il répond toujours présent. Et alors s’en suivent les bousculades au portillon. Quand tout le monde prend place, avec même des chaises installées en plus pour satisfaire les retardataires, ou le trop- plein de mélomanes, les projecteurs peuvent enfin s’éteindre et la musique jusque-là en sourdine s’estompe pour laisser place à l’intro puisée dans le terroir oranais avec des mélodies de Ahmed Wahbi, et kabyle avec des notes connues de Lounis Ait Menguellet. Silence religieux. On ne voit que les lumières des portables enclenchés pour immortaliser le moindre instant de ces retrouvailles toujours aussi heureuses entre un artiste et son public.
Enfin voici venir l’heure de l’entame de l’orchestre qui prend place pour enclencher de facto l’inconditionnelle touchia pour une entrée en matière au concert. Qui annonce à tous les coups, une belle soirée en perspective. Cela va s’avérer vrai tout au long des près généralement de deux heures pendant lesquelles l’artiste s’adonne au plaisir évident de chanter. Avec volupté. Dans un cocktail savamment orchestré, détonnant, au mélange naturellement fait de chaabi, hawzi, kabyle… Rythmes et cadences d’un registre à l’autre qu’il interprète avec joie car, il ne peut s’empêcher en direction de la salle. : « J’aime faire la fête ! n’ahab el qaadat, j’aime l’Algérie, je suis fier de ma Kabylie… amazigh, je suis… » (…) « t’hab taaraf chkun ana ? ana wlida azzeffoun, adhrar ou zitoun », un clin d’œil à la région qui a enfanté des dizaines d’artistes… » Le souvenir vivace d’un de ses concerts au complexe Laadi Fici, en cet avril printanier de l’année 2008.
Hamidou, son orchestre et son public et rien d’autre. L’artiste, look d’un parfait gentleman, tout sourire est visiblement heureux de retrouver ses fans, comme toujours, salue bien bas et s’installe à son pupitre. Il se saisit de sa guitare et en gratte les cordes dans les premières notes. Cette fois-ci c’est bien parti au grand bonheur de l’assistance qui est toute ouïe, toute oreille. Suite de touchia et il est entonné, un classique auquel il a habitué l’assistance au cours de ses prestations. « Allah allah, wach dani n’aachaq » (Mon Dieu pourquoi fut-il que j’aime ? ». Une langoureuse complainte d’amour, suivie de l’imploration de l’être aimé « Abi El Ayoun » qui finit dans une confidence plaintive « Harmat bik nouaassi ». Un peu plus rythmée que le prélude. L’artiste comble ses fans qui sont à leur tour comblés. Les registres s’emballent, les hommages aux chyoukhs se suivent. Hamidou n’en finit pas de répondre à son public en exécutant ses moindres caprices avant de leur servir en cérémonial l’inconditionnel « bqa ala khir »… Tonnerre d’applaudissements. Emotion plurielle.