En Algérie, la gestion des déchets préoccupe. Si la quantité des déchets ménagers est estimée à 34 millions de tonnes, dont 50% de déchets organiques pouvant être recyclés, la nécessité d’une gestion intégrée et d’une politique de traitement efficace s’avère une priorité, au regard de leurs risques sur l’environnement et surtout eu égard à leur valeur marchande au niveau national qui s’élèverait quelques 100 milliards DA, selon les estimations de l’Agence nationale des déchets
(AND)
Les pouvoirs publics, soucieux de rentabiliser cette «mine d’or… dure» en la prenant en charge de manière efficiente, ont arrêté , par le biais du ministère de l’Environnement, une stratégie nationale de gestion intégrée des déchets à l’horizon 2035, s’appuyant sur le tri sélectif, ainsi que le renforcement du rôle du secteur privé à travers un partenariat public-privé, afin d’encourager les jeunes à investir dans ce créneau.
Elle repose sur plusieurs axes, dont la réduction de la production des déchets ménagers, la mise en place progressive des mécanismes de tri sélectif en commençant par les grandes villes dans un premier temps, la poursuite de l’effort d’élimination des décharges sauvages jusqu’à leur éradication définitive, l’application du principe «pollueur-payeur» et l’adaptation graduelle des taxes en vue d’assurer le recouvrement des coûts des services relatifs à la gestion des déchets.
Mettant le paquet, le gouvernement algérien compte, selon l’AND, allouer 33 milliards de dinars (plus de 209,2 millions d’euros) à la ville d’Alger. Ceci, selon la même source, servira à la réalisation d’installations de gestion des déchets dans la capitale. Une expérience appelée à être généralisée selon les résultats atteints
Un autre facteur, et pas des moindres, a trait à la création de milliers d’emplois. En effet, une étude réalisée par l’Agence nationale des déchets (AND), souligne que «les déchets ménagers issus des bouteilles des boissons gazeuses et des eaux minérales représentent 4% des déchets ménagers, soit 470.000 tonnes/an, et la valorisation de ce type de plastique pourrait créer 7.600 postes d’emploi directs/an».
La gestion des déchets coûte plus de 58 milliards DA au Trésor public
Par ailleurs, sachant que les dépenses de gestion des déchets au niveau des CET coûtent quelque 58 milliards DA au Trésor public, cette opportunité économique et environnementale doit être saisie avec conviction.
Contacté par nos soins, l’expert en économie, Abdelkader Slimani qui considère que ce dossier aux multiples avantages aussi bien pour l’économie nationale que pour tous ceux intéressés d’investir dans ce domaine, est «sérieusement pris en charge par les collectivités locales, sous l’autorité du ministère de l’Environnement, afin d’adopter une gestion plus organisationnelle basée sur la planification dans la perspective d’améliorer la performance de la gestion des déchets qui est devenue une ressource économique importante».
Un violet coûteux pour les collectivités locales mais très rentables pour les opérateurs qui y activent
A cet effet, selon notre interlocuteur, «il a été recensé plus de 14.000 PME activant dans le secteur de la gestion et du traitement des déchets», a-t-il affirmé convaincu qu’il est que «la gestion des déchets est très coûteuse pour la collectivité et rentable pour les opérateurs qui y activent».
Et de nous citer le cas d’un opérateur privé qui a proposé un système intégré : «Grâce à une puce installée dans les bacs à ordure, le gestionnaire est informé à temps quand le bac est plein, comme il pourra mesurer à distance la charge que transporte chaque camion-benne».
C’est dire que, selon Abdelkader Slimani, «cette opportunité économique pour le pays, est également une aubaine pour les jeunes créateurs d’entreprises et les porteurs de projets sous la formé de start-up, pour investir ce segment et participer ainsi au grand projet de redressement de l’économie nationale».
«Seuls 10 % de tonnes de déchets sont recyclés annuellement»
De plus, il va sans dire, selon Slimani, que «la gestion des déchets en général et de l’économie circulaire en particulier retiennent fortement l’attention du gouvernement en raison des revenus supplémentaires que ce domaine génère en dehors des hydrocarbures, outre la création des opportunités d’emploi».
Une opportunité pour les start-up et les porteurs de projets de s’y investir
Pour Abdelkader Slimani, «le fort engouement crée par l’accompagnement par l’Etat aux start-up devrait réserver une bonne place à ce secteur du traitement des déchets et leur recyclage en Algérie. Et de nous révéler que le taux de recyclage des déchets ménagers qui n’a pas dépassé les 10% sur l’ensemble des déchets collectés».
Il nous a été donné d’apprendre, selon les chiffres fournis par l’AND, que la quantité de déchets ménagers recyclés en 2021 s’élève à près de 1,3 million de tonnes (un peu moins de 10 %) . Une quantité jugée «très faible» par Slimani qui a rassuré que «la volonté politique à promouvoir une gestion saine et intégrée des déchets a été affichée».
Mieux que ça: Selon notre interlocuteur, «la gestion des déchets et leur recyclage constitue un des principaux défis auxquels les pouvoirs publics sont confrontés en permanence, car l’accroissement des quantités de déchets dû à la forte expansion démographique, à la croissance des activités économiques et à l’urbanisation rapide pose de sérieux problèmes environnementaux, sanitaires et financiers».
Une opportunité à «saisir au vol» par les jeunes entrepreneurs
A l’heure où la politique gouvernementale s’oriente vers le redressement de l’économie nationale et la baisse des importations, «prendre en charge ce volet avec toute la détermination nécessaire pourrait jouer un rôle prépondérant en limitant l’importation de papier pour toute sortes d’emballages, grâce au recyclage des déchets dits “secs”», préconise Abdelkader Slimani qui a conclu par «l’exploit réalisé par un couple d’Algériens établis en Italie qui a décidé de rentrer au pays et d’investir dans la récupération des huiles usages ( restaurants, gargote, cités universitaires…) pour en faire, après recyclage, du savon, et des produits entretien».
Des projets de ce genre sont à encourager de manière à faire tache d’huile et de permettre ainsi un rationnel recyclage des déchets et une opportunité de choix pour les start-up pour faire valoir leurs compétences. Et quand ces derniers jouissent de l’aide et l’assistance multidimensionnelle de l’Etat, investir dans ce domaine créateur de richesse et de postes tes d’emplois devient devrait connaître une concurrence positive et enrichissante sur tous les plans.
«Une opportunité à saisir au vol par tous ceux qui désirent investir dans ce domaine», selon Abdelkader Slimani. Et les avantages sont innombrables aussi bien pour les jeunes investisseurs que pour l’économie nationale qui, devrait cette année, être celle du redressement, conformément aux orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.