L’Algérie, un pays aux ressources en eau limitées et sujet à la sécheresse, a développé une stratégie ambitieuse pour assurer sa sécurité hydrique. Des efforts colossaux visent, à garantir une gestion durable et sécurisée des ressources en eau, pour répondre aux besoins actuels et futurs de la population algérienne.
Pour atteindre cet objectif stratégique, les pouvoirs publics continuent de consentir d’importants efforts, pour faire face à la sécheresse et au stress hydrique, engendrés par la faiblesse de la pluviométrie due aux changements climatiques.
Ce qu’il faut savoir, par ailleurs, c’est qu’en raison de l’accélération du changement climatique, le Gouvernement aborde avec une attention accrue, la problématique de la disponibilité de l’eau, qui représente, aujourd’hui plus que jamais, un défi d’une ampleur sans précédent. Face à cette urgence, l’action gouvernementale s’engage de plus en plus, dans la voie de la durabilité afin de chercher des solutions à une crise, qui risque de s’aggraver inexorablement, sans des mesures décisives.
De plus, selon des experts en la matière, en Algérie, de par sa situation géographique et l’engagement des pouvoirs publics à faire de cette question stratégique la priorité des priorités, le citoyen, autrefois aux prises aux pérennes coupures d’eau, verra cette donne rentrer dans l’ordre, dans un proche avenir.
Ratisser large et capter toutes les ressources hydriques existantes
Contacté à ce sujet jeudi dernier, Brahim Mouhouche, expert en économie et néanmoins professeur en sécurité alimentaire et hydrique, a bien voulu éclairer la lanterne de nos lecteurs, en insistant sur «l’importance de la diversification des modes de production d’eau, pour assurer la sécurité hydrique, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune».
«Il faut ratisser large et capter toutes les ressources hydriques existantes», nous a-t-il affirmé, en soulignant que «les ressources conventionnelles sont à la limite de leur utilisation». Aussi, pour notre interlocuteur, qui cite notamment la récupération des eaux de pluies, «nous avons beaucoup d’eau dans le Sud du pays qu’il faut utiliser, malgré les difficultés».
Aussi, comme autre solution pour arriver à une véritable sécurité hydrique en Algérie, notre interlocuteur a cité le dessalement de l’eau de mer qui produit actuellement, plus de 2,5 millions de mètres cubes d’eau par jour, soit 30% de notre consommation en alimentation en eau potable.
Ne pas écarter l’exploitation de manière plus efficiente, des eaux usées
Interrogé sur la possibilité d’exploiter les eaux usées, l’expert en sécurité hydrique, Brahim Mouhouche, nous a répondu : «En effet, il ne faut pas écarter l’exploitation de manière plus efficiente des eaux usées, car nous disposons d’un potentiel énorme, estimé de plus de 1,5 milliard de mètres cubes, de rejet qui peuvent être réutilisés».
«Le recyclage des eaux usées et des eaux de drainage, est très important, mais, malheureusement jusqu’à présent, on utilise 5 à 10 % de ces eaux, ce qui reste négligeable», a-t-il déploré. «Le président de la République a adopté une vision prospective, pour relever les défis du développement durable et de la sécurité pour la population, en assurant la mobilisation de l’eau potable, sa distribution équitable et équilibrée, et sa disponibilité, pour les activités agricoles et industrielles, à travers les stations de dessalement d’eau de mer, dans les régions du Nord et les projets de transferts d’eau, dans le Sud», a-t-il mis en exergue.
«Face à l’augmentation de la consommation, l’accroissement de la pollution et le changement climatique, l’état d’urgence hydrique est caractérisé, par la montée d’une concurrence de plus en plus vive, voire de véritables conflits, dans certaines régions, du Continent africain», a-t-il souligné.
L’Algérie maîtrise parfaitement, la technologie de dessalement de l’eau de mer
Pour notre interlocuteur, «l’Algérie, mue par sa volonté d’aller très vite vers la sécurité, a opté pour l’alternative la plus efficace et la plus écologique, sur le plan approvisionnement à travers la concrétisation du plan stratégique de dessalement de l’eau de mer. L’Algérie maîtrise parfaitement, cette technologie de pointe, ce qui lui a permis d’occuper la première place en Afrique, et la troisième, dans le monde arabe».
Pour Brahim Mouhouche, «l’objectif du Gouvernement est de renforcer la sécurité hydrique du pays, en augmentant le quota de l’eau dessalée, à 60% du taux global d’alimentation en eau potable, à l’horizon 2030. Le président de la République a souligné par ailleurs, la nécessité d’assurer la distribution continue et rationnelle de l’eau, face à la fluctuation pluviométrique, aux niveaux national et international, et de revoir les plans de gestion de la distribution d’eau, de manière à assurer une distribution équitable, entre les quartiers et selon un calendrier raisonnable».
La sécurité hydrique relève de la sécurité nationale
Pour sa part, Abderrahmane Hadef, un autre économiste pour qui la question de «la sécurité hydrique, relève de la sécurité nationale», n’a pas manqué de préciser, que «l’Algérie avance à pas constants, vers l’atteinte de l’objectif de la sécurité hydrique, à travers une stratégie et un programme de réalisation, de diverses infrastructures hydrauliques».
Et de rappeler à ce sujet, que «l’Algérie a connu en 2021, un problème de déficit hydrique, suite à un manque de pluviométrie prolongé, et accentué par les phénomènes du changement climatique. Afin de contrecarrer ce problème, les pouvoirs publics ont pris des dispositions drastiques, pour une gestion rationnelle, raisonnée et durable, des ressources en eau, sous toutes leurs formes : souterraines et de surface, conventionnelles et non conventionnelles, renouvelables et non renouvelables».
Plus réaliste, notre interlocuteur est allé plus loin dans son argumentaire en faisant savoir, qu’«afin de contrecarrer cette situation de dépendance hydrique, les principales mesures d’urgence prises par les pouvoirs publics, durant ces trois dernières années, ont consisté à mobiliser le maximum de ressources en eau, sous leurs différentes formes souterraines et de surface, conventionnelles et non conventionnelles».
A l’horizon 2030, le taux de couverture des besoins dépassera les 70 %
Et d’expliquer la démarche en affirmant, que «cela s’est traduit par des programmes très importants de construction de barrages, de forages, d’infrastructures de transfert d’eau vers les régions déficitaires, et de stations de dessalement de l’eau de mer et de déminéralisation de grande capacité, ainsi que la redynamisation de plus de 200 stations d’épuration des eaux de rejet, qui permettent, non seulement la réutilisation des eaux épurées, mais aussi de protéger la biodiversité. Concernant le secteur de l’agriculture, gros consommateur d’eau, afin de valoriser les ressources hydriques souterraines du Grand Sud, des orientations claires, ont été données pour le développement de l’agriculture saharienne, particulièrement pour les cultures stratégiques de céréales, d’hiver et d’été, et les cultures industrielles».
«Le programme de construction des stations de dessalement de l’eau de mer et de déminéralisation, est prévu pour combler le déficit en eau potable des 14 wilayas côtières, jusqu’à une profondeur de 150 km, à l’intérieur du pays. Actuellement, avec l’achèvement du programme complémentaire des stations en réalisation, le taux de couverture des besoins en eau potable atteindra les 40 %, avec une production de 2,6 millions de mètres cubes par jour, pour 6 millions d’habitants», nous a indiqué notre interlocuteur.
«A l’horizon 2030, le taux de couverture des besoins, devra dépassera les 70 %. Il faut signaler qu’actuellement, l’activité de dessalement et de déminéralisation, est totalement prise en charge par les cadres algériens, de la phase d’étude à la phase de réalisation, d’entretien et de gestion des infrastructures, de dessalement et de déminéralisation. De plus, les Universités algériennes prennent en charge, la formation des cadres spécialisés dans la désalinisation», a-t-il ajouté, en guise de conclusion.