L’ancien contrôleur aérien qu’était Bouzid Boumezoued a un jour dévié de sa trajectoire pour mettre le cap sur l’écriture. Sans doute inspiré par ses montagnes de Kabylie natale, la capitale de la Soummam, dans Souk El Tenin, en 1953.
Il a vite dévié son regard du ciel pour le poser sur des pages blanches qu’il s’est mis à noircir, pour débuter une nouvelle passion. Et d’elle est né son premier écrit en 2015. Puis cet auteur d’expression française continue sur sa lancée pour sortir « Les aventures en héritage », avant de revenir à ses premières amours et donner à lire Ciel d’Algérie, épopée de l’aviation de loisirs. Ces deux titres ont été édités par Edilivre en octobre 2016.
Puis prenant goût à cet exercice fastidieux mais sans doute agréable, Boumezoued finira par publier plusieurs romans. Dont « A l’ombre d’une chapelle », édité à compte d’auteur, en 2018. La même année, il lui est publié « La princesse de Patones de Ariba, » par Edilivre toujours. Cet auteur dans toute cette panoplie de titre a cependant une préférence va inconditionnellement vers « Mémoires de guerre d’un combattant kabyle, de la Seconde Guerre mondiale à la guerre d’Algérie » sorti chez l’Harmattan en janvier 2017. Le personnage principal de cet essai s’inspire de la vie de son père, enrôlé dans les troupes envoyées combattre les nazis. Il a été aussi commissaire politique FLN/ALN de 1955 à 1962 dans la région d’Aït Smaïl.
Le père de Bouzid, s’étant rebellé contre la prise de pouvoir par Boumediene, ce qui lui a valu d’être torturé à l’époque. Et la révolte de Bouzid qui conte ces péripéties, lui fait exprimer avec des mots ce ressenti vécu à travers l’humiliation infligée à son père. Des mots aigres et crus aident le romancier à exorciser ses ressentiments et sa rancœur. Mais aussi à rendre hommage en recourant à des témoignages authentiques à ceux qui ont subit les affronts à en perdre la vie. Bouzid les venge en les ressuscitant dans ses écrits dédiés à un pan de l’histoire de l’Algérie.
Une réhabilitation qu’il juge nécessaire et urgente. Dans le même contexte, Boumezouad s’en va titiller la mémoire et remonte aux massacres du 8 mai 1945. Il y retrace les événements vécus dans la vallée d’Agrioune, à Kherrata, Melbou. Il évoque la révolte des habitants du village d’Aït Idriss qui ont barré en ce mai 45 la route aux convois militaires français. Les représailles ne se sont pas fait attendre. Les paysans de la contrée ont tués et leurs corps précipité dans les gorges de Kherrata, en guise d’avertissements. Bouzid n’omet pas de parler de ces villageois martyrisés dans les années 50, lors du passage des «Tunisiens» dans la région, six villageois furent exécutés par ces derniers à la source de Kefrida. Il est noté dans une présentation succinte de l’auteur et de ses écrits, notamment ceux liés à l’histoire que « L’ancien chef de la Harka 303, ravitaillait discrètement les moudjahidine en munitions, car ils avaient combattu ensemble dans les rangs du Corps d’Afrique du Nord de 1939 à 1945 ». Il est à souligné que le père, Saâdi Bouzid, avait des affinités avec Akli Djadja, ancien maire de Taskriout à partir de 1959 et assassiné en 1962. Par ailleurs, l’auteur n’oublie pas de rendre hommage aux Pères Blancs de Bordj Mira, qu’il a côtoyés dans son enfance et dont il garde de bons souvenirs liés à leur aide et assistance aux habitants de la région. Il parle avec respect de la majorité des enseignants français qui ont su dispenser sincèrement un enseignement de qualité aux Algériens de l’époque. Bouzid Boumezoued ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
La mémoire, dit-il, doit être sauvegardée pour les générations à venir. Pour sa part, il confie ses écrits à ses petits-enfants qui un jour pourront jouir de toute contribution à l’écriture de l’histoire avec encore des zones d’ombre à explorer ce passé qui n’a pas livré tous ses secrets. Peut-être serait-ce alors à aller de l’avant pour poursuivre cette quête de la vérité. Bouzid Boumezoued, qui a des manuscrits en chantier, tient à se faire le relais de ceux qui ont à dire et à révéler pour mieux comprendre ce qui s’est passé afin de vivre notre présent et appréhender notre avenir.