Mohamed Touri, l’un des plus grands comiques de l’histoire de l’Algérie, a tiré sa révérence en avril 1959 alors qu’il n’avait que 45 ans. Une immense perte pour le théâtre révolutionnaire algérien dont le sketch Bkhour ya bkhour est l’un des plus célèbres car la télévision le repasse en certaines occasions. En effet, le natif de la ville des Roses, Blida, avait toutes les qualités d’artiste et le don de faire rire son entourage.
Sa grande taille, ses longs bras et son don de l’improvisation ont fait de lui l’un des artistes les plus aimés de son époque. Le regretté figure parmi les plus grands comédiens burlesques algériens, doublé d’un révolutionnaire, rendu célèbre au siècle dernier grâce à ses œuvres impérissables qui ont fait rire les Algériens à une époque où ces derniers souffraient de la cruauté et de l’injustice des colonialistes français, lit-on dans un livret publié par la famille de l’artiste. En dépit de sa mort à seulement 45 ans, un âge où il avait encore tant à donner à l’Algérie et à l’art en général, Mohamed Touri a réussi à laisser un legs des plus prolifiques à la comédie sociale et au théâtre comique algérien.
II est à souligner que cet artiste aux multiples facettes est né à Blida le 9 novembre 1914 au sein d’une famille modeste. Il a appris le Coran à l’école El-Houda de sa ville natale, au même titre que la langue arabe, avant de rejoindre El Madrassa El Houra (l’école Libre) de l’Association des oulémas algériens à Constantine, où il s’imprégna des valeurs du nationalisme et du patriotisme, qui ont marqué son parcours artistique. Mohamed Touri retourna à Blida en 1928. Il adhéra alors à la troupe théâtrale des scouts Amel Blida, fondée par le militant Moussa Khedioui, également père fondateur dans la région de toutes les associations culturelles et sportives du début du siècle dernier. Il rejoignit par la suite la troupe de l’association El-Hayat, dirigée par le maître de la musique andalouse Mohieddine Lekhal. C’est là qu’il rencontra de nombreux artistes célèbres, dont Dahmane Benachour et Ben Kerkoura.
Ainsi, Mohamed Touri a légué pour la postérité un riche palmarès englobant des chansons comiques, dont les célèbres Ana mellit (je suis blasé), Flouss, flouss (l’argent, l’argent) et Hadi hiya essamba, (c’est ça la samba), toutes apprises par cœur par les Algériens à l’époque. A cela s’ajoutent des films comiques, dont Maârouf el iskafi (Maârouf le cordonnier), El Kilo (le soulard) et Fel Kahoua (au café), dont la popularité est toujours intacte. Ces oeuvres toutes conservés dans les archives de la Télévision algérienne avec possibilité de leur visionnage via des réseaux sur la toile.
Le théâtre de la ville de Blida porte le nom de Mohamed Touri en hommage à ce grand artiste. De nombreuses associations culturelles fondent de grands espoirs sur le rétablissement de la renommée de cet établissement culturel afin de permettre l’émergence de nouveaux talents en herbe dans le 4e art.