Jijel. Une belle contrée nichée entre la montagne et la mer. Une ville côtière courtisée pour son imprenable paysage qui ne ressemble à nulle par ailleurs en Algérie. Une singularité touristique qui mène loin dans le temps, au passé pittoresque. Car au présent peu ou plus d’atouts patrimoniaux jadis fierté de cette wilaya qui pourrait le redevenir pour peu qu’on y attache plus d’intérêt, plus d’importance.
C’est le constat affligeant fait par la communauté archéologue dépassée aujourd’hui par ce délaissement flagrant qui ronge la capitale des Kotamas. L’histoire piétinée au gré du passage du temps et par l’indifférence de l’homme. En fait, ce sont les sites archéologiques recensés au nombre de 25 dans cette région et pas des moindres qui font les frais depuis des années de cette négligence à ciel ouvert. Ni autorités locales, ni gens de la science, ni citoyens ne prêtent attention à la dégradation flagrante que subissent ces vestiges.
Le cri d’alarme des spécialistes qui, mains liées, n’arrivent pas à faire changer cette situation ni encore se faire entendre. Pourtant, dans un passé récent, il a été question que le ministère de la Culture a été approché par les responsables du bureau local de la protection du patrimoine pour lancer les fouilles et éventuellement procéder aux classements de ces monuments. Ces derniers sont essaimés un peu partout dans Jijel, encore une particularité dont elle recèle.
Une richesse inhérente à la présence de plusieurs civilisations. Igligli cette cité bimillénaire possède entre autres sites inventoriés celui d’Errabta (Ex-pointe noire), situé au cœur de la ville, le plus connu et qui renferme des tombes puniques classées au patrimoine national. Cet inventaire additif concerne aussi trois autres sites : Tissilil (Settara), Chobae et Taza qui se trouvent dans Ziama Mansouriah. Sur ces vestiges, il a été porté un regard protecteur puisqu’il devait y avoir des aménagements pour leur mise en valeur et en faire aussi une attraction touristique. Mais depuis bien de l’eau a coulé sous les ponts.
Le Jijel patrimonial est semble-t-il tombé dans la désuétude totale. Rien ne vient conforter cette diversité archéologique pour la mettre en relief et témoigner de ce passé historique glorieux qui particularise Jijel. Tout est à l’abandon, détruit, disparu. Les archéologues sont à labours mais leur intervention est restée lettre morte. Sans écho puisque aujourd’hui, l’état des lieux est peu reluisant et pourtant la célébration du mois du patrimoine, est passé aussi par Jijel chaque année à la même période 18 avril- 8 mai. Sans suite. Sans effet escompté pour faire bouger les choses. Dans ces agglomérations et mechtas de Jijel qui se font éparpiller ces vestiges, ce musée Kotama qui fait découvrir des restes de la grande histoire de la région enfouie mais pas que, plutôt écrasée sous des amas de béton parce qu’on y a construit sans égard, on a érigé sans faire cas du sol qui renferme tant de vestiges que la loi ne protège pas.
L’état déplorable dans lequel se trouvent ces monuments livrés aux aléas de la nature, à la méconnaissance ou à l’ignorance du citoyen, peu sensibilisé ou pas du tout sur l’importance de sauvegarder cette mémoire collective qui appartient à tout le pays et pas rien qu’à une région. Pourtant ce ne sont pas les textes de lois qui manquent ou la réglementation qui serait absente. Non ! La mise en oeuvre de cet arsenal juridique est inexistante elle, par contre. Jugez-en : sur les pas moins de 20.000 tombes puniques qui recouvrent les terres de Jijel, il en reste à peine une vingtaine. Parole d’archéologues. Et de préconiser de concentrer avec les gens du métier, les spécialistes, et la tutelle de se pencher dans une extrême urgence pour élaborer une feuille de route scientifique à même de prendre en charge ce trésor patrimonial et protéger ce qui est encore possible de l’être. Difficile entreprise lorsque le béton a déjà dévoré ces monuments témoins d’un autre temps, d’un passé civilisationnel d’une ville qui a tant vécu et connu en invasions.
Alors une belle découverte que ces sites historiques et archéologiques que sont Chobae Municipium & Ziam ; Aïn Tissillil, ruine au sud-est d’El MiliaLes ruines de Aïn Tissillil, au sud de la commune de Settara, daïra d’El Milia ; .Béni Yadjis: Béni Yadjis, véritable musée à ciel ouvert au coeur du Tamesguida. La localité des Béni Yadjis et de Djimla sa voisine ; Bida [Erraguène, Une virée à Bida au sud d’Erraguène (40 km S-O de Jijel) ; Le Mégalithe d’El Aroussa (Hadjrat Laroussa) et vestiges romains à Béni F’tah. Monument protohistorique à la signification diversement interprétée. Et là où il est question de préservation et de conservation, c’est un cri dans le désert.