Près de dix millions de mines, qu’elles soient antipersonnel ou antichar, restent enfouies dans le sable brûlant du désert saharien, tout au long de l’imposant «mur de la honte» – ou «mur des sables» – érigé par le Maroc dans les années 1980. Cette barrière, longue de 2.700 kilomètres, avait pour objectif de diviser le peuple sahraoui et d’empêcher son retour sur ses terres, le Sahara occidental, comme l’a rapporté le quotidien français «L’Humanité», qui a rencontré une jeune Sahraouie, volontaire pour les missions de déminage.
Ce que décrit Zuenuha avec un calme implacable pourrait pourtant glacer le sang. Des millions de mines, dont une grande variété – antipersonnel ou antichar – sont dispersées dans le sable du désert, le long du tristement célèbre mur. Ce dernier, construit dans les années 1980 par le Maroc pour séparer le peuple sahraoui et verrouiller l’accès à leur territoire, le Sahara occidental, fait figure de symbole de l’oppression.
«L’Humanité», dans un portrait de la jeune Zuenuha Cheikh Ali, cite Taleb Haider, directeur du Bureau sahraoui de coordination et d’action contre les mines : «Ces mines proviennent de 14 pays différents, et il en existe 72 types. Elles représentent la troisième plus grande quantité au monde, après le Laos et l’Afghanistan.»
Le journal rappelle également que ce bureau est responsable de la formation des volontaires, en collaboration avec l’ONU et des ONG, et de l’envoi d’équipes pour des missions périlleuses. Ces missions se sont intensifiées depuis la reprise du conflit armé en 2020 entre le Front Polisario et le Maroc, ce dernier ayant désormais recours à des drones meurtriers.
«Depuis la reprise des hostilités, au moins 127 civils sahraouis ont perdu la vie, tués par des drones, principalement fournis par l’entité sioniste», précise «L’Humanité». De ce fait, les missions de déminage sont devenues de plus en plus rares. Plusieurs ONG, confrontées à la dangerosité de la situation, ont suspendu leurs actions pour préserver la sécurité de leur personnel.
Aujourd’hui, Zuenuha n’a pas repris ses missions de déminage, mais elle reste prête : «C’est très dangereux, surtout avec la guerre, mais dès qu’il y aura une campagne, je serai là. En 2018, quand je suis partie, j’avais un bébé de quelques mois. Je ne savais pas si je reviendrais», confie-t-elle.
Comme de nombreux Sahraouis, la jeune femme, qui vit dans les camps de réfugiés sahraouis, a choisi de s’engager dans ces missions de déminage par «devoir national», mais aussi à cause de son histoire familiale.
Pour Zuenuha, cet engagement est naturel : «C’est d’abord un devoir national, pour participer à débarrasser notre terre des mines», explique-t-elle. Mais l’histoire personnelle de la jeune femme ajoute une dimension plus poignante à son engagement : son père, comme près de 6.000 autres Sahraouis, a été victime de ces mines. «Il a été blessé en 1985, pendant la Première Guerre, et a dû être amputé», raconte-t-elle avec émotion.