Bahas, de son prénom Mohamed, est ce musicien, doublé d’un homme de culture qui aujourd’hui n’arrive plus à subvenir à ses propres moyens. Dans le dénuement total, il est oublié du monde de l’art, lui l’artiste généreux, le mâalem gnaoui, est aujourd’hui sans ressources et eu égard à la crise sanitaire actuelle, il est confiné chez lui depuis près de six mois.
Le fils de Blida, précisément de Douirette, de par cette situation pandémique, ne touche pas même cette aide financière octroyée aux artistes. Bahas plie sous le poids du patrimoine qu’il porte depuis bien longtemps déjà. Il parle dans ses souvenirs de ce train culturel dont il a eu le suprême honneur de donner le départ pour sillonner le pays. Nous sommes en 1964. Il y a avait à bord de grands noms de la culture algérienne, il cite parmi eux les regrettés Hadj M’hamed El Anka, Fatiha Berbère, Mohamed Lamari. Lui a basculé vers le gnaoui, une musique qu’il porte haut. Dont il clame la beauté, la spiritualité, la mélodie, la richesse.
Ce grand percussionniste a une autre corde à son arc. N’est-ce pas lui qui a signé toutes les percussions dans «La Bataille d’Alger », de Gillo Pontcorvo. Le griot national du gnoui pourrait pourtant encore tant donner, n’était cette situation précaire dans laquelle il se trouve et à laquelle il est réduit.